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Son advènement à la couronne d'Espagne cause une grande guerre entre l'Espagne et la France, et l'Angleterre, la Hollande et l'Empereur, au sujet des droicts que l'Empereur prétend à la couronne d'Espagne.

Aujourd'huy, 15 novembre 1701, M. Le Roux (1), fils de M. Houel-Le Roux, conseiller en la Vicomté, a pris possession de la charge de Conseiller honoraire au Présidial, que possédoit cy-devant M. Le Rebours, curé de Sainct-Pierre.

Aujourd'huy, 9 janvier 1702, M. Thomas du Moustier, sieur de Canchy, a pris possession de la charge de lieutenant général au Bailliage de Caen, que possédoit feu M. Nicolas du Moustier, son père, qui l'a possédée pendant 41 ans. Ledit sieur de Canchy estoit conseiller de Grande Chambre au Parlement de Rouen et en grande estime.

Aujourd'huy, la milice bourgeoise, c'est-à-dire les miliciens que les bourgeois ont esté obligés de fournir par chaque mestier, dans toute la généralité de Caen, est partye pour Le Havre de Grâce et autres lieux.

Aujourd'huy, 20 febvrier 1702, MM. des HommetsFromage (2) et La Vacquerie-Hébert ont esté reçeus par Messieurs du Bailliage, aux charges de lieutenant de M. le vicomte de Caen et d'assesseur en ladite

(1) Marin-Joseph Le Roux donna la démission de sa charge en 1731, en faveur de son fils, Jacques Le Roux, qui lui succéda en septembre de la même année. Marin-Joseph mourut le 6 mars 1748 et fut inhumé le 8 mars suivant, dans l'église Saint-Julien.

(2) Son fils, Pierre-Nicolas-Guillaume Fromage, sieur des Hommets, fut installé au Bailliage et Siège présidial, comme conseiller d'honneur, le 7 mai 1745. Vieille famille de Caen qui donna son nom à la rue Fromage et, plus tard, Formage : cette famille possédait autrefois, selon Huet, toutes les maisons de cette rue. A la fin du XVIIe siècle, elle n'en possédait plus aucune.

vicomté, suivant le renvoi de leurs provisions, adressées au Bailly de Caen par Monseigneur le Chancelier. Ils ont expliqué une loy qui leur avoit esté baillée et ont répondu à quelques arguments qui leur ont esté proposés par M. de Canchy, lieutenant général, et quelques-uns de Messieurs les Conseillers; après quoy, ils ont presté le serment en tel cas requis. Ceste cérémonie a faict un peu de peine à Messieurs de la Vicomté, n'estant pas accoustumés à estre reçeus audit Bailliage, mais bien en Parlement de Rouen.

Le 1er mars 1702, on a faict l'ouverture, dans le diocèse de Bayeux, du jubilé de l'année sainte; il doibt durer jusques au dernier jour d'apvril.

Aujourd'huy, 19 mars 1702, Guillaume de Nassau, prince d'Orange (1), roy d'Angleterre par usurpation sur Jacques second, son beau-père, est mort en vray philosophe et grand politique.

Le lendemain, 20, Anne Stuart (2), espouse du prince Georges de Danemark et fille dudit Jacques second et sa belle-sœur, fut déclarée et proclamée reine d'Angleterre. Ledit Guillaume de Nassau, par son testament, a donné au roi de Prusse, son parent, tout son patrimoine, n'ayant pas laissé d'enfants. Il est électeur de Brandebourg et de la famille de Nassau. Ladite Anne Stuart, reine, a, dans le mesme temps, déclaré le prince Georges, son mary, généralissime

(1) Le prince d'Orange (Guillaume III) mourut d'une chute de cheval, au moment où il posait les bases d'une nouvelle coalition contre la France.

(2) La reine Anne, fille de Jacques II et d'Anne Hyde, sa première femme, était née en 1664. Elle avait épousé, en 1683, le prince Georges, frère de Christian V, de Danemark. Elle mourut en 1714.

des troupes d'Angleterre. Régnant sous le nom de Guillaume III; il est mort à l'âge de 51 ans.

Aujourd'huy, 6 apvril 1702, M. de GrammontBourdon (1) a pris possession de la charge de Conseiller du Roy au Présidial de Caen, que possédoit cydevant Monsieur son père.

Le 8 juillet 1702, la noblesse de la généralité de Caen est partie pour aller à La Hougue, pour empescher la descente que pourroient faire les Anglois ou Hollandois. La noblesse d'Alençon y est et d'autres troupes, tant milices que troupes réglées.

Aujourd'huy, 20 juillet 1702, un détachement de 300 bourgeois de Caen est parti pour aller à La Hougue, pour le mesme sujet que les mousquetaires et autres troupes.

Depuis trois mois, il part, tous les 15 jours, des compagnies de destachements des parroisses de la campagne, commandées par des gentilshommes, lesquels seront relevés les uns les autres, et ce pour le même sujet que cy-dessus.

