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théâtre. Dans le port est le pic Crag. Le fond est excellent. La pointe Image est ainsi nommée à cause de gros cailloux noirs, qui semblent des figures assises sur des piédestaux. Plus loin, est un petit rocher qui ressemble à une ruine gothique.

La ville Ke-long est située au fond du port; ce n'est autre chose que des huttes en bois, chétives et sales; les habitants paraissent fort misérables. Il y a un bazar à la pointe So-wan, à Ke-long, où l'on trouve des cochons, des poules et des légumes. Le Royalist (capitaine Collinson et lieutenant Gordon) est resté vingt jours à Ke-long, lors de son voyage en 1847, et a pu faire de bonnes observations.

Ke-long fait un grand commerce avec la rivière Min, avec Chin-Chew, Amoy et Tong-sang, en charbon de terre, riz, camphre et huile d'arachides (pistaches de terre).

Sur la côte ouest de Formose, est le port Tam-sui à 8 milles en partant de la pointe nord de l'île; au delà est la montagne de sables dite pointe Pak-sa. La côte est bordée de récifs; le brick Ann s'y est perdu le 10 mai 1842.

Le port Tam-sui est par 25° 10′ 6′′ est de latitude, longitude est 119° 6'.

La principale ville du nord est dite Man-ka, à 13 milles, sur la grande rivière qui se jette dans le port. Il y a un grand commerce avec la province de Fo-kien, en charbon, huile, soufre, bois de camphre, etc.; les bœufs, cochons, chèvres, poules, légumes y sont en abondance.

A 9 milles dans le sud du mont de la Table est

XVIII. JUILLET. 2.

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le port Teuck-cham; là est une rivière appelée Kéongsang avec un pic remarquable.

Le lieutenant Gordon pense que dans le canal de Formose, il ne faut pas serrer la côte de Chine. Il vaut mieux suivre l'autre.

Au port Kok-si-kon, par 23° 5' 59" et 117° 44′ 51′′, sont des groupes de huttes un peu plus considérables qu'ailleurs, suivant le capitaine John Richard, commandant du Saraçen, qui l'a visité en 1855.

La passe est comblée.

Le mont Ape dans le sud doit être reconnu avant d'aller à ce mouillage.

A 2 milles 1/2 du fort Zélandia, vieux fort hollandais dans l'intérieur du pays, est Taï-Wan, la principale ville, assez belle, avec des rues larges, propres et pavées en briques; on y trouve le riz et le sucre, produits du pays.

La côte entre le vieux fort hollandais et le mont Ape est presque en ligne droite.

Le mont Ape, appelé Ta-Kau, est à 22 milles 1/2 dans le sud-est du fort hollandais; il a 315 mètres de haut, avec la forme d'un cône tronqué; latitude 22o 38′ 3′′, longitude 117° 56′ 21′′; il est très utile à la navigation parce qu'il est très saillant; c'est un grand bloc de corail, avec l'apparence d'un cratère de volcan, mais sans aucune trace de terrain volcanique. Au nordest, autre montagne de 238 mètres, dite Por-pui-sua, et ainsi nommée comme ressemblant à une baleine endormie sur l'eau. Le mont Ape se termine par un grand bloc de rochers ayant l'apparence d'un môle, qui s'avance à 270 mètres; c'est là qu'est le petit port Ta-kau-kon.

L'ile Lamay (ou Lambay), latitude 22° 19' 15" et longitude 118° 7', est à 39 milles dans le nord-ouest du cap sud de l'île.

Il ne faut pas perdre de vue que la côte ouest de Formose est dangereuse pendant la mousson de sud

ouest.

La ville de Pong-li est très peuplée et a un bon bazar; elle est gouvernée par un mandarin; à 18 milles est la baie Liang-Kiew, presque inconnue, et qui est un bon abri contre la mousson de nord-est. Cependant, en 1848 ou 1849, un bâtiment s'est perdu à quelques milles dans le sud.

