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Archères.

Le parement extérieur des murs d'Aigues-Mortes est droit, avec un talus à la partie basse. Toutes ces pierres sont en bossage, appareil

comme elle était d'abord, du moins je le suppose: ce qui nuit à la beauté du parapet vu de l'extérieur. Ce parapet est percé alternativement de créneaux et de meurtrières et, au-dessous des créneaux, d'un rang de trous carrés dont je ne m'explique pas bien l'usage, mais qui vraisemblablement contenaient des pièces de bois saillantes pour supporter des hourds. De place en place, à des distances inégales, existent des niches en encorbellement qui ne peuvent avoir été que des latrines pour la garnison. Le chemin de ronde, large et bien pavé, qui est couvert par le parapet, fait tout le tour de la place.

Dans la partie inférieure de la muraille se trouvent, régulièrement espacées, des meurtrières ou archères correspondant avec des arcades ou embrasures assez larges à l'intérieur des murs, et garnies de bancs de pierre pour asseoir les soldats qui veillaient à la défense. La plupart de ces ouvertures ne me paraissent point, comme d'autres l'ont pensé, postérieures à la muraille; je les crois au contraire du même temps.

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Extérieur des courtines de l'enceinte murale d'Aigues-Mortes.

e que

qui ne se rencontre pas dans le
Nord à cette époque, mais qui est

assez ordinaire dans le midi de la
France, dans l'Est et dans quelques

parties de l'Allemagne : ces pierres,

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fort bien ajustées, sont de grandeur inégale; elles portent, la plupart, sur la partie saillante ou bossage, des signes d'appareilleurs. Ces figures se répètent fort souvent sur les pierres.

L'enceinte d'Aigues-Mortes présente la forme d'un parallelogramme rectangle; des tours, la plupart semi-circulaires à l'extérieur du mur et carrées à l'intérieur, de manière à présenter peu de saillie sur le

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rempart intérieur et à faire ligne avec lui, s'élèvent à une certaine hauteur au-dessus du parapet. (V. la figure, p. 544.)

Les portes principales s'ouvrent entre deux tours; l'intervalle qui existe entre ces dernières est occupé par la salle où l'on faisait ma

nœuvrer les herses; chaque porte en avait deux: l'une pour la porte extérieure, l'autre pour la porte intérieure. Entre ces deux herses était, dans la voûte, un trou par lequel on pouvait assommer, au moyen de projectiles, les ennemis qui auraient été enfermés dans cette espèce de trébuchet.

De beaux escaliers, dont les marches reposent sur des voûtes en quart de cercle, permettaient de monter sur le rempart, de chaque côté de ces grandes portes.

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Remparts et tours d'Aigues-Mortes, vus de l'intérieur de la place.

Les voûtes des tours sont garnies d'arceaux croisés. Quelques cheminées existent dans les salles qui surmontent les portes; le tuyau qui les termine est toujours octogone.

Dans les petits côtés du carré long qui forme l'enceinte murale, sont des tours dont la partie basse est carrée, mais dont la partie supérieure, en encorbellement sur le carré, est de forme octogone; l'appareil de ces parties coupées à pans n'est point en bossage, et elles peuvent être moins anciennes que les autres,

Les portes par lesquelles on entre des courtines dans les tours, sont défendues par ces espèces de machicoulis que M. Mérimée a proposé de nommer Mou

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charabis. On ne remarque pas de pareils ouvrages de défense audessus de toutes les portes qui s'accèdent du côté intérieur du mur, vers la ville. Les

courtines sont dépourvues de machicoulis.

Pas une seule maison n'est appliquée contre les murs, à l'intérieur

de la place, ce

Un des moucharabis surmontant les portes qui accèdent

des tours aux remparts d'Aigues-Mortes.

qui donne un intérêt de plus à cette enceinte si complète. Il faut espérer que les choses resteront longtemps en cet état. L'enceinte actuelle est plus que suffisante pour la population, et il y a, d'un côté, des parties considérables qui ne sont point couvertes de mai

sons.

Portes.-Les portes des villes étaient, au XIIIe siècle, comme celles des châteaux: elles n'offraient le plus ordinairement qu'une ouverture pratiquée dans un corps carré, flanqué de tourelles en encorbellement ; plus souvent elles étaient protégées par deux tours.

Dans plus de deux cents portes de villes ou de châteaux antérieurs au XIVe siècle qu'il m'a été permis de visiter, je n'ai pas trouvé la trace des ponts-levis tels qu'ils furent établis plus tard.

Les ponts-levis manœuvraient au moyen de poutres formant leviers, auxquelles le tablier était suspendu. Je n'ai pas aperçu la trace des rainures dans lesquelles venaient se loger les poutres ou leviers, et ce système ne fut, je crois, général qu'au XIVe et surtout au XVe siècle. Les ponts qui accédaient aux portes pouvaient être coupés, à l'approche de l'ennemi ; c'étaient le plus souvent des ponts en bois, que

l'on pouvait établir ou détruire en peu de temps, peut-être aussi

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parfois des ponts mobiles; mais le pont-levis, dont le tablier s'en. levait au moyen de leviers par un mouvement de bascule, paralt n'avoir été adopté que postérieurement au XIIIe siècle, et des traces, comme je le disais, s'en trouvent surtout aux portes du XV.

La herse, qui s'abaissait derrière les portes en suivant une coulisse taillée dans la pierre, avait pour objet de multiplier les obstacles; on la faisait mouvoir de l'appartement qui surmontait la porte, et ceux qui se laissaient prendre entre les herses pouvaient être assommés d'en haut, ou percés de flèches à travers les barreaux.

Si les villes étaient traversées par des rivières, on barrait le canal

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