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Aujourd'huy, 25 may 1703, on a chanté un Te Deum, dans l'église Sainct-Pierre, en actions de grâces de la prise du fort de Khel (1). Tous les couvents et parroisses y ont assisté à l'ordinaire, ainsy que les deux compagnies du Présidial et de la Vicomté. M. Foucault, intendant, y assista à la teste du Présidial. M. de la Taillaye, major du Chasteau, avoit mis trois soldats pour garder sa place dans l'église, aux bancs du Chasteau. M. l'lntendant les en fist chasser (2), estant la première place et celle du Présidial. Il n'y vint pas. Il commandoit la place, MM. de Coigny et de la Croisette estant absens pour lors. On tira au Chasteau trois vollées de canon de toute l'artillerie, dans le temps qu'on mist le feu au buscher qui estoit au car

(1) Prise de Kehl par le maréchal de Villars, le 9 mars 1703. (2) En ces temps-là, l'usage d'un prie-Dieu, soubs la lampe, pouvait motiver les plus graves discussions. L'étiquette florissait et le panache aussi : nous avions conquis l'Alsace et la Lorraine...

Pour régler cette question, il fallut l'intervention de M. de Matignon. (Reg. de l'Hôtel de Ville, C. 80, fos 60 et 63.) Te Deum pour la victoire de Luzzara.— « Conflit à l'occasion d'un prie-Dieu placé au milieu du chœur. M. de Matignon ayant déclaré qu'il ne devait servir qu'au commandant de la province, et M. de la Croisette persistant à l'occuper... Après la cérémonie, délibéré sur cet incident, arrêté que le procès-verbal serait adressé à M. de Matignon ». « Lundi, 16 octobre. Reçu la lettre de M. de Matignon. Il approuve la Ville de ne pas tolérer de prie-Dieu. M. de la Croisette ne peut exiger non plus que la Ville aille le chercher au Château. Il faut seulement prendre son heure et le jour qu'il indique. L'Hôtel de Ville est le rendez-vous commun; s'il ne s'y trouve pas, le corps de ville peut se rendre seul à l'église. M. de la Croisette peut y venir de son côté et y tenir la première place, mais sans prie-Dieu ». Amen. Mais ce ne fut pas terminé ainsi, et nous voyons la prétention se reproduire.

refour Sainct-Pierre, à l'ordinaire, les bourgeois estant soubs les armes.

Aujourd'huy, 29 juillet 1703, on a chanté, dans l'église Sainct-Pierre, un Te Deum, en actions de grâces de la victoire remportée en Flandres (1), par M. de Boufflers, mareschal de France. Il a défait plus de 40.000 hommes. Il y a plus de 2.000 hommes tant blessés que prisonniers; il a pris beaucoup de canons, mortiers et plus de 50 chariots, en demeurant maistre du champ de bataille. Tous les couvents et parroisses y ont assisté, ainsy que l'Université, les deux compagnies du Présidial et de la Vicomté. Tous les bourgeois estoient soubs les armes dans la place. On a mis le feu au buscher après le Te Deum, au bruit de la mousqueterie: on a tire tout le canon du Chasteau.

Le dimanche, 7 octobre 1703, on a chanté le Te Deum, dans l'église Sainct-Pierre, en actions de grâces de la prise de la ville de Brissac, par Monseigneur le duc de Bourgoigne. MM. du Présidial et de la Vicomté et l'Université y ont assisté en corps. Après quoy, Messieurs de la Ville et le Maire mirent le feu à un buscher, placé dans le carrefour, au bruit de la mousqueterie de la bourgeoisie. On tira toute l'artillerie du Chasteau par trois fois.

Aujourd'huy, dimanche, 28 octobre 1703, on a chanté un Te Deum, dans l'église Sainct-Pierre, en actions de grâces de la victoire remportée sur les ennemys en Allemaigne (2), par les troupes du Roy, commandées

(1) Victoire d'Eckeren, remportée par le maréchal de Boufflers, le 9 mars 1703.

(2) Victoire de Hochstedt, remportée par le maréchal de Villars, le 20 septembre 1703, sur le comte de Styrum, lieutenant général du prince Louis de Bade, qui avait envahi la Bavière.

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par Mgr le duc de Bavière et M. le mareschal, duc de Villars, contre le comte de Styrum, commandant les troupes de l'Empereur, avec le prince de Bade. Il y a eu beaucoup de tués de part et d'autre, au nombre de plus de 10.000 hommes. Nous sommes demeurés maistres du champ de bataille, de tout leur canon et bagage et de quantité de prisonniers. MM. du Présidial, de la Vicomté et de l'Université y assistèrent comme à l'ordinaire; après quoy, Messieurs de la Ville mirent le feu au buscher, au milieu du carrefour, au bruit de la mousqueterie de la bourgeoisie. On tira toute l'artillerie du Chasteau par trois fois; il y avoit 32 pièces de canon.

Aujourd'huy, 15 décembre 1703, M. Héroult, sieur de Hérouville (1), a pris possession de la charge de conseiller du Roy au Bailliage et Siège présidial de Caen, que possédoit cy-devant M. Macé (2). Il est gendre de M. Maheut, escuyer, sieur de SaincteCroix (3), conseiller audit Siège. Il luy a fallu dispense.

