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«servées, ainsi qu'un banc de pierre alentour de la salle. Le plancher a cst pavé de briques de six pouces carré, vernissées, dont les huit • rangécs, qui s'étendent de l'est à l'ouest, sont chargées de divers écussons. L'intervalle entre chaque rang de ces briques est pavé d'autres briques ornées de rosaces, et le milieu représente une espèce de labyrinthe d'environ 10 pieds de diamètre... Le reste du pavé • présente divers carreaux formant des échiquiers.

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En sortant de cette salle, on entre à gauche dans une autre plus petite, nommée la chambre des Barons, de 24 pieds de largeur sur 27 € de long, pavée de la même espèce de briques, mais avec cette diffé⚫rence qu'au lieu d'armoiries elles représentent des figures de cerfs, et des chiens de chasse. Les murs de cette salle paraissent avoir été • décorés de peintures... >

Sous ces salles il y en a d'autres, dont les voûtes sont supportées par de belles colonnes, et qui servaient à coucher les personnes d'un rang inférieur.

Cette description peut donner l'idée des plus belles salles du XIV• siècle et de la fin du XIIIe.

Ja

Portes d'abbayes.

E présente deux entrées d'abbayes du XIVe siècle: la première avec deux portes d'inégales grandeurs, dans le genre de celles que j'ai citées au XIIIe siècle; la seconde avec une seule porte très-large et plus monumentale que la précédente. Ce dernier exemple prouve qu'au XIVe siècle on s'est affranchi quelquefois de l'usage consacré, d'établir une porte pour les gens à pied près de la porte principale. Cependant les deux portes se rencontrent le plus ordinairement au XIV. siècle et au XVe.

A

Abbayes fortifiées.

U XIV siècle, beaucoup d'abbayes se fortifièrent en établissant autour de leur enceinte une puissante ceinture de murailles. L'abbaye de St-Étienne de Caen, celle de St-Germain d'Auxerre et beaucoup d'autres montrent encore des débris de ces murs du XIVe siècle. Quelques abbayes eurent en même temps un fort ou une espèce de donjon. A l'abbaye de Condat, en Auvergne, une énorme tour, placée sur un monticule au-dessus du monastère, devait le protéger et servir de

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Porte de l'abbaye de Troarn

Entrée de la grande cour de l'abbaye du Plessis.

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refuge aux moines; il y en avait autant à l'abbaye de Montpeyroux (1).

Plusieurs de nos abbayes normandes avaient des forts commandés par un capitaine. Le fort de l'abbaye de St-Barbe-en-Auge (Calvados) avait pour capitaine, au XIVe siècle, un Bonenfant, seigneur du Breuil et de Magny-le-Freule, paroisses voisines.

Dans d'anciens dessins qui représentent l'abbaye de Ste-Trinité de Caen, on voit, entre l'église et la porte d'entrée, une tour carrée assez élevée qui ne pouvait être qu'une espèce de donjon.

En général, les établissements monastiques de différents ordres affectaient les mêmes dispositions; mais il est possible que quelques usages particuliers fussent observés dans les détails : nous ne pouvons constater rigoureusement ces faits, s'ils ont existé, dans l'état de ruines où se trouvent la plupart des constructions monastiques.

Un seul ordre, celui des Chartreux, a, par suite de la vie intérieure de ses religieux, considérablement modifié la disposition des édifices. On sait, en effet, que les Chartr ux vivaient isolés dans des cellules dont chacune avait un jardin, au lieu d'être réunis autour du cloître, près de l'église.

Il fallut un plus grand espace pour disposer des logements séparés, et un large préau avec un second cloître devint nécessaire.

Saint Bruno, fondateur des Chartreux, jeta, en 1086, les fondements de cet ordre à la Grande-Chartreuse, près de Grenoble, où saint Hugues, évêque de cette ville, lui avait concédé des terres incultes au milieu des montagnes.

Bruno et ses compagnons, dit Eliot dans son Histoire des ordres • religieux, bâtirent aussitôt un oratoire et des cellules fort basses et « fort pauvres, à une distance médiocre l'une de l'autre. Ils se logè• rent deux à deux dans chaque cellule, comme ils croyaient qu'en « avaient usé les anciens solitaires de l'Égypte. Tels furent les commencements de cet ordre, qui a pris son nom de cette solitude de Chartreuse. En 1137, il n'y avait encore que trois Chartreuses; mais un siècle plus tard il y en eut cinquante-six, et dans la suite on en compta en France jusqu'à soixante-quinze.

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Toutes les cellules des religieux étaient autour d'un grand cloître et à une distance égale les unes des autres. Il y avait dans chacune toutes les choses nécessaires à un homme qui renonce au monde :

(1) M. Branche, L'Auvergne au moyen-âge.

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chambre à cheminée, chambre à coucher, cabinet pour étudier, réfectoire, grenier et un petit jardin.

Indépendamment d'un grand cloître autour duquel étaient rangées les cellules, on trouvait dans les couvents de Chartreux, comme dans les autres maisons religieuses, un petit cloître près de l'église où les Chartreux s'assemblaient en colloque, les veilles des fêtes, pour lire et répéter les leçons qu'on devait dire à Matines; malheureusement il est très-difficile d'indiquer à quelle époque cette disposition régulière des cellules autour d'un grand cloître, et celle des autres bâtiments, furent consacrées. Tous les établissements de Chartreux que j'ai visités appartiennent à la période moderne: la vue précédente, que je tire du Monasticon (p. 215), présente une Chartreuse très-complète, mais d'architecture moderne.

On y voit la grande porte A, la première cour, area communis N, l'église B, près de laquelle est le petit cloître E, le grand cloître et son vaste préau H, autour duquel sont rangées les cellules I I, chacune avec un jardin particulier; puis des jardins potagers F F, et dans le pourtour des terrasses MM.

Je suppose que, dès le XIII et le XIV siècle, les couvents de Chartreux avaient adopté le plan régulier que nous leur voyons plus tard. M. Bouet a trouvé un grand cloître du XVe siècle dans la Chartreuse de Villefranche de Rouergue.

ÉVÊCHÉS.

u XIVe siècle comme au XIII, les évêchés présentaient un dimi

Anutif

nutif des monastères et une enceinte à peu près carrée, souvent divisée en deux cours. L'évêché de Sens conserve encore des bâtiments curieux du XIVe siècle : ce sont ceux qui bordent la place, au midi et à côté de la cathédrale: ils servaient, dit-on, à l'officialité.

L'extérieur imposant de l'édifice montre des ouvertures ogivales subdivisées en deux baies avec une rose dans le style rayonnant, et une magnifique fenêtre très-large que M. Victor Petit a dessinée (V. la page suivante ).

La grande salle capitulaire de Bayeux, dont nous avons donné le pavé (p. 206), fermait aussi l'évêché du côté de l'ouest, et comme elle a reçu des modifications au XIVe siècle, nous ne pouvons dire quelle était primitivement sa destination. L'évêché de Bayeux avait une première et une seconde cour. Les grandes fenêtres rectangulaires qui

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