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CORRECTIONS ET ADDITIONS.

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Page 179, ligne 23. Lisez « Joullietton ». Les recueils biographiques passant sous silence l'historien de la Marche et du pays de Combraille, nous essaierons d'y suppléer brièvement. Joseph Joullietton naquit le 23 octobre 1768, à Chavanat (village qui fait aujourd'hui partie du canton de Saint-Sulpice-les-Champs et de l'arrondissement d'Aubusson), de Pierre Joullietton, maître chirurgien et de Marguerite Decourteix. Pendant les premières années de la révolution, jusqu'au 9 thermidor, il fut un des administrateurs de la ville d'Aubusson. En 1814, il était conseiller de préfecture du département de la Creuse. Plus tard, il fut nommé sous-préfet, et mourut vers la fin de la restauration. - Nous devons ces renseignements à l'obligeance de M. Victor Maingonnat, juge au tribunal d'Aubusson.

Page 190, ligne 19. Au lieu de « 1743 », lisez : « 1740, date du premier établissement des tapis façon de Turquie à Aubusson ».

Page 190, ligne 37. Ajoutez: « à teinte plate, synonyme de teinte uniforme, sans dégradation de tons. Telles étaient les rudes images tracées sur les anciens tissus de l'Orient, qu'imitèrent les tapissiers sarrasinois. Chez nous, les tapisseries proprement dites différèrent dès l'origine des grossières figures persanes ou byzantines. >>

Page 191, ligne 14. Nous avons dit, d'après le Nobiliaire de Nadaud, que Renaud VII était le dernier vicomte d'Aubusson. Suivant M. A. Bosvieux, qui fait autorité pour nous, ce serait Gui II, le père de Renaud VII.

Page 207, ligne 4. Chabrol désigne Pierre Peiot comme châtelain de Bellegarde en 1633. Nous croyons qu'il faut lire : « Pierre Picot. » En 1636, le châtelain de Bellegarde était Jacques Picot.

Page 225, ligne 35. Il faut ajouter aux noms des villages voisins d'Aubusson, et dans lesquels on fabriquait des tapisseries, ceux de Prondessagne, Randonnat, La Lune, etc.

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Page 226, ligne 3. Jean-Louis de Lantilhac, marquis de Gimel, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, mestre de camp de cavalerie, ancien exempt des gardes-du-corps da Sa Majesté, nommé par Louis XV, le 4 novembre 1765, maire de la ville d'Aubusson pour trois ans.

Page 251, ligne 39. La sénéchaussée de la Haute-Marche, qui, à l'origine, tenait successivement ses assises dans les différentes châtellenies

de son ressort, fut fixée à Guéret par un édit de François Ier, vérifié au parlement le 30 avril 1516. Ce fut ainsi, et seulement alors, que Guéret devient la capitale de la Marche. (M. A. BOSVIEUX, Rapport, 1862,

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loc. cit., page 9.) Page 259, ligne 34. La chaîne de toutes les tapisseries d'Aubusson et de Felletin était en laine; celle des tapisseries de Flandre était de chanvre ou de lin, et nous trouvons là un des motifs qui permettent de croire que les célèbres tapisseries de Boussac, dites de Zizim, sortent des fabriques marchoises. La différence de qualité et de préparation des laines employées chez nous pour la chaîne donnait lieu aux dénominations d'étain fil double et fil simple. Le mot étain (estamets, draps d'estame, estain ou laine longue) désigne une sorte de laine préparée pour la chaîne des ouvrages fins. A Aubusson, c'était un nom technique et local donné à des laines qui venaient particulièrement de Tulle (Corrèze).

Page 273, ligne 29: « grisaille ». — Nos tapissiers n'imitaient pas alors la peinture, comme on le fait aujourd'hui avec tant de succès, mais seulement le dessin. Les grisailles n'indiquaient aucune couleur : le tapissier était lui-même coloriste. Cette méthode de travail, qui était universelle avant la création des Gobelins, qui a été en usage à Aubusson et à Felletin jusqu'au commencement de notre siècle, est une nouvelle preuve de l'ancienneté de nos fabriques. Le Brun, dès son entrée aux Gobelins, combattit le mode de reproduction des vieux tapissiers flamands, qui se conserva à Aubusson. La tapisserie n'était pas chez nous un art de pure imitation, et il est incontestable que les anciennes traditions s'y sont mieux conservées qu'à Beauvais et aux Gobelins.

Page 289, ligne 25.- L'exposition actuelle de Londres, malgré plusieurs abstentions provoquées par l'exiguïté de l'espace réservé aux exposants français, sera une nouvelle et glorieuse date pour la fabrique d'Aubusson. Des voix très-autorisées disent pourtant qu'il ne faut pas s'endormir dans le succès. Pour nous résumer, espérons qu'Aubusson aura un jour son musée industriel, et que l'on ne tardera pas à rouvrir les écoles de dessin dont notre ville était si largement dotée au siècle dernier. L'Italie du moyen âge et de la renaissance a tenu le sceptre des arts et du goût : la France en a hérité depuis Louis XIV; mais il ne faut pas oublier que, pour se maintenir à un si haut rang, il faut travailler sans relâche à se perfectionner.

Aubusson, le 14 août 1862.

CYPRIEN PÉRATHON.

VILLA D'ANTONE.

Résumé des fouilles faites les 11, 13 et 14 octobre 1862.

MESSIEURS,

Dans l'une de nos précédentes séances, j'eus l'honneur de vous exposer qu'il serait nécessaire de faire des fouilles sur nos anciens monuments, et notamment sur la villa d'Antone, pour laquelle il n'avait jamais été rien dit ni rien fait, fouilles qui pourraient fournir des documents précieux à l'histoire de notre pays.

