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creature mal aprinse qui souvent juge sans entreprinse mal pour bien et bien pour mal.

Vous Trosnes esquels pour la profunde et grant humilité que avés a Dieu, il se tient en vous et s'y repose et tient ses jugements comme juge en son trosne, priés lui qu'il lui plaise se plaire et reposer en moy, car a celle fin suis.

Vous Dominacions donnés moy,... je crée seigneurie sur mon corps telle qu'il appartient que de rien il ne m'ait en baillie.

Vous Principaultés, donnez moy grace d'estre subjecte a mes souverains sans murmure, sans desobeissance ny distraction.

Vous Potestez, impetrez moy force contre tous mes adversaires visibles et invisibles qui ont sur moy telle puissance que pareille n'est trouvée sur terre.

Vous Vertuz ouvrez et faictes miracle, en moy resuscitant qui suis mort par pesché, en moy guerissant qui suis malade et enluminant qui suis par mon pesché adveuglé.

Vous benoists Archanges anoncez nous le hault mistere de nostre foy.

Vous Anges bieneurez anoncez moy ce qui m'est besoing chacun jour à dire faire et penser pour autruy et moy sans demeure et sans sejourner.

Vous Patriarches donnez moy l'aumosne d'ardante et parfaicte amour.

Vous Prophetes donnez moy l'aumosne de cognoissance et de penitence.

Vous Appostres donnez moy l'aumosne de patience et de perseverance.

Vous glorieux Confesseurs donnez moy l'aumosne de sobriété et abstinence.

Vous benoistes Vierges donnez moy l'aumosne de pureté et netteté. E. DE B.

Aperçu sur la Généralité d'Alençon au XVIIe siècle, d'après le rapport manuscrit de M. de Pommereu, intendant de la Généralité d'Alençon, par M. Victor des Diguères.

Parmi les nombreux documents se rattachant à notre histoire locale, il en est un, demeuré en notre possession, qui jette quelque lumière sur l'état statistique, financier, judiciaire et administratif de la Normandie, vers la fin du XVIIe siècle.

A cette époque, on le sait, rien ne fut négligé pour l'instruction politique et administrative de l'héritier du trône, si prématurément et si déplorablement enlevé à l'affection de tous. Les études du vertueux duc de Bourgogne ne se bornaient point aux notions les plus complètes du gouvernement des peuples: il voulait encore être initié à la vie provinciale et à l'état matériel du pays, comme à ses légitimes aspirations.

Pour parvenir à ce but, des rapports détaillés furent demandés aux intendants des généralités et provoquèrent dans toutes les provinces une véritable enquête sur leur histoire, leurs populations, leur constitution physique, leurs productions naturelles, végétales, minérales, commerciales et industrielles (1). Les ressources financières, on le croit facilement, ne furent point oubliées. La magistrature, le clergé, la noblesse, la

(4) Une semblable notice fut demandée à chaque intendant, et Piganiol de La Force s'en est servi pour sa « Description géographique et historique de la France. Michaud, art. PIGANIOL.

hourgeoisie et le peuple, furent tour à tour passés en

revue.

L'intendant d'Alençon était à cette époque M. de Pommereu, qui administrait le pays depuis huit ans et devait le bien connaître. Il rédigea un mémoire de 168 pages in-fo, rempli de renseignements curieux et précis. Quel fut le sort de ce mémoire? Nous ne saurions le préciser. Toujours est-il que les archives administratives le conservèrent précieusement, car soixante-cinq ans après, le 4 juin 1762, le contrôleur général des finances Bertin écrivait à Louis-François Lallemand de Levignen, successeur de M. de Pommereu dans l'intendance d'Alençon, pour lui demander de nouveaux renseignements sur sa généralité, et lui transmettait une copie du mémoire en question, dont les spacieuses marges devaient être par lui annotées. De son côté, l'intendant fit faire pour les subdélégués d'autres copies destinées à recevoir leurs observations rectificatives ou complémentaires.

