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imprimés sous leurs yeux, à l'aide de caractères en bois (1).

Le système de numération des Guaranis, très peu étendu, était en rapport avec l'état social de ce peuple et ses besoins d'échange, et n'allait pas au delà de quatre, ainsi que nous l'avons déjà dit. Après la découverte, le contact des Européens fit naître et développa peu à peu des relations commerciales, et les contraignit à emprunter les noms de nombre dont ils se servent concurremment avec les leurs.

Voici les quatre expressions primitives :

Pour exprimer 5, les Guaranis disent peteipo (une main); 10, moko ipo (deux mains). Au delà, ils ne cons de quantités absolues, et se contentent e comparaison. Ainsi, ils emploient les signifie beaucoup; hétà-héta, une grande pahaby, innombrables.

dire en passant, dans cette coutume compter dès le nombre des doigts

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chercher l'origine des

rages, devenus très rares, e ad usum patrum sociesantur, etc., anno 1721.

le nombre cing en éle

deux mains. Pour les

Ne connaissant pas la division du temps en année, les Caayguas comptent encore par la fleuraison des arbres et le nombre des lunes, mais sans dépasser le nombre quatre (1).

Les tribus guaraniennes qui ont émigré à l'ouest du Rio-Paraguay, quoique vivant hors du contact des Européens, paraissent avoir modifié leur langage. Ainsi, les Guarayos ont changé en chi les terminaisons en ti. Ils ne comptent, d'ailleurs, que jusqu'à dix.

La linguistique, ce guide précieux dans les investigations ethnologiques, a fait de récents et très notables progrès. On a compris les services que pouvaient rendre la connaissance difficile des langues et l'étude d'un caractère qui se transmet souvent inaltéré, immuable à travers la série des siècles, dans la recherche de l'origine et de la filiation des peuples.

Sous ce rapport, l'essai tenté par Balbi dans son Atlas ethnographique du Globe, sans être à l'abri de la critique, a rendu d'incontestables services à la science, et occupe une place importante à côté des travaux des deux Humboldt. De toutes parts de louables efforts se poursuivent dans cette voie. Au Brésil, les publications à l'aide desquelles l'Institut historique et géographique cherche à éclairer l'histoire des nations errantes au milieu des forêts vierges, ont donné dans toute

nombres supérieurs, ils frappent les mains autant de fois qu'il y a de décimales. (La Terre et l'Homme, p. 454.)

(1) Le système de numération des Indiens moxos (Bolivie), encore plus incomplet, ne va que jusqu'à trois, et les Chiquitos leurs voisins ne savent pas compter au-delà de un (Tama); ils n'ont plus ensuite que des termes de comparaison,

l'étendue de ce merveilleux empire, une vive impulsion à des travaux dont l'importance est restée trop longtemps méconnue (1).

ALFRED DEMERSAY.

LA CAZAMANCE

ET LES PEUPLADES QUI EN HABITENT LES BORDS.

PAR M. EUGÈNE SIMON.

Nos relations avec les populations de la Cazamance ont été si peu étendues jusqu'à présent que nous n'en connaissons ni le nombre, ni les mœurs, ni les tendances. C'est une lacune qui nous paraît d'autant plus regrettable que dans un pays dont les produits d'échange ne sont point des produits naturels, mais extraits de la terre par les soins et le travail des habitants, la population constitue un des éléments essentiels de sa fortune à venir et que l'ignorance de tout ce qui y a rap

(1) On a publié, il y a peu d'années, à Bahia, les ouvrages sui

vants :

Grammatica da lingua geral dos Indios do Brasil, 1 vol. in-8, 1851. C'est une réimpression de l'Arte grammatica da lingua brasilica, du P. Figueira;

Diccionario, idem, 1 vol.;

Epitome da historia dos Indios do Brasil, 4 vol.;

Medicina dos Indios, idem, 1 vol.

Ces livres renferment les noms et les vocabulaires de différentes nations et d'une foule de tribus d'autres sont annoncés pour paraître prochainement.

port nous prive par conséquent des moyens d'apprécier cet avenir aussi bien que le développement auquel notre commerce peut atteindre.

C'est un sujet qui mériterait de longues études, mais nous essayerons d'y suppléer par les résultats des observations que nous avons pu faire avec les moyens extrêmement limités dont nous pouvions disposer.

A un autre point de vue, ce genre de recherches nous paraît d'autant plus intéressant qu'il s'applique à des populations dont, ainsi que nous venons de le dire, par de rares exceptions existant sur la côte d'Afrique, le travail constitue les seules ressources. Fixés et réunis par le travail sur le même terrain, ils ne peuvent pas, comme les habitants du Sénégal par exemple, que nous ne voyons qu'en passant aux époques des traites, échapper au contact et à l'influence des Européens. Aussi pensons-nous que nulle localité aussi bien que la Cazamance ne favoriserait nos essais sur l'éducation de la race noire, si un tel projet entrait dans les vues généreuses de la France, parce que nulle part ces essais ne seraient moins contrariés.

Nous sommes convaincu enfin que la Caramance est destinée à devenir toute autre chose qu'un comptoir et que nous ne faisons en ce moment que dater et décrire l'origine et les débuts d'une riche et belle colonie.

Parmi le grand nombre de petites îles formées par la Cazamance en s'épanouissant sur le rivage de l'Océan, se trouve celle de Carabanne où quelques Européens ont créé des entrepôts pour le commerce de la haute Cazamance. Le plus remarquable et le plus important

de ces établissements appartient à l'agent français qui y a aussi fixé sa résidence.

Les cases des noirs occupent une grande partie de l'île assez petite d'ailleurs, et le reste ne présente qu'une surface de sable blanc inculte et dont la monotonie n'est rompue que par quelques arbres tels que le veloude, le néou et le figuier élastique. Dans les jardins attenant aux factoreries, on récolte des cocos, des oranges, des goyaves, des bananes, des citrons et des pommes d'acajou. Le caféier et les arbres fruitiers d'Europe n'y ont eu jusqu'à aujourd'hui qu'une végétation peu satisfaisante.

La population de Carabanne composée de quelques blancs, de noirs de Gorée, autour desquels se sont groupés des yolas venus des terres voisines de l'île et qui en forment la majorité et d'un certain nombre de nomades, peut être évaluée à un millier d'habitants.

Bien que l'éparpillement des cases qui forment le village de Carabanne et la longue distance qui les sépare accusent une société toute primitive en ce qu'ils témoignent du peu de cohésion qui existe entre ses éléments, on remarque cependant dans leurs constructions quelques progrès, avant-coureurs de ceux qu'on peut attendre de leur esprit d'imitation.

Ainsi la forme carrée, la porte et la fenêtre très rares dans les cases des noirs de Saint-Louis, entièrement inimitées dans les villages du Sénégal sont assez généralement adoptées par ceux de Carabanne et teudraient à prouver de leur part une certaine disposition d'esprit plus favorable à notre civilisation que de la part des noirs du Sénégal.

XVIII. AOUT. 4.

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