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C'est à droite, 1re console, une harpie à corps d'oiseau, pieds armés de griffes, long cou surmonté d'une magnifique tête de femme (V. la page 41); 2 console, un enroulement ayant au centre une tige supportant une jolie tête humaine; à gauche, 1re console, un dragon sans ailes, à queue recroquevillée, à pieds armés de griffes et à tête de serpent; 2o console, une superbe tête de jeune homme entourée d'enroulements.

Au-dessus du manteau est un cordon, puis le corps de la cheminée monte en se rétrécissant jusqu'à la corniche qui supporte les poutres ; la salle était entourée d'un banc de pierre.

On pourrait citer bien d'autres exemples intéressants de cheminées du XIIe siècle. J'ai figuré, pl. LXIX de mon Cours d'antiquités, no 8, la cheminée du château de Chamboy (Orne), dont le manteau droit, pyramidal, porté sur des colonnettes, est orné de moulures en losanges ou réticulées.

Il y a des cheminées, notamment celle de la Maîtrise de la cathédrale du Puy, que je citais tout à l'heure, dont le manteau est circulaire et forme une saillie conique et cylindrique dans l'appartement. Le foyer affecte la même forme, de manière à compléter le plan circulaire.

Ce fut au XI et au XIIe siècle surtout que les cheminées se multiplièrent alors on dut abandonner complètement l'usage des hypocaustes que les constructions romaines avaient transmis au moyen-âge.

DISPOSITIONS GÉNÉRALES.

ANS les constructions civiles d'une certaine importance, le rez-de

DANS

chaussée était souvent voûté en pierre et servait habituellement de magasin ou de logement pour les personnes attachées au service de la maison ; les plus belles pièces se trouvaient au-dessus de ce soubassement (1); les grands appartements étaient divisés intérieurement par des colonnes et des arcades supportant le plancher.

Des peintures décoraient les murs et rehaussaient quelquefois l'effet des moulures.

(1) On pourrait néanmoins citer des exceptions à cette disposition des grands bâtiments.

ARCHITECTURE CIVILE MONASTIQUE AUX XI ET XII SIÈCLES.

L

Es monuments civils les plus importants qui nous restent de l'époque romane secondaire (XI et XIIe siècles) appartiennent à l'architecture monastique: ils datent, pour la plupart, du XIIe siècle.

Dans le XIe siècle, l'architecture était encore simple et sévère; il était réservé aux architectes du XIIe siècle de s'occuper de ce qui plaît aux yeux, de chercher l'élégance et la pureté des formes.

Les nombreuses donations faites aux monastères permirent de consacrer des sommes plus considérables à la construction des cloîtres et des maisons religieuses; celles qui n'étaient que de bois furent souvent remplacées par des bâtiments en pierre ornés de moulures et percés de fenêtres élégantes.

Partout, au XIIe siècle, les évêques et les abbés agrandissaient, dans leurs villes épiscopales et leurs abbayes, les édifices consacrés aux usages de la vie.

J'emprunterai donc aux monuments du XIIe siècle la plupart des exemples que je vais citer.

Malgré les destructions sans nombre opérées depuis 200 ans, il existe encore en France de très-beaux restes d'architecture monastique de tous les siècles, à partir du XII: je n'aurai que l'embarras du choix pour décrire quelques-uns de ces curieux débris. Mais constatons d'abord quelques faits relatifs au plan des abbayes.

J'ai déjà indiqué quelle était habituellement la disposition des batiments d'une abbaye; je vais y revenir encore.

Autour du préau, ou jardin carré (12) qui était encadré dans la galerie du cloître (V. le plan, page 44), se trouvait l'église (no 1), s'étendant de l'ouest à l'est; puis, à l'est, la salle capitulaire (3); près d'elle diverses salles (2, 4, 5) surmontées du dortoir, et en contact avec d'autres bâtiments (no 6); puis, parallèlement à l'église, le réfectoire (no9) avec ses dépendances (la cuisine no 10), et à l'ouest (no 11), des magasins, les salles des hôtes, etc., etc. (1).

(1) Le plan que je présente est celui de l'abbaye de Beauport (Côtes-du-Nord', qui ne date que de 1202, par conséquent du commencement du XIIIe siècle; mais ce plan est identique avec celui que l'on observe dans les abbayes du XIIe siècle, et il est plus complet que beaucoup d'autres, ce qui me détermine à le présenter comme type.

Ce plan ne comprend que le centre d'une abbaye, la partie exclu

sivement réservée aux moines; les cours, les jardins formaient des en

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Bouet del.

Disposition des constructions monastiques autour du cloître. ceintes plus ou moins vastes, en dehors de cette partie centrale ; mais c'était là que se trouvaient ordinairement les constructions les plus remarquables par leur architecture.

Examinons maintenant séparément les principaux bâtiments dont nous venons d'indiquer la distribution autour du cloître, et ceux qui étaient placés dans les cours.

A

Cloître.

VANT le XIIe siècle et la fin du XIe, la galerie du cloître n'avait été souvent qu'en bois, supportée par des poteaux faisant l'office de colonnes. Quoique l'on ait pu donner à ces constructions une certaine élégance, et même les sculpter et les peindre, la pierre était toujours préférable au bois beaucoup de cloîtres furent édifiés en

pierre au XIIe siècle dans nos abbayes (Le Thorouet (Var), Silvacane

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(Bouches-du-Rhône), St-Aubin d'Angers, St-Georges de Bocherville, près Rouen; Abbaye-Blanche, près Mortain; Savigny, près Mortain ; Doulas (Finistère); l'abbaye d'Issoudun, Fontenay (Côte-d'Or), Senauques (Vaucluse), Moissac (Tarn-et-Garonne), etc., etc., etc.). Un certain nombre d'abbayes ont eu deux cloîtres.

Quant aux arcades en pierre qui éclairaient les galeries et les séparaient du préau, les plus simples offraient des cintres géminés portés sur des colonnettes et séparés de place en place par des pilastres destinés à contrebouter les voûtes. Les colonnes étaient rarement isolées, plus souvent accouplées (Fontenay, Côte-d'Or); dans quelques cloîtres, les arcatures ou baies sont au nombre de trois ou de quatre entre les contreforts (St-Trophime d'Arles).

Les chapiteaux des cloîtres étaient traités comme ceux des églises, et parfois historiés (St-Trophime à Arles, Moissac, St-Aubin d'Angers, etc., etc.), représentant des sujets tirés de l'Ancien-Testament, quelquefois entremêlés d'autres sujets plus ou moins étrangers. Ainsi, parmi les chapiteaux du cloître primitif de St-Georges de Bocherville, bâti dans la seconde moitié du XIIe siècle, et qui avaient été employés au XVI. siècle comme simples matériaux, lors de la reconstruction du cloître, se trouvait un des chapiteaux les plus curieux qui aient été décrits et figurés depuis la renaissance des études archéologiques: on voit

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sur ce chapiteau une suite de personnages, la plupart dans le costume royal, la barbe et les cheveux longs, jouant de divers instruments, au son desquels une femme jongleur danse sur la tête.

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