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Le château de Colombières a été retouché dans beaucoup de ses parties: quatre fenêtres surtout ont été défigurées, mais le corps des tours appartient probablement à la fin du xve siècle.

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Son enceinte, de forme carrée régulière, est entourée de fossés pleins d'eau. Le principal corps de logis occupe le

côté nord.

Le rez-de-chaussée est voûté et n'a point été défiguré ; les appartements des étages supérieurs ont au contraire été retouchés sous Louis XIV et même depuis. Aux deux extrémités de ce bâtiment allongé, sont deux tours rondes, qui protègent les angles : celle du nord-ouest renferme un appartement dont les décorations sont du xve siècle. Sur le manteau de la cheminée, on voit une guirlande de feuilles de choux frisés, dessinant une ogive en forme d'accolade.

La porte d'entrée se trouvait dans le côté est du carré, qui a seulement été détruit en 1820. De chaque côté de l'entrée existent encore les meurtrières, qui permettaient d'assurer la défense du pont-levis; les bancs de pierres des soldats de garde, et un guichet pour la surveillance des abords de la poterne.

Le château de Colombières avait une grande réputation de force dans le pays : c'était une des plus notables constructions militaires de la Basse-Normandie. Les seigneurs de Briqueville-Colombières furent pendant plus de deux siècles, à la tête de la noblesse protestante du Bessin. Ce furent eux notamment qui organisèrent le pillage du trésor de la cathédrale de Bayeux en 1562.

Au-dessus d'une porte à droite de la cour d'honneur, se trouve une inscription qui fut gravée en 1631 au-dessus de la porte d'entrée du temple de Colombières : un des foyers d'agitation calviniste les plus notoires. Elle est ainsi conçue:

<< Cherchez l'Eternel tandis qu'il se trouve, invoquez-le tandis qu'il est près, que le méchant délaisse son train et l'homme outrageux ses pensées, et qu'il retourne à l'Eternel, et il aura pitié de lui, et à Notre Dieu, car il pardonne tout et plus. (Isaïe, chap. 55, v. 6).

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M. le vicomte de Cussy de Vouilly, mon grand-oncle, a fait sur le château de Colombières des recherches considérables. Il a étudié notamment un aveu de 1594, qui fixe l'étendue du fief de Colombières et permet de se rendre compte de l'importance de ses seigneuries.

La famille de Colombières portait de gueules au chef d'argent. En 1872 Henri de Colombières rendit aveu au roi de son fief de Colombières.

Lors de l'occupation anglaise, les terres furent données en 1418 à Richard Drayton. En 1450, elles revinrent à Robert Portefaix et Christophe de Chatillon.

Jean de Colombières qui pouvait les clamer à droit lignager, céda ce droit à son oncle Roger de Briqueville (1). C'est à Colombières que naquit François de Briqueville, un des fameux capitaines de son temps. Son arrière-petit-fils vendit le château en 1718 à Jacques de Laage, conseiller-secrétaire du roi, qui ne l'habita point. Au moment de la Révolution, Colombières appartenait à la famille de Géraldin.

(1) Briqueville: Palé d'or et de gueules.

ÉGLISE DE TRÉVIÈRES

Trévières est l'ancien chef-lieu d'un doyenné qui comprenait trente-cinq paroisses.

En 1898, l'église ayant besoin de réparations urgentes, on prit le parti de la modifier complètement, en en changeant l'orientation. Primitivement orientée de façon que « la tête de l'église puisse indiquer exactement l'est, c'est-àdire la partie du ciel où le soleil se lève à l'époque des équinoxes »>, on la retourna. On supprima le choeur ancien, on fit de la salle basse de la tour l'entrée de l'église et on reporta l'abside demi-circulaire consacrée au sanctuaire à l'extrémité occidentale de la nef.

La tour est intéressante : elle doit dater de deux époques, la partie carrée est plus ancienne que la partie octogone qui la surmonte. Elle semble dater du XIIe siècle.

