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et que notre système financier, qui fonctionne depuis trois quarts de siècle, a suffi à payer les grands travaux de la paix, et à réparer les désastres de la guerre, et a fait, en définitive, du crédit de la France, au milieu des circonstances les plus difficiles, le crédit le plus solide de l'Europe après celui de l'Angleterre.

M. Joly donne lecture de la seconde partie de sa Notice biographique sur Gérold le Gallois.

A l'occasion de certaines appréciations de ce personnage sur Henri d'Angleterre, M. Gaston Le Hardy exprime l'opinion que l'on doit attacher peu d'importance à Gérold, considéré comme historien. Cette manière de voir est combattue dans une certaine mesure pår MM. Joly, Tessier, J. Travers et Desdevises du Dézert.

Séance du 7 juillet. – Présidence de M. Gainat, viceprésident.

Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. G. Villers invitant les membres de la Société des Antiquaires de Normandie à assister à l'inauguration de la statue d'Arcisse de Caumont ;

2o D'une lettre du Président de la Société Linnéenne invitant la Compagnie à se faire représenter par son président à l'inauguration de la statue d'Élie de Beaumont.

Il dépose sur le bureau l'avis de l'ouverture de la session des Américanistes, dans la ville de Luxembourg, pour 1877;

Le programme de la 4o session du Congrès scientifique, qui aura lieu sous la direction de l'Institut des provinces, à Autun, le 4 septembre 1876;

Enfin, le prospectus de deux ouvrages sur Les mou

vements de la mer et l'Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches, que préparent deux de nos confrères, M. l'abbé Lecanu et M. Quenault.

Le même membre signale, d'après une lettre de M. Le Boeuf, d'Avranches, la découverte dans cette localité de pesons, en terre de brique, affectant une forme ovoïde tronquée. Ces objets ont été trouvés à Avranches, à la croix de Perrières, aux abords du boulevard de l'Est, à environ 4 mètres de profondeur; ils pèsent environ 96 grammes chacun.

Le Secrétaire rend compte d'une visite qu'il a faite dernièrement à Ardennes. Grâce à l'obligeance de M. Guillard, conseiller, propriétaire actuel de l'immeuble, il a été possible d'explorer, dans toutes ses parties, l'intéressante église de cette ancienne abbaye de Prémontrés. Par une circonstance exceptionnelle, ce curieux édifice, aujourd'hui à usage de grange, que tous les archéologués connaissent, se trouvait absolument débarrassée des pailles et des récoltes qui l'encombrent habituellement. Les constatations qui ont été faites seront l'objet d'une note détaillée destinée au Bulletin.

Il est procédé au vote sur la présentation, comme membres titulaires, de MM. Karren et Le Tourneur. MM. Le Tourneur et Karren, ayant obtenu l'únanimité des suffrages, sont proclamés membres titulaires. M. Pingaux, professeur de la Faculté de Besançon et auteur d'un travail remarquable sur les Saulx Tavannes, est présenté comme membre correspondant par MM. Desdevises du Dézert et de Beaurepaire ; il sera voté sur cette candidature à la prochaine séance.

M. le Préfet dépose sur le bureau deux bagues ornées de cabochons, trouvées aux environs de Beyrouth dans des tombeaux d'une date indéterminée.

Ces bijoux, remarquables par la beauté des pierres et l'élégance de la monture, avaient été achetés primitivement par M. Pertié, premier drogman du consulat de Beyrouth. Ils sont dignes à tous égards de la plus sérieuse attention.

M. Émile Travers fait passer sous les yeux de la Société une planche photographique reproduisant les trois faces du monument célèbre de Vieux. Grâce à une étude minutieuse de cette longue inscription, M. le général Creuly a pu la compléter et rectifier, sur certains points, la lecture qui en avait été proposée.

M. Renard fait don à la Société de la Description des Antiquités et Singularités de la ville de Rouen, éditée récemment par la Société des Bibliophiles rouennais, en y joignant la reproduction du plan de la ville de Rouen par Gomboust.

Des remercîments sont adressés à M. Renard, au nom de la Compagnie, par M. le Président.

