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Enfin les jardins, les vergers clos de murs, etc., etc.

A Fontevrault, l'infirmerie est établie dans l'église St-Lazare; elle a son cloître et ses dépendances particulières.

Ces divisions s'observaient dans un très-grand nombre d'abbayes figurées dans la collection déjà citée.

L'abbaye de St-Étienne de Caen, qui était fort riche, était une de celles dans lesquelles ces grandes divisions étaient le plus complètes.

Nous les trouvons encore fort bien indiquées dans une petite vue de l'abbaye de St-Calais (Sarthe) (V. la page suivante).

L'area interior, ou cour intérieure, accédait ordinairement à l'infirmerie, domus infirmorum, aux bâtiments des hôtes, quand ils ne faisaient pas partie du carré central, à la cuisine et à ses annexes, puis aux dépendances du dortoir (latrines), au réfectoire pour les gens de service, à la bibliothèque, etc., etc. C'était, en quelque sorte, le complément du cloître ou première cour.

L'area communis comprenait la grande porte d'entrée, porta major abbatiæ, les logements des gens de service, cellæ officialium, souvent de vastes greniers, horrea, granaria, et quelquefois la grange, grangia, les celliers, enfin le prétoire où l'on rendait la justice, prætorium, le carcer publicus, etc.

Le moulin, le four, le colombier, le pressoir se trouvaient souvent un peu à l'écart. D'ailleurs, la position du moulin, s'il y en avait un, était subordonnée à celle du courant d'eau qui le faisait mouvoir.

La maison de l'abbé s'accédait ordinairement par la grande cour, area major ou communis; mais elle avait son enceinte particulière et son jardin.

On conçoit que, suivant leur importance, les établissements monastiques ont offert un développement plus ou moins considérable. Les riches abbayes représentaient un village tout entier, une bourgade; les petits prieurés ressemblaient à une ferme.

Les prieurés ruraux, qui n'étaient occupés que par trois ou quatre moines, n'avaient souvent qu'une seule cour et pas de cloître.

La maison des religieux se trouvait près de l'église; les autres constructions étaient disposées autour de la cour. La grange aux dimes était ordinairement la plus importante de ces constructions. Toutes ces maisons formaient une enceinte autour de la cour, et comme dans les

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abbayes, on y entrait par deux portes: l'une pour les charrettes, l'autre pour les piétons.

Ainsi, que l'on détache de l'ensemble d'une abbaye la première cour consacrée à l'exploitation rurale, qu'on y annexe une église, et l'on aura l'image du prieuré rural.

Les prieurés étaient effectivement, pour les abbayes, de grandes fermes: si les moines y vaquaient à la prière et aux offices, ils avaient aussi pour mission de faire rentrer les redevances en nature, telles que les dimes et les autres rentes de l'abbaye; de faire cultiver les terres formant le domaine du prieuré, et d'administrer les revenus de tout genre qui pouvaient appartenir à la maison.

Le style roman, tel que nous l'avons décrit, se manifeste dans toutes ces constructions. Les granges, les grands magasins, ont été bâtis avec un soin remarquable dans les abbayes du XIIe siècle, à en juger par le petit nombre d'exemples que nous possédons encore.

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Granges.

Es granges faisaient partie de la cour de la ferme, conséquemment elles étaient toujours, dans les abbayes ou les riches prieurés, en dehors des bâtiments réguliers conventuels; elles étaient placées de manière à être accessibles de deux côtés par le pignon et par la façade latérale. Les granges un peu considérables avaient, en effet, des portes principales dans les pignons et des portes secondaires vers le centre des façades latérales, afin de rendre l'accès plus facile.

Quelques granges moins monumentales n'avaient de portes que sur les côtés, soit une seule au centre, soit une porte à chacune des extrémités du mur latéral. Les portes étaient toujours couvertes d'un porche ou d'un toit en saillie.

Les granges étaient, comme les églises, divisées en trois nefs: la nef centrale communiquait avec les ailes latérales par des arcades portées le plus souvent sur des colonnes monocylindriques, comme on le voit par le plan de la grange de Perrières. Le blé était tassé dans le centre et dans un des bas-côtés ; l'un des bas-côtés qui souvent correspondait à deux grandes portes restait libre pour la circulation, quand l'abondance des céréales n'obligeait pas à le remplir. Dans d'autres granges la circulation se faisait par la nef centrale, et l'on tassait de préférence

le blé dans les bas-côtés. Quant aux façades, elles se ressemblent toutes et offrent une élévation garnie de contreforts et un grand toit couvrant

Plan de la grange de Perrières.

la grande nef et les ailes. Jamais on ne trouve de voûtes en pierre. La lumière ne pénétrait dans ces vastes magasins que par des ouvertures, ordinairement assez étroites, pratiquées dans les deux gables.

Toutes les granges dîmières n'avaient pas leurs divisions intérieures en pierre les colonnes étaient souvent remplacées par des poteaux en bois de chêne supportant les charpentes et formant trois nefs.

Les piliers des granges, soit qu'ils fussent en pierre, soit qu'ils fussent en bois, établissaient des divisions régulières dont on tirait parti pour ranger ou, si je puis parler ainsi, classer les récoltes. Le froment, l'orge, l'avoine, les pois et autres grains occupaient des travées particulières; ou bien le froment était d'un côté et les petits grains, comme on les appelle encore (orge, avoine), de l'autre ; il y avait aussi beaucoup d'abbayes qui avaient des granges séparées pour le blé et pour les autres récoltes.

Voici la coupe longitudinale de la grange dîmière du prieuré de Perrières Calvados), qui dépendait de Marmoutiers, près Tours. Elle offre,

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10. M:

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