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Tout ceci indique qu'il existait autrefois, dans ce pays, un certain nombre de ces monuments, et nous sommes tenté de croire que l'incinération des corps se pratiquait dans l'enceinte centrale, qui, prise à part du reste, ressemble parfaitement aux grossières constructions voûtées des monuments quadrilatères explorés par nous à Mané-Pochat-en-Uieu et à Mané-Tyec. Les nombreux vases remplis d'ossements incinérés, que nous avons trouvés dans les monuments circulaires, semblent montrer plusieurs sépultures par crémation. Ces monuments étaient-ils donc des tombeaux de familles et mêmes de familles importantes? C'est très vraisemblable, vu le nombre d'urnes cinéraires et la quantité relativement supérieure des objets en bronze, en fer, etc., que nous y avons recueillis. Par ailleurs, de la similitude de nos monuments et de celle dés objets fournis par eux, il paraît résulter que ces sépultures doivent appartenir à la même époque.

Pour répandre plus de lumière encore sur la question, nous pouvons faire un rapprochement entre ces constructions découvertes à Carnac et les monuments

teur moyenne de 0m 80 formée par dix-neuf assises régulières. Dans l'intérieur on trouva « de très gros blocs de pierre brute, mêlés à de la terre ». Ces blocs étaient sans doute dans un grand désordre, et c'est pourquoi ils n'attirèrent peut-être pas suffisamment l'attention de M. du Châtellier, qui sans cela aurait probablement constaté l'existence d'une ruche de crémation comme celles de Nignol et de Coët-à-Touse. Du reste, le monument de Kerbascat renfermait des urnes cinéraires en dehors et, dans l'intérieur, des fragments de poteries et des parcelles de charbon. Voir Comptes rendus et Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, tome XV (1878), pages 49 et suivantes. (Luco.)

circulaires de l'Algérie, nommés chouchas, destinés à la sépulture par inhumation et ainsi décrits par le savant Fergusson, dans les Monuments mégalithiques de tous les pays, page 120 de la traduction française de M. l'abbé Hamard: « Les chouchas se trouvent dans le voisinage des bazinas et s'y rattachent étroitement. Ils consistent en des assises de pierres régulièrement superposées en forme de murs et non en gradins, comme les bazinas. Leur diamètre varie depuis deux jusqu'à douze mètres, mais la hauteur des plus élevés au-dessus du sol n'excède guère deux à trois mètres. Ils sont ordinairement couverts d'une grande pierre plate, de 0TM 10 environ d'épaisseur, sous laquelle est une fosse régulièrment formée de pierres de 0m 50 à un mètre de grosseur... Les chouchas se trouvent quelquefois isolés et quelquefois disposés en groupe, à trois ou quatre mètres l'un de l'autre. Dans certaines localités, ils couronnent les sommets des collines, et l'on en voit sur le bord des rochers à pic, où ils dominent les ravins (1).»

(1) M. de Bosredon, capitaine au 3e chasseurs d'Afrique et membre de la Société française d'Archéologie, a publié, en 1875, dans le Bulletin monumental, p. 260, une description de sépultures circulaires algériennes qui, beaucoup mieux que les chouchas, me paraissent devoir être comparées aux monuments morbihannais... Il s'agit de tombeaux circulaires du DjebelMestivi, près de Tébessa, dans la province de Constantine, et que M. de Bosredon décrit ainsi : « Ils présentent l'aspect d'un tronc de cône un peu aplati. Leur plus grande hauteur est 3m50; le diamètre supérieur, généralement plus petit de moitié que celui de la base, varie entre 4m 80 et 9m 60. Quelques-uns des plus grands sont étagés de manière à former deux, trois et même quatre marches circulaires. Ils sont construits avec des pierres plates, brutes, de calcaire blanc, superposées simplement les unes aux autres et formant des cercles très réguliers.

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Jetons maintenant un coup d'œil sur la céramique ainsi que sur les autres objets trouvés dans ce monument de Coët-à-Touse.

De prime abord, la forme élégante de ces vases nous étonne et prouve qu'ils ont évidemment été fabriqués par une main habile. Ils ne ressemblent nullement à la poterie celtique, mais ils rappellent parfaitement les vases étrusques. Le plat que nous avons supposé destiné à recueillir les cendres, a un caractère çeltique, ainsi que le fragment déjà comparé à la potere des monuments quadrilatères. Seuls, deux fragments représentent l'époque gallo-romaine.

Les meules primitives, les broyeurs, les percuteurs sont semblables à ceux que nous avons toujours trouvés dans nos différentes fouilles parmi les menhirs, dans les dolmens et dans les constructions gallo-romaines.

Les éclats de silex, situés à côté des vases et parfois dans les vases eux-mêmes, semblent bien avoir été déposés là intentionnellement et en accord avec quelque rite funéraire. La même remarque pourrait s'appliquer aux pierres en quartz blanc et en schiste

« Je n'ai retrouvé sur aucun d'eux la trace de la dalle qui aurait pu les recouvrir dans le principe. J'en ai fouillé un des plus considérables, en faisant pratiquer une tranchée dans la direction nord-sud. Après avoir enlevé une épaisse couche de pierres, j'ai constaté l'existence d'un conduit de un mètre de large formé de deux murs parallèles, ouvert du côté sud et aboutissant à une chambre rectangulaire de un mètre d'élévation, placée sur le prolongement. » Dans cette chambre, placée au centre du cercle, M. de Bosredon découvrit des ossements humains qui n'avaient point été soumis à la crémation. Comme je l'ai dit plus haut et comme on le voit, nos monuments circulaires du Rocher ont la plus grande analogie avec quelques-uns de ceux de l'Algérie et s'en rapprochent plus que ceux de Carnac. (Luco.)

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bleu, ainsi qu'aux petites pierres choisies, que nous avons si fréquemment recueillies, surtout dans les dol

mens.

A propos de ces derniers objets, nous avons été heureux de trouver, dans les Bardes bretons de M. de la Villemarqué, que, dans les funérailles par inhumation, on avait l'habitude, au vie siècle, de déposer le corps dans un tertre, avec des pierres bleues et blanches, ainsi que des pierres choisies.

K Une butte de terre est maintenant sa demeure (1). « Le chef de Réghed est caché sous un tertre vert (2).

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<< Son corps délicat et blanc sera couvert aujourd'hui de mortier et de pierres. Son corps délicat et blanc sera couvert aujourd'hui de mortier et de chêne, — de pierres choisies, de mortier et d'épais gazon, — de moltes surmontées d'un signe, de mortier et de gravier, de mortier et d'orties. Son corps délicat et blanc sera couvert de mortier et de pierres bleues (3).» Parmi les Bretons, cette coutume traditionnelle de traiter avec la plus grande vénération les ossements de leurs ancêtres date de très longtemps. D'après

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(1) Bardes bretons, pages 266-267. (2) Ibid., pages 440-441.

(3) Ibid., pages 44 à 47. Entre Vannes et Muzillac, dans le cimetière d'Ambon, encore contigu à l'église paroissiale, on peut voir de nos jours des tombes d'enfants entourées d'un petit grillage en bois et recouvertes de coquillages et de petites pierres choisies prises sur le rivage voisin de la mer. Au même lieu il y a, sur chaque tombe d'adultes, un bénitier parfois en granit; mais souvent ce rôle est rempli par une écuelle ou la partie inférieure d'un vase quelconque. Une branche de buis ou de laurier sert de goupillon. (Luco.)

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Congres

de Vannes, 1881.

J. Miln del.

Tombeau circulaire de Nignol

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