donjon de Norwich, quoique d'une époque postérieure, se rapporte encore au même type.

Les donjons carrés isolés au milieu d'une cour particulière, dont je viens de présenter tant d'exemples assez bien conservés, se rencontrent plus particulièrement dans le nord, l'ouest et le nord-ouest de la France et en Angleterre que dans les autres pays. Dans l'est, dans quelques régions du centre et dans le midi de la France, le donjon était moins une tour d'habitation qu'une tour d'observation: il avait conséquemment une importance moins grande; il ne se détachait pas aussi nettement des bâtiments de la place et se liait souvent avec eux. Cependant nous trouvons des donjons considérables dans quelques places de ces contrées. Tel est le donjon d'Huriel en Bourbonnais (V. la page suivante). C'est une tour dont le plan, en forme de carré-long comme celui de Beaugency, a 10 mètres environ sur 11,70; elle s'élève sur un terre-plein entouré de quatre petites courtines flanquées de quatre tours d'angle, mais qui sont moins anciennes. L'épaisseur des murs de ce beau donjon est de 2,70 à la partie inférieure, de 1,75 vers le milieu de la hauteur, et enfin de 1,20 à la partie supérieure.

méridionale de la France, lequel présente, comme les donjons anglais

Tel est encore le donjon du château de Montélimart, dans la région

Vue du château de Montélimart. (D'après le dessin de M. Bouet.)

et normands, une tour carrée en saillie sur la masse principale. De belles fenêtres cintrées éclairent l'étage supérieur. On comprendra l'élégance de ces ouvertures par le dessin ci-joint. Les colonnes qui

supportent les archivoltes sont ornées de cannelures et de rinceaux. L'archivolte se compose d'un rang de palmettes, de claveaux alternatifs de deux couleurs et d'un cordon garni de billettes. Chaque arcade renferme deux baies. Telle était la partie centrale de l'habitation

Spécimen des fenêtres du château de Montélimart.

des seigneurs de Montélimart au XIIe siècle. La façade de ce château plane sur la ville et regarde la vallée du Rhône. L'éminence sur laquelle il est assis est défendue, du côté opposé, par une autre vallée et par une rivière.

TRANSITION.

E

'N même temps que, dans l'architecture religieuse, de notables modifications se préparaient durant le XIIe siècle, d'autres changements se manifestaient dans l'architecture militaire. La forme cylindrique ou polygonale adoptée pour le donjon, et quelques autres particularités que je vais indiquer, caractérisent parfois, pour cette architecture, la période de transition.

Ce fut principalement sous les successeurs de Henri Ier, sous Henri II auquel on dut un assez grand nombre de constructions, et sous Richard Coeur-de-Lion, que ces changements se produisirent. Ils coïncident donc précisément avec la période durant laquelle s'opéra la transition du plein-cintre à l'ogive : ceci nous prouve qu'il régnait, à cette époque, un besoin d'innover qui se révélait dans les édifices militaires comme dans tous les autres.

L'examen de quelques châteaux va nous montrer ces tendances.

CHATEAU DE GISORS.-Le château de Gisors, un des plus intéressants de la province, fut bâti par ordre de Guillaume-le-Roux, vers la fin du XIe siècle (1097), sur les plans de Robert de Bellême, habile constructeur de forteresses. Mais Henri Ier augmenta considérablement, dans la suite, la force de ce château: il l'environna de murs d'enceinte fort élevés et de tours formidables.

Il est certain que Henri II fit aussi des réparations et des augmentations considérables au château de Gisors. Lorsque ce roi eut une conférence, dans cette ville, avec Louis VII, roi de France, en 1475, le château avait reçu, depuis peu, des accroissements notables, et de nouvelles tours avaient été élevées le long des murs, d'après le témoi gnage d'un chroniqueur contemporain; plus tard, en 1184, des réparations furent faites à la tour du donjon, aux murs qui entourent l'esplanade de la motte et qui existent encore, aux fossés, aux ponts