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Réfectoire.

E réfectoire était, dans la plupart des abbayes, altenant au côté

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du cloître qui était en regard de l'église ainsi, quand celle-ci était au nord du préau, le réfectoire était au sud, et quand elle était au sud, le réfectoire était au nord.

La salle du réfectoire n'était pas toujours parallèle à la galerie du cloître : elle s'ouvrait bien sur celle-ci, mais elle se développait quelquefois en longueur du nord au sud, ou du sud au nord, suivant la position du préau relativement à l'église.

Le réfectoire de l'abbaye de Savigny (Manche) se développait ainsi

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Porte du réfectoire de l'abbaye de Savigny.

du nord au sud, formant un angle de 90 degrés avec la galerie sud du cloître, de laquelle on entrait par une magnifique porte à deux Laies en

granit, dont voici l'esquisse, et qui m'appartient avec le mur dans lequel elle se trouve (1).

Cette belle salle, qui offrait un parallelogramme rectangulaire, surmontait des galeries voûtées bien construites qui, vraisemblablement, servaient de celliers et de magasins pour les provisions du monastère. Les chapiteaux romans du réfectoire et même ceux de la salle inférieure étaient fort élégants et très-nettement coupés, malgré la dureté du granit dont ils étaient faits: on peut en juger par ceux que j'ai fait transporter à l'hôtel-de-ville de Mortain. où, j'espère, ils seront conservés.

Le réfectoire de l'abbaye de La Luzerne, arrondissement d'Avranches, existait encore il y a quelques années; c'était une vaste salle de la fin du XII• siècle, surmontée d'une pièce de même grandeur dont j'ignore la destination; elles étaient séparées l'une de l'autre par un plancher et non par des voûtes, de sorte qu'elles n'étaient point ornées de colonnes.

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Magasins, salles des hôtes.

ANS beaucoup d'abayes, la partie occidentale des bâtiments claustraux renfermait soit des magasins, soit l'hospitium ou pièces destinées aux hôtes (2); ainsi, dans la collection des vues d'abbayes préparées pour le Monasticon gallicanum, la légende indique dans cette partie tantôt les cellæ hospitum, comme à St-Jean-d'Angely, à l'abbaye de la Sauve (Gironde), à St-Wandrille (Seine-Inférieure), à St-Pierre-sur-Dives (Calvados), à St-Evroult (Orne); tantôt les greniers à blé, granaria, ou magasins et caves, cellæ vinariæ et horrea, comme à l'abbaye de Lire (Eure), à St-Bénigne de Dijon, à Nouaillé près Poitiers, à Citeaux, à St-Bosle près de Reims, etc., etc., etc. Quelquefois le même batiment a reçu deux destinations et renferme d'un côté les logements des hôtes, de l'autre des magasins; enfin, dans quelques abbayes, la légende indique que là était l'infirmerie, infirmaria ; mais c'était une exception : les logements des infirmes, domus infirmorum, étaient habituellement en dehors du carré principal que nous venons d'examiner.

(1) J'ai acheté cette magnifique porte avec le terrain qui la supporte, en 1838, afin de la conserver.

(2) On sait qu'au moyen-âge les abbayes recevaient les voyageurs, les pauvres, etc., etc., et que des logements particuliers étaient affectés à cette hospitalité, souvent tres-étendue.

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Quand les vues du Monasticon qui nous fournissent de si précieux renseignements ont été faites (1), les moines avaient déjà reconstruit leurs bâtiments claustraux dans beaucoup d'abbayes: on avait élevé des édifices à plusieurs étages, et l'on avait quelquefois abandonné l'ancienne destination de chaque corps-de-logis; on avait rapproché ou confondu les salles qui se trouvaient auparavant dans les trois ailes.

-Les salles inférieures, de l'aile occidentale des bâtiments claustraux étaient habituellement voûtées, comme à Ste-Croix de St-Lo (XI

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siècle), à St-André-en-Gouffern (fin du XIIe siècle), et plus particulièrement affectées aux magasins (caves à vin, à cidre, etc., etc.). L'étage supérieur, qui n'était pas toujours voûté, recevait le blé et les autres céréales.

Il existe de beaux restes de la partie occidentale des bâtiments claus

(1) C'est à la bibliothèque du palais du Luxembourg que j'ai pu examiner à loisir cette collection de gravures, grâce à l'obligeance de l'ancien conservateur de cette bibliothèque, feu M Chavin de Mallan,

traux à Pontigny (Yonne), à La Luzerne (Manche), et dans quelques autres abbayes du XIIe siècle.

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Salle à l'abbaye de St-André-en-Gouffern (Calvados) (XIIe siècle).

Cuisines.

u XIIe siècle et aux siècles suivants jusqu'au XV, les cuisines

affectaient, dans beaucoup d'abbayes, la forme ronde, octogone ou carrée; elles étaient toujours à proximité du réfectoire et s'accédaient par la cour intérieure, area interior abbatia, qui existait ordinairement derrière les bâtiments qui entouraient le cloître et dont le réfectoire faisait partie.

Les anciennes cuisines dont je parle offraient, dans leur pourtour, plusieurs cheminées ou fourneaux pour la cuisson des mets. Chacune de ces cheminées avait un tuyau en pierre qui sortait de la toiture

conique de l'édifice. Le sommet était souvent percé d'une lanterne pour laisser sortir les vapeurs qui devaient se dégager quand on dressait sur la table ou sur le fourneau, que je présume avoir été placés au centre, les plats destinés au repas des moines et des hôtes de la maison.

Voici quelques figures des cuisines qui existaient dans plusieurs abbayes des bords de la Loire. Je les tire, pour la plupart, de la précieuse et rare collection de vues d'abbayes destinées à la publication d'un Monasticon gallicanum à la fin du

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XVIIe siècle, et dont j'ai déjà parlé.

Dans toutes ces vues, la légende explicative désigne les cuisines de cette forme comme anciennes, antiquæ coquina, et comme n'étant plus consacrées à cet usage au XVIIe siècle.

De grands changements survenus dans le mode de préparer les aliments les avaient fait abandonner depuis longtemps, sans doute, quand les dessins ont été exécutés.

Cuisine de Marmoutiers.

Voici la vieille cuisine de l'abbaye de Marmoutiers près de Tours: c'est une espèce de tour, qui paraît totalement construite en pierre et dont le toit porte une assez grande quantité de cheminées cylindriques.

La seconde est la cuisine de l'abbaye de Fontevrault (V. la page suivante), sur l'origine de laquelle on a débité beaucoup de fables : elle existe toujours, mais il ne reste plus de visible que la lanterne centrale. Des modifications importantes ont eu lieu quand on a changé la destination de l'édifice: ainsi, les diverses cheminées qui garnissaient le toit de chacune des absidioles et le toit de la pyramide centrale, à peu près comme le montre le dessin que nous venons de présenter des anciennes cuisines de Marmoutiers, ont disparu, mais on en voit la trace; et quand la Société française d'archéologie visita Fontevrault, des échelles furent placées et, en allumant des flambeaux, on put voir dans toutes les absidioles un tuyau de cheminée parfaitement rond qui s'élève perpendiculairement jusqu'au point où une restauration plus ou moins ancienne est venue le tronquer.

Une preuve que la tour d'Evrault était une cuisine, comme je l'ai

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