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LE

RELIQUAIRE DE ST-VIVIEN

A BRUYÈRES

(Seine-et-Oise)

PAR M. L'ABBÉ MARSAUX

Curé-Doyen de Chambly

L

E temps, les variations du goût, les révolutions, les courses des chineurs, sont autant de causes qui font tous les jours disparaître les objets d'art de nos églises, surtout dans les campagnes où la modicité du budget rend la tentation plus puissante. Aussi peut-on considérer comme une bonne fortune de ren-` contrer quelque épave du passé.

Signaler ces épaves est un devoir; c'est aussi le moyen de les sauvegarder, de les rendre plus précieuses aux yeux de leurs possesseurs et d'en empêcher l'aliénation. A ce titre, permettez-moi de vous faire connaître un intéressant reliquaire de Bruyères (canton de l'Isle-Adam).

En 1881, faisant une excursion avec le Comité archéologique de Senlis, il m'avait été donné de l'entrevoir. Plus tard, nommé à la cure de Chambly, je me suis souvenu de ce reliquaire et grâce à l'obligeance du regretté M. Dupuis, curé de Noisy, desservant de Bruyères, j'ai pu étudier de près et faire photographier ce curieux spécimen de l'art médiéval.

L'usage des reliquaires est fort ancien. Dès les premiers temps

du Christianisme on enferma les précieux restes des saints et spécialement des martyrs dans de petits vases, boîtes ou coffrets, mais c'étaient là des objets d'un usage personnel; il faut arriver au moyen âge pour trouver le reliquaire liturgique. Les formes en ont été très variées croix, surtout réservées au bois de la vraie croix, châsses, cylindres, édicules, phylactères, bustes, bras, pieds, statuettes. Le reliquaire de Bruyères appartient à cette dernière catégorie (1). Il représente un évêque assis dans une chaière, revêtu des habits pontificaux. La forme du siège, l'ornementation des vêtements indiquent le xiie siècle. Nous n'hésitons pas à affirmer que le reliquaire de Bruyères date de la fin du XIe ou, au plus tard, des premières années du xive siècle. Il est en cuivre jaune ou laiton repoussé au marteau.

Ce détail n'est pas sans intérêt. Il montre de suite le prix du reliquaire. On voit combien il est supérieur aux productions modernes, la plupart du temps estampées, sans valeur comme travail et dont les formes pseudo-gothiques sont d'un goût douteux. Il suffit de visiter les rares trésors de nos cathédrales, de parcourir nos musées ou seulement de lire les anciens inventaires pour voir combien le moyen àge nous surpasse sous ce rapport. Mais revenons à notre charmant petit reliquaire de Bruyères. Il mesure 32 cent. de hauteur, y compris la base, et 29 sans elle.

Il représente, comme nous l'avons dit, un évêque en habits pontificaux, assis sur son siège. Le visage, d'un caractère naïf qui n'exclut point un air de sainte gravité, est rehaussé de couleurs. Il est assis sur un siège en forme de chaire ou de chaière, avec dossiers, mais sans appui pour les bras. Le sommet du dossier est ajouré en forme de quadrilobes. De chaque côté, à la place des bras, se dessinent deux légers contreforts avec larmier et ornements en retrait à la base. Tout le reste du siège est plein et privé de décoration. On remarque seulement quelques moulures sur le devant, à la base des montants du siège. Ils sont terminés par une pomme ou petite boule.

Passons maintenant à l'examen des vêtements :

L'amict apparaît à peine. On n'y distingue aucun ornement. La chasuble a la forme ample, flexible, aux plis drapant le célébrant, qui a prévalu durant tout le moyen âge. Autour du cou, selon l'usage de l'époque, le parement est brodé. L'ornement représente des croisettes inscrites dans des losanges (2). Le côté antérieur et le

(1) Un ancien invenventaire de la cathédrale de Noyon mentionne un reliquaire qui a beaucoup de similitude avec celui de Bruyères : « Un évêque assis sur une chaise tenant de la main droite un cylindre contenant des reliques. »

(2) Cet ornement très fréquent au XIe siècle, suffirait, à défaut d'autres indices, pour fixer l'époque de notre reliquaire. Nous retrouverons le même motif avec quelques variantes dans les sculptures du portail méridional de la cathédrale de Chartres.

côté postérieur de la chasuble portent tous deux un large orfroi en forme de croix. C'est un usage, sinon général, du moins assez répandu, comme l'atteste ce passage de l'Imitation : « Habet (sacerdos) ante se et retro dominicæ crucis signum ad memorandam jugiter Christi passionem », etc. (Imit. lib. IV, c. V. v. 3). Cette double croix est décorée des mêmes ornements que le collet. L'étole est complètement cachée par la chasuble, mais le manipule est bien apparent. Comme tous les manipules du xe siècle, il est droit, légèrement élargi à l'extrémité. Il est bordé d'un étroit galon. Sa broderie reproduit le dessin de la chasuble. Il est dépourvu de franges.

Sous la chasuble on distingue l'aube. Nous n'en parlons que pour mention, car elle n'offre rien de particulier. Au moyen âge la dentelle n'était pas encore connue et l'ornementation des aubes consistait en petites broderies appliquées sur l'étoffe. On les appelaient parements et ces aubes portaient le nom d'albæ paratæ, aubes parées, par opposition à celles qui n'avaient aucun ornement et qu'on nommait aubes simples, alba puræ ou simplices (1). Ces dernières tiraient toute leur beauté des plis disposés avec art. C'est du moins ce qui ressort du conseil donné par saint Charles dans ses Instructions: « Que les aubes, quand elles n'ont point de parures, soient un peu plus larges et un peu plus longues, afin qu'habilement relevées autour des reins, elles soient ornées de plis nombreux et élégants.» (Instruct. fabr. eccles. lib. duo, lib. II, sec. pars.) L'aube que porte notre saint évêque est bien de cette catégorie et l'artiste a multiplié les plis qui ne manquent pas d'élégance.

La mitre que porte l'évêque est, pour le fond, d'une étoffe à gros grain, elle est ornée de deux orfrois, l'un horizontal et l'autre vertical. Tous deux sont décorés d'un rang de grosses perles. La bande verticale est accostée en avant et en arrière de deux gros cabochons simulant des pierres précieuses. Enfin les deux pointes de la mitre portent chacune une grosse perle. Les fanons sont brodés et leur ornementation répète le dessin de la chasuble et du manipule (2). Dans sa main droite, l'évêque tient une crosse. La volute est en forme d'S. Le dos est garni de crochets assez

courts.

L'évêque tient sur ses genoux une sorte de corbeille destinée à renfermer les reliques. Cette corbeille ou petit bassin est décorée de godrons. Le couvercle consiste en une glace aujourd'hui brisée,

(1) Les aubes s'appelaient encore abbæ feriales, aubes des féries, ce qui indique suffisamment leur usage et explique leur simplicité.

(2) Au sommet de la mitre entre les deux pointes il y a une sorte de cheminée qui nous a longtemps intrigué; après mûr examen, nous pensons qu'il s'agit tout simplement d'une soudure dissimulée avec habileté.

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