Le sculpteur de Laheudrie, originaire de Trévieres et qui y habite, a prodigué les ressources de son art et de son talent pour l'ornement de l'église, pour la décoration du tympan du portail d'entrée principale de l'église, et pour la décoration du maître-autel de 1902 à 1905 (1).

Le tympan du portail représente saint Exupère et saint Aignan, en costume pontifical, agenouillés devant le Christ assis et bénissant.

Le maître-autel en marbre blanc et bronze doré surmonté de trois statues de grandeur naturelle du Christ entouré de deux anges les ailes éployées. Au-dessous de l'autel une pieta d'une expression saisissante.

Le même sculpteur est l'auteur du monument des enfants de Trévières morts pour la patrie pendant la grande guerre. Ce beau monument, inauguré en 1921, est situé sur la place de l'église, en bordure de la route nationale.

Autour de l'église, dans le cimetière se trouvent plusieurs tombes anciennes, ainsi qu'un tombeau galloromain qui provient d'Etreham.

Nous repartons après avoir attendu quelques temps les automobiles, retardées par des incidents de route. L'heure

(1) Bulletin de la Société historique de Trèvières, 1921.

s'avance, et notre Président décide de ne point s'arrêter à Tour-en-Bessin, comme il en avait formé primitivement le projet. Nous jetons au passage un rapide coup d'œil sur le château de Tour, qui apparaît entre de belles avenues, et sur l'église ; puis arrivés à l'église de Vaucelles nous nous engageons sur la route qui mène au château, dont on aperçoit au loin la masse imposante.

Les voitures s'arrêtent à l'extrémité de l'avenue, et nous franchissons le portail d'entrée où le comte de la Rivière accueille aimablement les visiteurs.

J'assume la charge de servir de cicerone pour la visite de ce vieux château dans lequel s'est écoulée une partie de mon enfance, et après avoir réuni les congressistes dans le salon d'honneur, je fais la communication suivante :

VAUCELLES

L'agglomération de Vaucelles, en latin Valicella, est fort ancienne. La voie romaine, d'Augusto magus à Crocianotum passait à peu près à l'endroit où se trouve la route de Bayeux à Cherbourg, qui fut ouverte en 1758, et sur le tracé de laquelle on trouva près de l'église un vase d'albâtre

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rempli de monnaies romaines, et une figure dont Caylus à donné la description.

Le château ou manoir de Vaucelles est mentionné dès le XIIe siècle. Il appartenait à la famille de Vaucelles qui lui a pris ou lui a donné son nom, et qui semble avoir une communauté d'origine avec celle qui est actuellement représentée à Alençon, car les armes d'argent au chef de gueules billetté d'or sont presque identiques.

Le 12 avril 1871 (v. s.) le bailli de Caen visita les forts de Maisons, où Jehan de Vaucelles était capitaine, Villiers, Etreham, Tour, Cussy. (mss. Y 93. Bibliothèque de Rouen).

<< Item ce jour à Vaucelles, commandé fut à Messire << Enguerrand de Vaucelles que le dit fort fut appareillé au << jour de Quasimodo. »>

Depuis cette date, Vaucelles n'a jamais été vendu.

Ce fut sur la famille de Vaucelles que furent saisis les biens attribués par Henri V d'Angleterre, lors de l'occupation de la Normandie en 1418, c'est-à-dire dès le début. Nous lisons en effet dans la publication des documents de la Tour de Londres de Duffus Hardy et Stapleton, faite par la Société des Antiquaires de Normandie en 1863 (nos 116 et 598):

Don fait par Henri V, roi d'Angleterre, lorsqu'il fut maître de la Normandie :

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Guillaume Ayleston eut les terres qui furent à « Gauthier de Vaucelles et Richard de Sully, à la charge << d'une lance être poië à Bayeux, la feste de saint «Pierre a Vincula. »

et dans un autre document ;

« Guillaume Allinston, esc. reçut en 1418 à titre viager « pour ses bons services, une maison sise Rue Saint<< Malo à Bayeux, et ayant appartenu à deffunt Jehan << Chartier. »

Trésorier général de Normandie en 1419, il posséda aes maisons et des terres à Honfleur et Varaville, et avait obtenu

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