Deux portes fortifiées s'ouvraient dans les murs d'enceinte du château l'une sur la ville, l'autre sur la campagne près de la vieille route de Dourdan.

De vastes bâtiments, dont il ne reste plus que de larges fondations, cachées sous les massifs de verdure d'un petit bois, s'élevaient en avant du donjon, et ne communiquaient avec lui qu'à l'aide d'un pont-levis placé sur la muraille quadrangulaire qui formait, autour de ce donjon, une enceinte défendue par un fossé profond (1).

Une partie de ce gros mur se retrouve encore vers le côté ouest de la tour. Un peu à droite de ces bâtiments, on remarquait une petite chapelle dédiée à St-Laurent.

DONJON D'HOUDAN.- Le donjon d'Houdan, dont nous devons une esquisse à M. de Dion, dépendait du comté de Monfort, et il avait été bâti par Amaury III, seigneur de Montfort et comte d'Évreux (1105-1137). Il est en pierre meulière avec quelques chaînes de

(1) Voir le mémoire de M. Victor Petit sur le château d'Etampes, dans le t. XII du Bulletin monumental.

grès. Il se compose d'une tour ronde de 15 mètres de diamètre cantonnée de quatre tourelles de 4 mètres. L'entrée était dans la tourelle nord, à environ 4 mètres du sol; on y accédait par un pont incliné reposant sur deux corbeaux. Les détails de la distribution intérieure

de ce donjon dont je présente la coupe page 459 ont été donnés par M. de Dion dans le t. XXXI du Bulletin monumental, p. 392 et suiv. Il existe en France et en Angleterre un petit nombre d'autres donjons polygonaux.

DONJON DE PROVINS. Un des donjons les plus remarquables du XIIe siècle, par sa disposition et sa forme extérieure, est celui de Provins (la Tour-le-Roi, dont je dois un très-bon dessin à M. Victor Petit. La tour, carrée à l'extérieur jusqu'au milieu du premier étage, devient octogone à cette hauteur; quatre tourelles qui s'élèvent aux angles comme des contreforts, se séparent de la masse pour s'y rattacher plus haut par des arcs-boutants.

Une galerie ou chemin de ronde, qui probablement était couvert dans l'origine, fait le tour de l'octogone en passant derrière les tourelles. De là, on monte à l'étage supérieur par quatre escaliers pratiqués dans l'épaisseur du mur. Cette portion du donjon a été refaite, en

grande partie, et les seize ouvertures qui existent au-dessous de la toiture ne m'ont pas paru antérieures au XVIe siècle.

Il faut aussi distraire du donjon du XIIe siècle le soubassement ou

retroussis cylindrique en maçonnerie, qui garnit la motte sur laquelle le donjon est fondé (V. la page suivante). On sait que cette construction est due à Thomas Guérard, capitaine anglais, qui fit exécuter divers travaux aux fortifications de Provins après la prise de cette ville par

les Anglais, en 1432 aussi appelle-t-on ce soubassement du donjon le pâté des Anglais.

D'après les recherches de M. Bourquelot, il est question de la tour de Provins dans une charte du comte Henri donnée l'an 1176, et tout porte à croire que la tour dont il s'agit est bien le donjon que nous venons de figurer et qui remonte ainsi au XIIe siècle.

Ce qu'il importe de faire remarquer, c'est que le donjon, passant du carré à l'octogone et flanqué de tours cylindriques, offre une imitation de certaines tours d'église de la même époque et une disposition nouvelle ou insolite pour les forteresses.

La disposition intérieure de la tour est aussi très-curieuse : les deux salles qui subsistent intactes sont voûtées en ogive.

La salle du premier étage renferme une grande cheminée dont le tuyau rond se perd dans la maçonnerie; je regrette de n'avoir pas de coupe intérieure à mettre en regard de l'élévation extérieure de l'édifice. Il paraît certain qu'autrefois le donjon de Provins avait quatre étages, deux de plus qu'aujourd'hui.

DONJON DE CONCHES.-Le donjon du château de la ville de Conches, figuré dans l'atlas de mon Cours d'Antiquités, pl. LXXIII, se compose d'une maîtresse-tour cylindrique et d'un chemin de ronde, garni d'un mur et de cinq tours.

Cet ensemble de constructions occupe le sommet d'une éminence conique, isolée par des fossés assez profonds, des cours et autres dépendances du château.

La tour centrale, ou donjon proprement dit, est mieux conservée que le reste et ne paraît point avoir subi de réparations. La porte d'entrée de cette tour correspondait au premier étage, au-dessus du rez-de-chaussée ; on y remarquait un puits pratiqué dans l'épaisseur du mur, qui devait être extrêmement profond dans l'origine et qui est aujourd'hui comblé de pierres.

On montait au second étage

Plan du donjon de Conches.

par un escalier tournant ; un autre escalier donnait accès au troisième. Le rez-de-chaussée, solidement voûté en pierre, n'avait aucune