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de la France avec le Portugal au temps de Mazarin, d'après des documents inédits.

Le chevalier de Jant, envoyé de Mazarin à la cour de Portugal une première fois en 1655, une seconde fois en 1659, a laissé de son premier voyage une relation demeurée jusqu'à ce jour inédite, dont le manuscrit original figurait au commencement du XVIIIe siècle dans la bibliothèque du président Bouhier. Il en avait été fait, paraît-il, du vivant de l'auteur et probablement par ses soins, un certain nombre de copies dont M. Tessier vient d'en retrouver une chez un libraire de Caen.

A son journal et à ses réflexions personnelles, de Jant avait cru devoir joindre les copies de toutes les pièces et documents officiels qui lui semblaient de nature à bien faire saisir l'objet et l'intérêt de sa mission, lettres, mémoires, traités ou projets de traités, instructions, etc. Le premier en date de ces documents remontant à l'année 1641, le dernier étant de l'année 1659, il y a là en réalité une sorte d'historique complet des relations entre la France et le Portugal au temps de Mazarin. Or, la rareté des documents concernant ces relations donne un véritable prix à la découverte de M. Tessier. Les négociations du chevalier de Jant sont d'ailleurs pleines des détails les plus précis sur le véritable état des rapports entre les deux pays dont l'entente, si naturelle et si nécessaire, était beaucoup moins cordiale qu'on n'est d'ordinaire tenté de le croire.

M. Guillouard, professeur à la Faculté de Droit de Caen, membre de la Société des Antiquaires de Normandie. Le baron de Bethencourt, roi des Canaries.

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M. Guillouard présente une étude biographique sur

une intéressante figure du XV siècle, le baron de Bethencourt, conquérant des Canaries. L'auteur de cette étude rappelle qu'une édition excellente du Canarien a été donnée, il y a deux ans, par les soins de M. Gravier, membre de la Société de l'histoire de Normandie et signale toute l'importance de cette publication.

Ce baron de Bethencourt présente en effet, dit-il, le type le plus complet du chevalier normand du moyen âge, toujours prêt à courir les aventures et à braver les danger, du moment où il s'agit d'illustrer son nom et de contribuer au développement de la foi catholique. Il fait ressortir la hardiesse de la conquête des Canaries, le petit nombre d'hommes avec lequel le baron normand l'a commencée et les difficultés de toute sorte qu'il a eu à surmonter.

M. Guillouard met surtout en relief le caractère doux et humain du conquérant et l'habileté avec laquelle il a organisé sa conquête, l'affection que lui témoignaient les indigènes et la popularité que sa mémoire a conservée aux Canaries; il montre aussi avec quel soin Bethencourt a voulu fonder aux Canaries la foi catholique et la joie qu'il témoignait en voyant son rapide développement.

Mais tout en rendant hommage à la mémoire trop oubliée de ce hardi marin, M. Guillouard remarque que cet oubli est en partie son œuvre, puisqu'il n'a pas craint de faire hommage à un souverain étranger de cette belle conquête, lui le chambellan du roi de France; faute qui n'empêche pas, dit-il, de regretter l'oubli dans lequel son nom est tombé en France, mais qui l'explique.

M. Fierville, proviseur du Lycée de St-Brieuc,

membre de la Société des Antiquaires de Normandie. Note pour une édition critique de Quintilien.

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M. Fierville, qui s'occupe depuis dix ans de collectionner les manuscrits de cet auteur conservés à la Bibliothèque Nationale et à la bibliothèque de Carcassonne, complète rapidement un ouvrage qu'il a publié en 1874 sur le même sujet, d'après la collection de six nouveaux manuscrits. Sur les quinze manuscrits que nous possédons en France, onze doivent servir à la nouvelle édition, mais dans des proportions différentes, suivant la classe à laquelle ils appartiennent. La première classe compte à la Bibliothèque Nationale trois manuscrits qui ont la plus grande valeur. Les trois autres classes ne sont pas moins bien représentées. L'auteur conclut qu'après la belle édition du docteur Halne, il y a une nouvelle édition à faire, parce que le savant conservateur de la bibliothèque de Munich a été trop exclusif. Il est, en effet, étrange que nos manuscrits aient été ainsi laissés dans l'ombre, quand ils sont si nombreux et si importants. Cette édition aurait ainsi pour base les meilleurs textes conservés dans toutes les bibliothèques d'Europe.