Côte est. Depuis le cap sud à la baie Soo-au, le côté est de l'île est formé d'une chaîne de montagnes de 2400 mètres de hauteur. Contre l'opinion commune, il faut savoir qu'il n'existe point de ports ni de rivières sur la côte est de Formose; à tort, on en a marqué sur les cartes. Il ne s'y trouve pas d'habitations. Toutefois il y a une baie que les Chinois appellent Chock-e-day, par 24° 6' latitude, et 119° 23' longitude.

C'est la baie Soo-au, qui est la limite des Chinois et des indigènes. Le seul bon port à vrai dire de toute l'île Formose est dans cette baie; c'est même un excellent mouillage qui peut servir pour quinze à vingt forts bâtiments (1). On y trouve du riz en grande quantité et un peu de tabac. A 10 ou 12 milles au nord de Soo-au, il y a une rivière coulant dans une vaste plaine, et nommée Kaleewan, ayant de 2,7 à

(1) Il y a cependant deux autres bons mouillages devant les villages de Pak-hong et Lain-hong-o.

3,6 d'eau, large de 60 à 150 mètres. Les rives en sont parfaitement cultivées. Les villages sont habités par des tribus de Sick-Whan, qui, comme les Chinois eux-mêmes, parlaient avec terreur des sauvages des montagnes, bien qu'ils ne les eussent jamais vus. Le pays est riche en blé, riz et sucre,

Note sur les aborigènes de Formose.

Le capitaine Brooker, de l'Inflexible, est allé dans l'intérieur de l'île jusqu'à 6 milles. Une fois il vit sur la côte est des huttes avec une douzaine d'aborigènes et deux douzaines de Chinois. Les premiers sont nus, armés de lances polies, et portent des couteaux; on les appelle tche-whan, c'est-à-dire entièrement sauvages. Ils sont quatre mille dans les montagnes, vivant de patates (qu'ils cultivent) et d'animaux sauvages qu'ils tuent à coup de flèches. Ils communiquent avec les Chinois par signes. Ils sont grands, bien faits, semblables aux Malais (sauf la couleur) et portent une longue chevelure noire. Ils ont les reins ceints d'une petite ceinture noire où se pose le couteau.

Les Sick-Whan dont je viens de parler sont des sauvages domestiques; ils vivent avec les Chinois, hommes et femmes ; la chevelure des femmes est noire de jais; un bonnet de coton rouge enferme leurs cheveux; elles ont la bouche petite, les dents blanches. Cette race particulière a aussi peur des sauvages de la montagne que les Chinois.

Le capitaine Brooker a vu dans une partie du pays bien cultivée un établissement de cinq mille Chinois, sous la

conduite d'un riche négociant leur compatriote, et cultivant ses terres ; ils sont, pour lui, comme une armée qui le protége contre les exactions des mandarins. Cet homme a dit au capitaine que les aborigènes qui habitent la côte et vers le cap sud, sont excessivement féroces un Européen qui tomberait dans leurs mains serait perdu.

LETTRE

DU DOCTEUR POYET A LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE,

contenant

LA DESCRIPTION DU DISTRICT D'ISLIMNIA.

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Votre bienveillance à mon égard m'a fait contracter envers vous une dette de reconnaissance qu'il me sera doux de pouvoir acquitter, si vous voulez bien de temps en temps agréer les quelques notices que j'aurai l'honneur de vous transmettre à l'avenir sur certaines contrées de l'Orient. La Bulgarie que je visite actuellement m'a fourni une foule de renseignements que je crois utiles au sujet de différentes localités de cet immense territoire encore si peu connu. Je prendrai au hasard dans cette série de descriptions de villes la première qui me tombera sous la main pour exposer à la Société de géographie, par votre honorable intermédiaire, l'importance de bien des localités restées inexplorées. Je me croirai heureux, monsieur le Président,

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