Vous accueillîtes favorablement cette proposition en nommant une commission composée de cinq membres MM. Maurice Ardant, Buisson-Mavergnier, Nivet-Fontaubert, Poyet et moi. Cette commission, lors de ses premières séances, avait décidé qu'on commencerait par l'ancien palais proconsulaire de Duratius, lorsque nous apprîmes que le génie militaire venait d'acheter les terrains sur lesquels devaient avoir lieu nos premières opérations, et que des fouilles assez considérables y seraient faites aux frais de l'État.

Des visites, par plusieurs de nos membres, ayant été faites auprès de M. le commandant du génie et de M. de Samy, l'ancien propriétaire, tous ont promis leur bienveillant concours aussitôt que les travaux commenceraient.

Cette circonstance, heureuse pour nos modestes ressources, n'a pas permis de réaliser immédiatement nos ardents désirs. Votre commission, Messieurs, n'a pu se réunir à cause de la maladie de M. Nivet-Fontaubert et du départ pour Montluçon

de M. Poyet, dont le zèle et les lumières nous feront défaut, nous le craignons.

je

Devant aller passer quelques jours à Pierre-Buffière, manifestai le désir à plusieurs de nos membres de faire faire quelques fouilles d'essai à la villa d'Antone : c'est le résultat de ces opérations préliminaires que j'ai l'honneur, Messieurs, de soumettre à votre appréciation.

Étant sur les lieux, je m'informai du nom des propriétaires à qui appartenaient ces ruines, afin d'obtenir l'autorisation d'y faire des fouilles. Je dois avant tout, Messieurs, remercier, au nom de la Société, MM. Roudeau et Seyvaud de l'empressement et de l'accueil bienveillant qu'ils ont mis à m'accorder l'autorisation, et à m'assister par leurs indications dans cette première tentative.

A un kilomètre de Pierre-Buffière, au confluent de la Briance et de la Blanzou, et à cinquante mètres environ au-dessus du niveau de ces deux rivières, existe un plateau où fut bâtie la villa d'Antone, dont la tradition nous a conservé le souvenir, et où l'on rencontre quelques murailles, éparses çà et là, qui attestent sa grandeur passée.

Si l'on en juge par l'aspect des lieux, elle avait au moins trois cents mètres de longueur sur cent douze mètres de largeur moyenne, ce qui présente une superficie de trente-trois mille six cents mètres carrés ou trois hectares trente-six centiares.

D'après cette proportion, les terres devaient être considérables. Le touriste est grandement dédommagé de son ascension par le vaste horizon qui s'offre à sa vue, et par le paysage varié du pays.

Les vallées profondes qui le sillonnent, et les nombreux cours d'eau qui les arrosent, et qui sont si peu utilisés, laissent une bonne part à la géologie.

Vous dire, Messieurs, la date exacte de la fondation de cette villa est au-dessus de mes connaissances. Peut-être plus tard, si les fouilles sont continuées, trouverons-nous des matériaux précieux qui attesteront son antiquité.

Doit-on prendre pour fondateur l'un des deux enfants mâles que le fameux triumvir Marc-Antoine eut de Fulvie, son frère Lucius, ou Antonin le Pieux, qui naquit à Nîmes le 19 septembre l'an 86 de notre ère, et dont l'histoire rapporte qu'il hérita de grands biens?

Telles sont, Messieurs, ces questions graves que vous aurez

à résoudre, ce que je laisse aux soins éclairés des historiens et aux savants numismates.

Après un examen des lieux, j'ai commencé dans une terre en labour, où les débris de moellon garnis de mortier, de tuiles et de marbre calciné, amoncelés sur les bords, prouvent l'ancienne splendeur de la villa. J'aurais dû m'écrier, comme le philosophe : « De vous j'invoque la lumière ! »

Je découvris le premier jour, à trente centimètres au-dessous du sol, un béton sur une longueur de plus de quinze mètres, parfaitement conservé, et reposant sur une couche argileuse très-épaisse.

Plusieurs tranchées transversales et longitudinales me firent découvrir un aquéduc qui convergeait sur cette plate-forme. L'orientation, qui est sud-ouest, me fait supposer que ce devait être la salle des bains.

Je rencontrai le lendemain plusieurs murs de refend, que j'ai fait suivre par de simples rigoles, afin de pouvoir en déterminer parfaitement l'arête; mais, dans l'un d'eux, je trouvai le parement intérieur revêtu d'un enduit ou stuc fait en mortier de chaux hydraulique et sable de rivière, couvert d'une couche de peinture, dont j'ai l'honneur de vous présenter un échantillon.

en

Sur les retraites de ce mur, formant plinthe, reposent des tuiles parfaitement conservées. Cette fouille est profonde de un mètre quatre-vingts centimètres à deux mètres en moyenne. Le troisième jour, je changeai de nouveau mes ouvriers, me dirigeant du côté sud-est, qui fait face à la Blanzou, et, après deux heures de travail, je rencontrai le parement d'un mur qui se prolonge assez loin. Lorsque les terres furent enlevées, je découvris une maçonnerie parfaitement appareillée par assises régulières de quinze centimètres de hauteur, se coupant alternativement, dont les joints étaient fortement motivés par une légère rayure en mortier fin. Cette maçonnerie est soutenue par des contre-forts de même appareil, espacés quelques-uns de un mètre quatre-vingt-douze centimètres, et qui font supposer qu'il existe une voûte intérieure, puisqu'ils doivent être faits pour faire équilibre à la poussée.

Je fis fouiller à trois mètres cinquante centimètres environ pour m'assurer si les fondations étaient basses, et en même temps si je ne trouverais pas une issue qui me permît de pénétrer dans

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