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tation usité sous les Carlovingiens dans les églises, furent très-certainement aussi employés pour la décoration des édifices civils. Les

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chapiteaux ne furent pas autrement traités que ceux dont nous

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connaissons des types, et dont voici deux spécimens assez remarquables.

Il faut admettre, d'ailleurs, que beaucoup de palais ou de grandes maisons furent construites en bois ou en clayonnage. Dès lors, la décoration intérieure se composait surtout de peintures et aussi de sculptures sur bois.

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TOITS. - Les toits composés de tuiles à rebords et de tuiles rondes ont été employés généralement pendant les premiers siècles du moyenage, et beaucoup plus longtemps dans certaines contrées, dans nos provinces méridionales, par exemple.

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A Rome et dans quelques parties de l'Italie, on trouve eneorc ce mode de toiture: il serait donc impossible de préciser l'époque à laquelle on l'abandonna, car ce qui serait vrai pour un pays ne le serait pas pour un autre. Ce qu'il y a de certain, c'est que si dans quelques contrées on laissa de bonne heure les tuiles à rebords pour leur substituer des tuiles fixées au moyen de clous, dans la plupart des autres pays on modifia très-peu la forme des tuiles avant le Xe siècle.

HYPOCAUSTES. - Il est difficile de préciser l'époque jusqu'à laquelle on conserva l'usage de chauffer les appartements au moyen d'hypocaustes: les renseignements

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nous manquent. Les hypocaustes, ou planchers portés sur de petits piliers de briques, sous lesquels pouvaient circuler la chaleur et la fumée d'un fourneau dont le foyer était en dehors; les hypocaustes, dis

je, qui représentaient jus

qu'à un certain point nos fours à pain, en ce sens que la flamme en

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tretenue dans le fourneau du præfurnium, attirée par le courant, se répandait plus ou moins sous cette espèce de cave entre les piliers de briques disposés en quinconce, qui supportaient le pavé des appartements, étaient si répandus sous la domination romaine; il restait encore tant de foyers de ce genre au Ve siècle, que l'on dut les utiliser et même en construire à l'imitation de ceux qui existaient le plan de l'abbaye de St-Gall, monument du IXe siècle, prouve qu'alors on établissait encore des hypocaustes, car il indique positivement ce mode de chauffage pour le réfectoire; de bonne heure, pourtant, la cheminée qui avait été en usage dès le temps de la domination romaine, fut préférée à l'hypocauste.

L'hypocauste convenait surtout dans le temps où les murs de tous les appartements couverts de peintures auraient été ternis par la fumée des cheminées, où la civilisation romaine avait introduit partout le goût d'un confortable et d'un bien-être qui se traduisait jusque dans l'établissement des pavés qui procuraient une chaleur douce et uniforme. Sans doute, le moyen-âge suivit les traditions de l'époque précédente pour les constructions; mais il n'adopta pas toujours les raffinements du style gallo-romain. La cheminée remplissait d'ailleurs un double but, celui de chauffer les appartements et de permettre d'utiliser le foyer aux usages domestiques, ce qui dut la faire préférer à l'hypocauste pour la plupart des habitations.

ÉPOQUE CARLOVINGIENNE.

L

Es règnes de Charlemagne et de Louis-le-Débonnaire furent trèsféconds en constructions monastiques.

Beaucoup d'abbayes établissaient alors leurs maisons d'habitation, et souvent elles obtinrent la permission de prendre pour matériaux les pierres des enceintes murales et des grands monuments romains.

« Une grande quantité de monastères, dit l'Astronome dans sa Vie de Louis-le-Débonnaire, s'élevèrent par les soins de ce prince, dans « toute l'étendue de sa domination, et de nouveaux furent même construits. Tels furent les monastères de St-Philbert, de St-Florent, de Charroux, de Conques, de St-Maixent, de Ménat, de Manlieu, de Moissac, de Savigni, de Massay, de Nouaillé, de St-Chafre, de

« St-Pascent, de Donzère, de Solignac, de Ste-Marie, de Ste-Rade« gonde, de Véra, de Utera, de Valade, d'Anien, de St-Guillem, de « St-Laurent, de Ste-Marie-sur-l'Orbieu, de Caunas, et beaucoup « d'autres qui semblent s'élever comme des flambeaux pour éclairer « le royaume d'Aquitaine.

« Cet exemple fut suivi par une multitude d'évêques, et même beau« coup de laïques, frappés d'émulation, réparaient les monastères en « ruine, ou en construisaient de nouveaux, à l'envi les uns des autres (1).» On ne peut douter que tous ces édifices ne fussent ce qu'il y avait alors de plus remarquable en architecture civile: aussi excitaient-ils particulièrement, par leur importance, l'attention et la convoitise des pirates qui désolèrent la France au IXe siècle.

Le plan de l'abbaye de St-Gall, en Suisse, publié par Mabillon dans le t. II des Annales de l'Ordre de saint Benoît, et il y a quelques années en Angleterre par M. Willis, est pour l'architecture du IX siècle un monument de la plus haute importance, que j'ai plusieurs fois recommandé à l'attention des archéologues. En effet, si ce n'est pas celui de l'abbaye elle-même, on s'accorde à le regarder comme un type datant du IXe siècle, un projet modèle que l'abbé de StGall consultait pour la disposition des édifices qu'il faisait construire à cette époque.

Ce plan, ou plutôt ce projet pour un très-grand monastère, dont l'auteur n'est pas connu, montre l'église circulaire, à ses deux extrémités et, au midi, un cloître carré accédait au réfectoire, aux salles et aux dortoirs.

Autour de ce centre principal se développent diverses constructions dont la destination est toujours indiquée par des légendes explicatives, et qui, en général, offrent dans leur forme carrée et leur cour intérieure l'imitation répétée de l'atrium des maisons romaines.

Le plan de St-Gall nous prouve qu'au IXe siècle la cuisine occupait dans les abbayes la même place que dans les siècles postérieurs ; elle était à proximité du réfectoire.

Ainsi, d'après ce plan, publié par Mabillon dans les Annales de l'Ordre de saint Benoît, la cuisine de St-Gall était carrée. Au centre existait un fourneau, fornax super arcus, dit la légende ; des cheminées devaient être disposées autour de la salle : quoique la légende

(1) Vie de Louis-le-Débonnaire, par l'Astronome. p. 95. Collection de M. Guizot, t. III, p. 340,

Apud Bouquet, t. VI,

n'en parle pas, la disposition du plan permet de le supposer. Il y a
lieu de croire aussi que des tuyaux de cheminée s'élevaient du toit

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pour recevoir la fumée du fourneau central et au pourtour pour
conduire au dehors celle des cheminées, comme nous le verrons, au
XIIe siècle, dans des cuisines dont je présenterai des figures.

Ce plan, extrêmement curieux, nous prouve aussi que les hypo-
caustes étaient encore en usage au IXe siècle.

Ainsi, en dehors de la grande pièce située à l'est du cloître et qui tient la place de la salle capitulaire, existe un foyer que la légende

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désigne ainsi : FOYER POUR LA CHALEUR, caminus ad calefaciendum; c'est

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