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DE LA SOCIÉTÉ

ARCHÉOLOGIQUE

ET HISTORIQUE

DU LIMOUSIN

TOME XIX

LIMOGES

CHAPOULAUD FRÈRES, IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ

Rue Montant-Manigne, 7

PARIS, 4, RUE HONORE-CHEVALIER

1869

HARVARD UNIVERSITY LIBRARY DEC 16 963

Warren

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PAR LA COMMISSION CHARGÉE D'EXAMINER
DIVERSES QUESTIONS

RELATIVES AU TRANSPORT DU MUSÉE CÉRAMIQUE
A L'ANCIEN ASILE DES ALIÉNÉS.

Séance du 16 mars 1869.

Présidence de M. DUBÉDAT, Président.

MESSIEURS,

Les travaux d'appropriation du local destiné au Musée céramique touchent à leur terme. Tout fait espérer que, d'ici à peu de jours, la Commission du Musée pourra procéder à l'installation des nombreux objets céramiques qui encombrent le Musée actuel, et que, à l'époque de la Saint-Loup, de nombreux étrangers pourront être admis à visiter ces belles collections, pour lesquelles la Ville, la Société Archéologique et les citoyens euxmêmes ont déjà fait de si grands sacrifices.

Sur le point de voir s'opérer un démembrement devenu nécessaire, la Société Archéologique, à laquelle, d'après les statuts, appartient la direction du Musée général, a été prise de scrupules. Tenant ses pouvoirs du préfet de la Haute-Vienne, elle s'est demandé quel devait être son rôle dans l'organisation d'un Musée purement municipal. Ces scrupules provenaient d'une préoccupation née dans les esprits d'un examen trop superficiel des documents relatifs à la création d'un Musée général. Ce Musée, pensait-on, n'avait pas d'état civil; et, comme le dépar

tement, la Ville et la Société Archéologique avaient concouru à sa création et à son développement, il était permis de concevoir quelques doutes relativement à la question de propriété. Pour éclairer sa religion, la Société Archéologique a, dans sa dernière séance, nommé une commission (1) de trois membres, chargée d'examiner les deux questions principales suivantes :

4° A qui appartient en définitive le Musée général, et quelle part peuvent en revendiquer le département de la HauteVienne, la ville de Limoges et la Société Archéologique ?

2o Au cas où la Société aurait quelques droits à faire valoir, ne conviendrait-il pas d'en faire abandon à la commune, mais seulement en ce qui touche le futur Musée céramique ?

La question principale, celle de propriété, est facile à résoudre, et il ne restera aucun doute dans vos esprits après le simple exposé que votre Commission va avoir l'honneur de vous présenter. Mais, comme la Société Archéologique a déjà plus de vingt-trois ans d'existence, et que l'histoire de la fondation du musée est aujourd'hui en quelque sorte oubliée, votre Commission croit utile d'entrer dans quelques développements.

Le Musée et la Société Archéologique sont deux institutions coexistantes, connexes, inséparables. Ils furent créés en même temps par arrêté préfectoral du 3 décembre 1845.

Il est dit dans cet arrêté :

« ARTICLE fer.

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Il est établi à Limoges une commission qui aura pour objet de s'occuper d'archéologie et d'histoire.

» ART. 3. La présidence de la commission appartiendra de droit au préfet.

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» ART. 4. Elle rassemblera les éléments d'un Musée départemental, et provoquera toutes les mesures utiles pour assurer la fondation définitive de cet établissement.

» ART. 5. MM. les maires, architectes, ingénieurs et agents-voyers sont invités à faire déposer à la préfecture, pour y être provisoirement conservés par les soins de la commission, tous les objets susceptibles de faire partie d'un musée d'antiquités, dont l'existence leur sera déjà connue, ou leur serait ultérieurement révélée par des travaux publics ou privés.

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(1) Cette commission était composée de MM. Dubédat, Hervy et Garrigou-Lagrange. Elle s'est adjoint MM. Maquart et Ruben, sous-directeurs du musée. Ce dernier a été désigné pour faire le présent rapport.

munes ou les particuliers, et dont il leur sera délivré récépissé, seront remis aux donateurs où à leurs représentants, sur le vu du récépissé, si le Musée n'était pas définitivement constitué au 1er janvier 1847, ou si l'établissement lui-même venait à être supprimé. Dans aucun autre cas, et sous aucun prétexte, ils ne pourront être retirés. »

Cet arrrêté avait été précédé d'une circulaire par laquelle M. le préfet invitait les communes à donner au Musée départemental les objets susceptibles d'être déplacés sans nuire à leurs intérêts, tels que vases, statuettes, fragments d'architecture, anciennes. armes ou armures, médailles, vieux tableaux, enfin tout ce qui constitue un musée d'antiquités (ce qu'était primitivement le musée départemental), et autorisait au besoin la convocation des conseils municipaux pour délibérer sur les dons que les communes voudraient faire.

Il résulte de l'arrêté et de la circulaire ci-dessus que le musée est départemental en tant que Musée archéologique et historique. Ajoutons que le préfet est président-né de la Société Archéologique et Historique, à laquelle a été confiée la direction de cet établissement; que, depuis sa fondation, des fonds pour son entretien ont constamment été votés par le Conseil général, et enfin que ce dépôt est installé dans un local appartenant au département.

Mais, de ce que le Musée est départemental, s'ensuit-il que, prenant à la lettre l'article 4 de l'arrêté précité, il faille conclure que tous les objets indistinctement, déposés au Musée par les communes, soient devenus la propriété du département? Votre Commission pense qu'il y a lieu de faire des réserves à ce sujet.

Tout bien considéré, quel est l'esprit qui a dicté la circulaire et l'arrêté ci-dessus? On y voit clairement que M. le préfet n'avait en vue que la création d'un Musée purement archéologique et historique. Les objets qui devaient être définitivement acquis au Musée départemental étaient ces armes, ces médailles, ces fragments d'architecture, ces poteries, trouvés dans le sol, n'ayant de valeur réelle que réunis en collection, et qu'il était urgent de ne plus abandonner à l'ignorante incurie des habitants. Il fallait en outre que le don de ces objets ne blessât pas les intérêts des communes; il fallait enfin que le dépôt au Musée fût précédé de l'approbation des conseils municipaux. C'est dans ce sens restreint qu'il faut expliquer les termes de la circulaire et de l'arrêté préfectoral. Il est clair que c'est la pensée qui a

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