M. Guillouard donne lecture d'une notice biographique sur Jean de Bethencourt, composée d'après le Canarien, journal de la conquête des Canaries, publié récemment dans la collection de la Société de l'Histoire de Normandie par notre savant confrère, M. Gravier.

M. Desdevises du Dézert lit un travail intitulé: Les Institutions de saint Louis (1267-1270). Dans cette étude, M. du Dézert s'est proposé de faire connaître et de résumer l'ensemble des renseignements relatifs à la justice, à l'état social, à l'industrie, aux rapports du pouvoir temporel avec la papauté, renfermés dans les Établissements, dans le Livre des Métiers et dans la Pragmatique Sanction. Notre savant confrère n'a pas ignoré les objections sérieuses qui ont été élevées contre l'authenticité des Établissements et de la Pragmatique, mais il a cru ne pas devoir s'en préoccuper,

l'objet de ses recherches étant moins de discuter des textes que de signaler le mouvement d'esprit et les tendances politiques que ces diverses dispositions législatives, en les supposant même apocryphes, serviraient encore à révéler. Il ne nous appartient pas d'entrer ici dans l'examen de questions aussi délicates. La reproduction des quelques lignes par lesquelles M. Desdevises du Dézert entre en matière suffira, croyons-nous, à faire connaître le point de vue particulier auquel il s'est placé :

<< Si l'on en croit la critique contemporaine, des trois monuments législatifs attribués au règne de saint Louis, le premier, les Établissements, serait l'œuvre privée d'un juriste, qui aurait mis en tête le nom de saint Louis pour donner plus d'autorité à son travail; le second, la Pragmatique Sanction, serait l'œuvre d'un faussaire, qui l'aurait composée pour appuyer la Pragmatique de Charles VII et aider à son succès; le troisième, le Livre des Métiers, serait seul authentique. Mais, en même temps, il est prouvé que si l'authenticité des Établissements et de la Pragmatique Sanction peut être contestée, les lois édictées, les mesures prises, les abus signalés sont parfaitement conformes à la vérité, qu'on les applique aux temps ou aux personnages; les preuves abondent, perpétuelles, décisives, et sont à notre avis de quelque poids en présence d'arguments qui ne sont, en résumé, que des preuves négatives, comme l'absence d'un texte positif ou la nouveauté de quelques formules. Aussi, pour les deux ouvrages attaqués, adhérant à l'opinion de MM. Beugnot et Henri Martin, et sans entrer dans le débat, qui n'a pour nous qu'un intérêt médiocre, nous les acceptons tels que la tradition nous les a transmis, et dans une

analyse rapide, faite sur leurs textes eux-mêmes, nous leur demandons ce qu'ils valent et à quoi ils ont servi. »

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M. Desdevises du Dézert, après ce préambule, esquisse rapidement la physionomie de ces trois documents. Nous croyons devoir nous borner à transcrire ici le passage dans lequel il expose les origines historiques des Établissements: « A partir du X° siècle, << nous dit-il, et des derniers capitulaires, la France << n'a plus de lois d'une application générale, mais une « quantité toujours croissante de juridictions féodales « et de coutumes régionales ou municipales indépen<< dantes les unes des autres. Partout on supprime les << textes pour n'avoir pas à les enfreindre, et l'arbitraire « est complet. Sans doute la royauté capétienne, née « elle-même de cette anarchie, était trop faible pour reprendre les traditions impériales, et leur essai « prématuré eût entraîné sa ruine. Mais elle pouvait, << sans choquer les grands vassaux, essayer ses forces << dans ses domaines, et bien conseillée, surtout par «<les gens d'église, elle voulut, prétention louable et «<légitime, arriver à la prépondérance par l'exemple << en ayant la législation la plus équitable, la meilleure « monnaie, la police la plus exacte, les routes les plus « sûres, les sujets les plus riches et les plus heureux. « Ce plan est suivi depuis Louis le Gros; les Ordon<<nances en sont le développement, et la pensée géné« reuse qu'il exprime revit tout entière dans les Établissements de saint Louis..... Les deux cent dix << articles qui les composent sont moins un travail original qu'un recueil élaboré par ordre du roi, au << sein de son conseil, approuvé par lui et applicable << seulement aux terres de la couronne. >>

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