M. Sarot, vice-secrétaire de la Société du Cotentin, membre de la Société des Antiquaires de Normandie. Commission militaire siégeant à Granville en l'an II de la République.

Des renseignements puisés à des sources officielles ont fourni à l'auteur le moyen de rendre un compte détaillé de l'organisation du tribunal institué à Granville par le représentant du peuple Lecarpentier, non pas seulement pour juger les habitants qui s'étaient rendus coupables de complicité avec les ennemis de la patrie, mais

encore pour punir d'autres crimes politiques. Les noms des juges, les condamnations, les exécutions et les élargissements sont relevés avec soin. M. Sarot joint à tous ces détails des considérations sur des événements qui ont laissé à Granville d'ineffaçables souvenirs.

M. Quénault, vice-président de la Société académique du Cotentin et membre de la Société des Antiquaires de Normandie. La chapelle de la Roquette et son pèlerinage.

La chapelle qui fait l'objet de ce mémoire occupait un lieu servant de pèlerinage. L'auteur raconte quelques-unes des contestations qui eurent lieu entre les Augustins et l'évêque de Coutances.

Section d'Archéologie.

M. Eugène de Beaurepaire, secrétaire de la Société des Antiquaires de Normandie, lit une Note sur une découverte récente de bijoux de l'époque mérovingienne, à Valmeray, parmi lesquels il faut remarquer des colliers et des fibules en or et des vestiges d'ornements également en or, travaillés au repoussé, et qui font penser à ceux que l'on a trouvés dans les tombes antiques de la Crimée.

Rapport de M. Hippeau, secrétaire de la section d'histoire et de philologie du Comité des travaux historiques des Sociétés savantes.

MESSIEURS,

La section d'histoire et de philologie a désigné, cette année, la Société des Antiquaires de Normandie, dont le siége est à Caen, l'Académie nationale de Reims et la Société des Langues romanes, établie à Montpellier, comme dignes d'être signalées d'une manière toute

spéciale pour le mérite et l'importance de leurs travaux et de leurs publications.

Personne n'ignore les services rendus par la Société des Antiquaires de Normandie à l'archéologie, à l'histoire et à la philologie. Fondée au commencement de l'année 1823, elle a publié vingt-huit volumes de mémoires, et depuis 1864 un bulletin qui forme aujourd'hui huit volumes.

La première série de ses mémoires, de 1824 à 1836, contient des travaux d'un grand intérêt dus à ses fondateurs MM. Arcisse de Caumont, Auguste Le Prévost, de Gerville, Lambert, Deville, Féret et Pluquet. C'est dans les premiers volumes, notamment, qu'ont été publiées les notices de M. de Gerville sur les châteaux et les abbayes du département de la Manche et la dissertation de M. de Caumont sur l'architecture du moyen-âge, travail substantiel qui contient en germe tout le système que son auteur devait développer plus tard dans ses nombreux ouvrages.

Fidèles aux exemples donnés par ces maîtres, les membres de la Société des Antiquaires de Normandie n'ont cessé de parcourir toutes les parties du vaste champ ouvert à leurs recherches, et d'étudier, selon le programme adopté par les fondateurs, tout ce qui intéresse l'histoire et la littérature dans leur province, à l'époque celtique, sous la domination romaine et dans le moyen âge. Ils se sont efforcés avec un soin pieux d'arracher au vandalisme qui détruit ou, ce qui revient à peu près au même, soumet à des réparations barbares et sans goût, les admirables édifices religieux, militaires et civils, élevés successivement sur le sol normand. Ils se sont inspirés à la fois d'un vif et sincère amour pour la science, et de cet attachement

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