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membres du Congrès sur les résultats fructueux donnés par le petit séminaire de Pont-Croix, où des cours d'archéologie ont été établis.

M. l'abbé Luco, comme complément à ce qui vient d'être dit, résume la vie et les travaux du regretté M. Miln; il parle surtout du résultat de ses fouilles aux Bosséno et à Kermario.

Le deuxième volume des travaux de M. Miln vient d'être mis en vente, et M. Robert Miln, voulant témoigner sa reconnaissance aux membres de la Société française d'Archéologie, a tenu, malgré les frais considérables nécessités par cette publication, à mettre cette œuvre dans les conditions les plus avantageuses à la disposition des membres du Congrès.

M. du Chatellier remercie M. l'abbé Luco de cette communication, et le prie de transmettre au nom du Congrès à la famille de M. Miln l'expression de la reconnaissance de tous ses membres.

M. l'abbé Luco annonce que le musée de M. James Miln appartiendra par indivis à la ville de Carnac et à la Société polymathique du Morbihan, et que M. Robert Miln fait élever à ses frais un bâtiment pour le renfermer.

M. Vaillant demande que la lettre de remerciements adressée à M. Robert Miln soit signée par le président et par tous les membres du bureau.

Cette motion est adoptée.

M. le président donne ensuite la parole à M. Paul du Châtellier, pour la lecture d'un mémoire sur la découverte de bijoux en or faite au cimetière gaulois de Kerviltré, commune de Saint-Jean-Trolimon (Finistère). Ce mémoire, très intéressant, sera reproduit in extenso. Quelques observations au sujet de la date probable des inhumations sont présentées par plusieurs membres du Congrès, puis M. le comte de Limur, comme préparation à la visite de son riche musée, qui doit être faite par le Congrès à l'issue de la séance, donne lecture d'un mémoire sur la composition des haches découvertes dans le tumulus du mont Saint-Michel-de-Carnac et à Man-er-Roët. L'auteur du mémoire estime que les substances reconnues par l'analyse dans ces haches ont des similaires en France et pour la plupart en Bretagne.

M. le président félicite M. de Limur de sa très intéressante communication.

La séance est levée à cinq heures.

1a SÉANCE DU MERCREDI 29 JUIN 1881.

PRÉSIDENCE DE M. FONTÈS.

Siègent au bureau: MM. Léon Palustre, directeur de la Société française d'Archéologie; Vallier, de Grenoble; Francart, de Mons (Belgique); et de Dion, de Montfort-l'Amaury.

La séance est ouverte à huit heures. Avant de reprendre la discussion relative à la période préhistorique, la parole est donnée à M. Guyot-Jomard pour la lecture de quelques extraits d'un travail sur le connétable de Richemond, auquel on songe à élever une statue en Bretagne.

Le président passe ensuite à la seconde question du programme, ainsi conçue:

<<< Quelle est l'explication la plus plausible soit de l'accumulation des monuments mégalithiques autour et dans les îles du golfe du Morbihan, soit de leur originalité? - Dans quelle mesure les mobiliers funéraires sont-ils également spéciaux à cette zone? Y a-t-il rapport entre tel ou tel mobilier et tellé ou telle forme architectonique? >>>

M. Moulin se demande quelle est l'explication la plus plausible de l'accumulation des monuments mégalithiques sur le sol du Morbihan. A son avis, ces monuments sont l'œuvre des Celtes; ils restèrent, à l'époque de la dominatiom romaine, le seul symbole de leur culte détruit. Les Romains, sachant combien la race vaincue était attachée à la croyance de l'immortalité de l'âme, n'osèrent pas s'attaquer aux tombeaux. M. Moulin croit que les dolmens appartiennent à une époque plus récente que les menhirs, connus de toute antiquité. A l'appui de cette thèse il cite un grand nombre de découvertes; il s'appuie sur le témoignage de Moïse, de Tite-Live. Il traite en passant des alignements décrits par Strabon sous le nom de «pierres couplées par trois ou quatre », et fait allusion au fameux temple d'Apollon dont parle Diodore de Sicile. Il conclut de ces divers documents que les menhirs, beaucoup plus anciens que les dolmens, sont des pierres commémoratives ou des idoles grossières.

M. Lallemant, rappelant les études publiées par lui dans ses intéressants annuaires, croit que le menhir a servi parfois de monument commémoratif, mais a dû le plus souvent indiquer un tombeau. D'après lui, le menhir serait la transition entre la sépulture païenne et la sépulture chrétienne.

Le menhir, suivant M. Paul du Châtellier, n'est autre qu'un tombeau. L'orateur cite un grand nombre de documents à l'appui de cette thèse et estime que les dolmens et les menhirs ont la même origine et la même antiquité.

Un membre demande si les menhirs n'indiquent pas l'ensevelissement par incinération, tandis que les dolmens auraient été réservés aux inhumations simples.

M. A. du Châtellier croit que les débris recueillis auprès des dolmens sont moins nombreux que ceux qui entourent les menhirs. Il résulterait des observations présentées par l'honorable doyen de la Société française d'Archéologie que les dolmens, pris comme monuments funèbres, ont pu être érigés loin du lieu d'inhumation.

M. Micault pense que les menhirs collectifs sont des ornements, et que le menhir isolé est un monument destiné, le plus souvent, à rappeler des funérailles.

M. Cartailhac croit que les monuments funèbres ont été ouverts de nouveau pour des funérailles plus récentes. Les menhirs sont plus nombreux dans les départements où les dolmens sont en petit nombre. Il se rallie à la théorie d'une date identique pour l'érection des dolmens et des menhirs.

M. Cartailhac signale à l'attention des auditeurs des petites cellules qui existent dans les tumuli et qui ne se rencontrent qu'en Bretagne.

MM. Levain, l'abbé Collet, de Laurière, l'abbé Luco, prennent part à la discussion.

M. l'abbé Luco, en dernier lieu, signale au Congrès l'étrange erreur commise par un rédacteur du GuideJoanne, qui a pris comme preuve d'une construction romaine en Bretagne, un fragment apporté des catacombes et incrusté dans une maison près de Sarzeau. L'intéressant mémoire de l'abbé Luco sera publié en entier avec un fac-similé de l'inscription cause de l'erreur indiquée.

La séance est levée à dix heures et demie.

2a SÉANCE DU MERCREDI 29 JUIN 1881.

PRÉSIDENCE DE M. HARDOUIN.

Siègent au bureau: MM. Léon Palustre; Vaillant, de Boulogne-sur-Mer; comte de Marsy, de Compiègne; 'et Ledain, de Poitiers.

En prenant possession du fauteuil, M. Hardouin prononce l'allocution suivante, fréquemment interrompue par les applaudissements des auditeurs.

MESDAMES ET MESSIEURS,

« C'est à la trop indulgente obligeance du savant et tant dévoué directeur de la Société française d'Archéologie et de nos honorables confrères, membres du bureau, que je dois d'être appelé à présider la séance qui va s'ouvrir. - Qu'il me soit permis d'associer à mes remerciements l'expression réitérée de ceux dont nous sommes redevables envers M. Léon Palustre, le digne continuateur de l'œuvre de patriotisme et de

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