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Cluny nous a présenté plusieurs maisons en pierre du XIIIe et du XIVe siècle. Vis-à-vis de l'église Notre-Dame, on en voit une qui doit dater de la première moitié du XIIIe, ainsi que l'annoncent les chapiteaux à crochets et les tailloirs carrés de ses colonnes : les fenêtres du premier sont conservées et offrent six baies rectangulaires, surmontées d'une arcature à trois lobes (Voir la planche, p. 181); les arcades trilobées reposent alternativement sur des colonnes groupées par trois et sur une colonne isolée, et l'on pourrait décomposer les six baies en trois fenêtres à deux baies, ce que fera comprendre mon esquisse. C'est toujours le premier étage qui a été le mieux traité et le plus éclairé ; le deuxième étage et le rez-de-chaussée sont bien moins intéressants.

La maison suivante (p. 183) a encore été dessinée à Cluny ; on y voit à peu près la même disposition que dans la précédente pour les fenêtres du premier étage; du reste, les maisons de Cluny présentent à peu près la même disposition. Toutes avaient un rez-de-chaussée, espèce de boutique ou de magasin, puis à côté une porte et un escalier droit pour monter au premier étage : j'ai trouvé cette disposition partout.

La petite ville de St-Antonin (Aveyron) renferme quelques maisons du XIIIe siècle. M. Bouet les a dessinées et plusieurs ont été déjà publiées.

M. le baron Chaudruc de Crazannes cite, dans la petite ville de Martel en Quercy, une maison intéressante qui doit être du XIIIe siècle ou du XIV. On rapporte, il est vrai, que Henri au court mantel, fils de Henri II, y mourut le 14 juin 1185; mais le dessin qu'on m'a procuré de cette maison annonce une date postérieure, et vraisemblablement elle a remplacé celle dont parle la tradition.

Une partie des fenêtres de cette construction qu'on nomme maison anglaise, sont ornées de grandes rosaces; d'autres fenêtres, qui se terminent en ogives, sont divisées en trois compartiments par des colonnettes; elles sont placées entre deux cordons parallèles de feuilles de vigne.

Il existe encore à Figeac plusieurs maisons qui se font remarquer par les mêmes formes architectoniques et les mêmes ornements. La principale est celle de Baleine vendue par Édouard III, roi d'Angleterre, l'année de sa mort (1377), aux consuls de Figeac. Les ouver

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tures en ogive, ornées de rosaces et de trèfles, ont absolument la forme de celles des églises.

Il se trouvait aussi dans les villes quelques maisons garnies de tourelles, et qui probablement appartenaient à des familles nobles. La ville de Gand qui, dès le XIIe siècle, avait beaucoup de ces maisons fortifiées, ainsi que le prouve un décret fulminé en 1179, par l'archevêque de Reims (1), renferme quelques maisons de ce genre que MM. Serrure et Voisin rapportent au XIIIe siècle ou au XIV. Ces deux archéologues distingués m'ont fait voir, sur la place du Marché, deux de ces maisons qui conservent encore leur ancienne physionomie malgré les fenêtres nouvelles qu'on y a faites.

Une maison mieux conservée et qui sert de caserne pour les pompiers de la ville, paraît du XIIIe siècle; elle montre un grand corps-delogis ayant en application sur une de ses façades, et à peu de distance des angles, deux tourelles cylindriques très-effilées qui s'élèvent jusqu'au toit. De hautes fenêtres, en forme de lancettes, surmontées d'un rang de petites ouvertures carrées, éclairent l'édifice du côté de la rivière qui en baigne les fondations. Plusieurs autres maisons de Gand, élevées au XIIIe siècle, offraient à peu près les mêmes caractères d'après M. Serrure.

Ce type de maisons avec tourelles en encorbellement aux angles se trouve aussi dans le midi de la France pendant le XIIIe siècle ; nous le voyons à Toulouse dans des maisons en briques (V. la page suivante), dont quelques-unes seraient presque intactes si l'on n'y avait ouvert des fenêtres carrées.

Figeac nous offre un assez grand nombre de maisous anciennes, dont plusieurs remontent au XIIIe siècle; elles ont été signalées dans le Bulletin monumental. Les figures qui suivent (p. 186) montrent deux cheminées intéressantes du XIIIe siècle terminées en clochetons, l'une de Figeac, l'autre de Rodez.

Dans quelques maisons anciennes du midi de la France, on voit, près des ouvertures des différents étages, des tiges en fer terminées par des anneaux dont a on donné plusieurs explications. Quant à moi, jusqu'à preuve contraire, je suppose que ces anneaux avaient pour but d'écarter et de soutenir les toiles que l'on suspendait devant les fenêtres, à l'ex

(1) Arces domorum quæ cum turribus æquipollere videbantur. Voir Recherches sur la statistique ancienne de la Belgique, par M. le baron de Reiffemberg.

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térieur des maisons, pour se garantir du soleil. Ces anneaux, qui maintenaient les toiles à une certaine distance des murs, permettaient de voir dans les rues tout ce qui s'y passait. M. Bouet croit aussi que ces crochets portaient des traverses sur lesquelles on séchait le linge.

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Provins, l'ancienne résidence des comtes de Brie, renferme encore aujourd'hui un grand nombre de maisons du XIIIe siècle. La plupart ont de belles caves voûtées en ogive; leurs fenêtres, leurs portes, la disposition intérieure et extérieure montrent parfaitement ce qu'étaient les maisons de ville au XIIIe siècle. Elles ont été décrites par M. Bourquelot, par M. Verdier et par plusieurs autres auteurs. J'en ai parlé moi-même, il y a longtemps, dans le Bulletin monumental.

Celle qui est connue sous la dénomination de granges aux dimes se compose d'un étage et d'un rez-de-chaussée, au-dessus de magnifiques

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