A l'abbaye de Thorouet, M. Rostan a observé dans le préau une petite construction hexagonale qui recouvre le lavoir. Elle est éclairée par cinq fenêtres, dont trois sont simplement cintrées et deux ont les mêmes moulures que les arcades du cloître; deux portes géminées donnent accès à ce pavillon par la galerie septentrionale. A coté des galeries remarquables que je viens de citer, il est bon de montrer les vestiges d'un cloître en charpente comme on continua d'en construire, durant tout le moyen-age, dans les maisons qui n'avaient pas de grands revenus ou dans les prieurés dont le personnel était peu nombreux. Je prends pour exemple les ruines du prieuré de Badeix (Dordogne) (V. la page suivante), dessinées par M. F. de Verneilh, et dont le style correspond à celui de la fin du XIIe siècle. On remarque au rez-de-chaussée des arcades alternativement en plein-cintre et en ogive, qui se trouvaient à couvert sous la galerie du cloître quand celle-ci existait. Aujourd'hui elle est détruite, mais on remarque entre les deux étages un rang de corbeaux en pierre, taillés de façon à retenir le long du mur une poutre sur laquelle venaient s'appuyer les chevrons d'un toit (V. la figure, p. 54). Au-dessus on peut remarquer aussi le filet saillant qui empêchait les eaux pluviales de glisser sur la poutre (1). J'ai trouvé la même disposition dans un assez grand nombre d'autres localités qui avaient des cloîtres ou des hangars adossés d'un côté, comme à Badeix, et de l'autre appuyés sur des poteaux en bois. Salles capitulaires. NE des pièces les plus importantes de celles qui bordaient le cloître UN était la salle capitulaire. J'ai dit qu'elle était toujours placée à l'est la porte par laquelle on y entrait du cloître était ornée de colonnes et de moulures; de plus elle était toujours entre deux ouvertures, ressemblant à de larges fenêtres, qui avaient évidemment pour but de mettre la salle en communication avec la galerie du cloître. Peut-être voulait-on, pour les chapitres qui réunissaient dans certaines circonstances, non-seulement les moines de l'abbaye, mais une partie de ceux des prieurés qui en dépendaient, se ménager le moyen d'étendre jusqu'au préau les siéges des assistants. Ce qu'il y a de certain c'est (1) M. de Verneilh, Note sur le prieuré de Badeix. que partout j'ai trouvé une disposition semblable, attestant l'intention de mettre la salle capitulaire en rapport avec le cloître et le préau. Cette salle était voûtée; un ou deux rangs de colonnes cylindriques, ou de colonnes groupées, venaient habituellement recevoir la retombée des voûtes: le pourtour était orné de moulures. La plupart des salles étaient contenues dans les limites du parallélogramme formant le côté Est du cloître, mais quelques-unes aussi débordaient sur lui et formaient, dans le côté Est, une saillie rectangulaire ou absidale (Voir le plan, page 44). La salle capitulaire de l'abbaye de Fontenay (Côte-d'Or) (2o moitié du XIIe siècle), dont voici le plan (V. la page suivante), est rectangulaire; on y entre, du cloître, par une porte cintrée (A), à parois latérales tapissées de colonnettes et accompagnée de deux ouvertures subdivisées en deux parties (B B). Les voûtes de cette salle reposent sur des piliers garnis de colonnes groupées, dont deux sont isolés au centre de la salle et les autres accolés aux murs du pourtour. On voit à l'abbaye de St-Germain d'Auxerre, aujourd'hui occupée par l'hospice, de beaux restes de la salle capitulaire, également du XIIe siècle et parallèle à la galerie orientale du cloître. La salle capitulaire de l'abbaye de Silvacane, transformée en écurie, est très-belle, d'un style noble et sévère, d'après M. Rostan qui l'a décrite avec soin; on y pénètre, comme dans toutes les autres, par une porte cintrée flanquée de deux ouvertures; la voûte se divise en six compartiments, comme celle de l'abbaye de Fontenay; elle est supportée, au centre, par deux piliers assez curieux, l'un tordu, l'autre cannelé. La salle reçoit le jour, vers l'est, par trois fenêtres cintrées. Le chapitre de l'abbaye de Senauques, à l'est du cloître, offre une frappante analogie avec celui de Silvacane; les voûtes en sont cintrées; les deux piliers qui, au centre, reçoivent les retombées des voûtes sont carrés, décorés d'une colonnette à chaque angle, les chapiteaux ornés de feuilles d'eau. La salle est éclairée par trois fenêtres cintrées, du côté de l'est, et à l'ouest par la porte et les ouvertures qui l'accompagnent. Des siéges en pierre, conservés dans leur intégralité, règnent autour des murs (1). (1) Mémoire sur les abbayes du Thorouet, de Silvacane et de Senauques, par M. Rostan, dans le Bulletin monumental, t. XVUI. |