Il serait sans doute curieux de consulter un de ces exemplaires annotés, avec les détails locaux qu'il doit contenir; mais les marges de notre mémoire sont entièrement blanches, et force nous est de nous en tenir à son contenu que nous allons examiner.

Après un aperçu sur la situation géographique et l'étendue de la généralité, l'auteur s'occupe des rivières qui l'arrosent et des améliorations qu'elles réclament. La Sarthe serait assez facilement, et au grand avantage du pays, rendue navigable, comme l'a été la Mayenne; mais il faudrait supprimer plusieurs usines à farine et à forges, appartenant à divers seigneurs particuliers. L'Orne aussi pourrait être canalisée jusqu'à Argentan, et même jointe à la Dives,

mais l'élévation de la dépense a plusieurs fois fait avorter ce projet.

Puis viennent des considérations sur le climat et les productions du sol, qui, comme de nos jours, consistaient surtout en grains, fruits à cidre et herbages pour l'engraissement. Cette dernière et si considérable industrie s'exerçait déjà par l'acquisition, au printemps, des bœufs maigres du Poitou et de la Bretagne, revendus gras aux marchands de Sceaux et du Neufbourg. Les fromages de Camembert ne disputent point encore la prééminence aux Angelots et aux Livarots; mais Thomas Corneille va, quelques années plus tard, nous révéler leur existence, en défigurant un peu leur nom (1).

Le sainfoin, ce précieux fourrage, est à peine connu, si ce n'est aux environs d'Argentan. Le mémoire en parle comme d'une chose rare et curieuse : << L'on observe en cette contrée, dans les lieux éloignés des rivières, que les habitans sèment dans les terres de la bourgeoisie une graine qu'ils appellent du sainfoin. Cette herbe a une propriété qui est qu'après vingt ans elle laisse un sel dans les terres, qui les rend si fécondes, qu'étant ensuite labourées elles produisent de très-bon blé, sans qu'il soit besoin de les engraisser. >>

L'élevage des chevaux est déjà signalé, comme on le pense bien, dans un pays si voisin du haras royal du Pin (2), seulement on se plaint qu'ils aient le corps petit et la tête grosse. Les foires de Guibray et de

(1) Article Vimoutiers. Il écrit Calembert.

(2) Le haras royal du Pin ne fut fondé qu'en 1714; mais avant cette époque, il en existait un à St-Loyer.

Caen étaient les deux principaux débouchés de cette riche industrie, Grâce à la création du Grand Roi, notre belle race n'a pas aujourd'hui de rivale en Europe, et les foires du pays ne suffisent plus à son écoulement.

Plusieurs pages consacrées à l'histoire du Duché d'Alençon ne nous offrent rien de bien intéressant et nous les passons sous silence. Il en sera de même des nombreuses abbayes d'hommes et de femmes dont on retrouve partout la nomenclature. Nous relèverons seulement, en passant, le nombre des ecclésiastiques, des religieux et des religieuses, qui a singulièrement diminué depuis lors, puisque la généralité d'Alençon comptait à cette époque 2,285 ecclésiastiques, 337 religieux et 877 religieuses. Qu'on ne se hâte pourtant pas de se récrier contre les revenus absorbés par une telle quantité de prêtres. Beaucoup de cures ne rapportaient que 300 livres, le plus grand nombre de 7 à 800 livres, très-peu au-delà de 1,000, et quelquesunes seulement au-dessus de 2,000.

Presque tous les ecclésiastiques, au dire de notre mémoire, étaient de très-bonnes mœurs et s'acquittaient des devoirs et fonctions de leur état. Ceux des environs d'Argentan et de Falaise s'appliquaient particulièrement à l'étude et à la prédication. On y comptait un assez grand nombre de docteurs en Sorbonne.

Dans un pays dépourvu de places fortes, le gouvernement militaire ne pouvait être que d'une importance assez restreinte. Il était alors confié au marquis de Laigle, lieutenant du Roy pour le bailliage d'Alençon. Depuis Richelieu, la plupart des châteaux avaient été démantelés. Celui de Falaise, avec son fier donjon, qui a résisté jusqu'à nos jours aux injures du temps

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