(1) Jacques Héroult, sieur d'Hérouville. Il transmit sa charge à son fils Nicolas, sieur du Moustier, le 25 septembre 1724. Jacques Héroult mourut le 3 juin 1750 et fut inhumé dans l'église Saint-Julien.

(2) Daniel Macé : il avait été le tuteur de Huet. « J'appris, en 1703, lisons-nous dans ses Mémoires, la triste nouvelle de la mort de Daniel Macé, mon cousin, jadis mon tuteur, et alors un des plus sages conseillers au Présidial de Caen. Quoiqu'engagé dans une autre carrière que moi, qu'il aimât les plaisirs, entre autres l'équitation et la chasse, et qu'il eût horreur de la science, je ne laissai pas, dès mon enfance, de le révérer comme un père et de l'aimer comme un frère, à cause de l'agrément de son caractère et de sa constante bonté pour moi ». (Mémoires de Huet, traduits par Nisard. Paris, 1853, p. 239.)

(3) Nicolas Maheult, écuyer, patron et seigneur de SainteCroix-sur-Mer, avait été installé le 2 décembre 1676. Il mourut

Le dimanche, 23 décembre 1703, on a chante le Te Deum, dans l'église Sainct-Pierre, en actions de grâces de la prise de la ville de Landau (1) et de la victoire remportée prosche Spire, contre les troupes qui venoient forcer les lignes dudit Landau. Elle fut prise le 17 novembre dernier; elle a esté rendue avec une capitulation honneste, après un siège d'un mois. La victoire, qui fut remportée le jour précédent, fut complette. Ce furent M. le mareschal de Tallard et M. de Précontal qui remportèrent ceste grande victoire. Nous restâmes maistres du champ de bataille, du canon et bagage. Ils perdirent, tant en tués, blessés, que prisonniers, plus de 10.000 hommes. Nous y en avons perdu aussy beaucoup. M. de Précontal y fut tué. Elle couste beaucoup à la France. MM. du Présidial, de la Vicomté et de l'Université y assistèrent comme à l'ordinaire. Après quoy, Messieurs de la Ville mirent le feu au buscher, au milieu du carrefour, au bruit de la mousqueterie de la bourgeoisie. On tira toute l'artillerie du Chasteau par trois fois.

Monsieur le comte de Marsan, estant auprès de M. le duc de Bavière et ayant rendu de grands services au Roy, en ceste qualité, a esté faict mareschal de France, en recognoissance. M. le duc de Bavière luy en a marqué sa joye.

Le dimanche, 13 janvier 1704, M. d'Anfernet, chevalier d'honneur au Présidial, et le sieur Clouet de

le 7 mars 1704, à l'âge de 66 ans, et eut pour successeur le sieur Joseph-Hyacinthe Planchon, installé le 6 mars 1708.

(1) La prise de Landau et la victoire de Spire (15 novembre 1703) terminèrent la première période de la guerre de la Succession d'Espagne. Ces succès furent dus à Vauban, qui assistait le duc de Bourgogne.

Vaumorel ont pris séance à l'Hostel de Ville, comme ayant esté pourveus, sçavoir: le sieur d'Anfernet, de la charge de premier eschevin gentilhomme de ladite ville de Caen; et le sieur de Vaumorel, comme de celle de premier eschevin des bourgeois; celle de premier eschevin des marchands est levée par le sieur Charles Cousture, marchand; mais il n'a pas encore ses provisions (1). Quand il prendra possession, j'en feray mention cy-après. Il les a eues depuis et est en possession.

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Lesdites charges leur coustent, sçavoir: au sieur d'Anfernet, 10.000 livres et les 2 sols pour livre; au sieur de Vaumorel, 10.000 livres et les 2 sols pour livre; celle du sieur Cousture, 7.000 livres et les 2 sols pour livre. Ce, en conséquence d'une déclaration du Roy et d'un arrest du Conseil, du mois de janvier dernier, ou environ, qui érige lesdittes trois charges en titres d'office, ainsy que dans tout le royaume. Les eschevins qui avoient esté nommés à leur place, le jour des Cendres dernier, ont quitté et abandonné et les trois autres sont restés avec lesdits pourveus.

Aujourd'huy, 2 may 1704, Madame la marquise de Coigny, femme de M. le marquy de Coigny (2), fils de

(1) Les sieurs d'Anfernet et Cousture furent admis et prirent séance à l'Hôtel de Ville, le jeudi 14 mars 1704. (Reg. de l'Hôtel de Ville, C. 80, fo 151, vo.)

(2) La comtesse de Coigny, qui accompagnait la marquise de Coigny, femme du gouverneur de Caen, était arrivée au Château le 1er mai. Elles furent complimentées par M. de Vauxmorel. Le 28 avril, le maréchal et la maréchale d'Harcourt étaient aussi arrivés à Caen et étaient descendus à la Visitation. M. d'Anfernet, premier échevin, alla les complimenter de la part de la ville. (Reg. de l'Hôtel de Ville, C. 80, fo 153.)

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