Aujourd'huy, 22 septembre 1702, tous les mousquetaires gris et noirs sont passés par Caen, venant de La Hougue et Vallognes, pour s'en retourner à Paris et ailleurs (2). Tous les bourgeois, paysans et détachements, ainsy que la noblesse, tant d'Alençon que

(1) Augustin Bourdon, écuyer, sieur de Gramont, mourut en 1754, à l'âge de 57 ans. Il avait pour gendre un conseiller au même siège, Charles Harel.

(2) « En 1702, M. de Matignon vint commander sur la coste, avec quelques officiers généraux. Son quartier à Montebourg; le régiment dragons Sainte-Hermine aux environs; les régiments de plat-pays, Montaigu et d'Aigremont, aux environs de La Hogue, avec quantité de noblesse, de bourgeoisie des villes et milice de

de Caen, sont de retour aussy de La Hougue et remerciés.

Aujourd'huy, 1er septembre 1702, on a chanté un Te Deum, à Sainct-Pierre, en actions de grâces de la victoire remportée par le Roy d'Espagne et M. de Vendosme en Italie (1), contre les Impériaux, dans lequel combat ils ont perdu 7 ou 8.000 hommes et quantité d'officiers de distinction, et nous 2 mille hommes et beaucoup d'officiers. Nous sommes demeurés maistres du champ de bataille, du canon et de tout le bagage des ennemys; tous les corps de la ville assistèrent au Te Deum et M. de la Croisette, commandant du Chasteau, fist tirer trois vollées de canon, chacune de 24 coups. Tous les bourgeois estoient soubs les armes dans la place. Ceste victoire couste cher à la France.

Le lundy, 13 novembre 1702, on a chanté, dans l'église Sainct-Pierre, un Te Deum, en actions de grâces de la victoire remportée par la France en Allemaigne, soubs la conduite de M. le marquis de Villars, lieutenant général, contre l'Empereur (2). Les

toute la Basse-Normandie, crainte de descente des ennemis. M. de Lévy restant pour la marine et le sieur de Montigny, ingénieur, logé dans ma ferme.

« Les mousquetaires, c'est-à-dire la moitié des deux compagnies, soubs le commandement de MM. d'Artagnan et de Rigouville, vinrent en quartier à Vallognes, le 26 juillet, et en partirent le 17... les gris et les noirs le 19... Le Roy fist une compagnie de cadets gentilshommes». (Mémoires inédits de P. Mangon du Houguet, analysés par M. Léopold Delisle. Saint-Lo, 1891.)

(1) Victoires de Santa-Vittoria et de Luzzara, remportées le 29 juillet et le 15 août 1702, par le duc de Vendôme et le roi d'Espagne, sur le prince Eugène.

(2) Villars était parti au mois d'octobre 1702, après avoir arraché à la Cour la permission de combattre. Il défit à Friedlengen, le 14 octobre, l'armée du prince de Bade. Ses soldats le proclamèrent

ennemys y ont perdu plus de 10.000 hommes et la France peu de gens, quoy qu'ils fussent supérieurs de plus d'un tiers de troupes. Le Roy a donné à M. de Villars le baston de mareschal de France, en récompense. Tous les corps de la ville ont assisté au Te Deum. On a faict un feu de joye, dans le carrefour, comme à l'ordinaire. On a tiré trois vollées du canon du Chasteau, de chacune 30 coups. Le régiment de Louvigny, de présent en garnison à Caen, faisoit les fonctions des bourgeois, estant tous soubs les armes, dans la place, autour du feu.

En l'année 1702, M. le chevalier de BernièresLouvigny (1), fils de M. de Louvigny, conseiller au Parlement à Rouen, a achepté un régiment d'infanterie, qu'il a faict à Caen, où estoit le quartier d'assemblée. Il est composé de 12 compagnies et une de grenadiers. Beaucoup de jeunesse de Caen s'y est engagée, et M. Chazot, le chevalier de Cauvigny, le chevalier de Vimont et autres, ont pris des compagnies dans ledit régiment. Il en est party pour aller à Dunkerque, au grand contentement de la ville, parce qu'il y avoit beaucoup de garnements dans ledit régiment, le 2 janvier 1703.

Le dimanche, 14 janvier 1703, le Roy créa mareschaux de France, Messieurs de Chamilly, de Vauban, de Montreuil, d'Uxelles, de Tessé, de Tallard, de Rosès, d'Harcourt, de Chateau - Renaud et d'Estrées. Ils sont au nombre de dix.

maréchal sur le champ de bataille, et Louis XIV confirma ce titre en lui confiant le commandement de l'armée du Rhin.

(1) Messire Jean de Bernières-Louvigny, baron de Venoix, devint lieutenant général des armées du Roi, grand-croix de l'ordre militaire de Saint-Louis, et mourut en 1759.

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