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recteur de l'Université, occupant la première place, sans se mettre en devoir de nous la céder, et, au contraire, qui auroit persisté à la vouloir garder, nonobstant nos réclamations; nous disant qu'elle luy appartenoit en qualité de Recteur, et, comme nous avions voulu prendre la mesme place, ledit sieur Hallot, sans avoir esgard à nostre âge et dignité, auroit dit que l'acte cessât, en ces termes: Finiatur disputatio, faisant signe aux professeurs et religieux respondants de se taire et, quoyque l'acte dust durer jusques à six heures du soir, suivant qu'il est porté au commencement des thèses qui ont esté distribuées et que nous avons ordonné de continuer.

Néanmoins, le F. Chevillard, prestre, et le F. Clouet, président, et leurs religieux 'respondans, se joignant à l'insulte qui nous estoit faicte par ledit Hallot, discontinuèrent de respondre aux arguments du sieur Girault, professeur de théologie au Collège Royal de la Compagnie de Jésus, descendirent de leur place, quelque commandement que nous fissions de continuer, dont l'assistance, qui estoit fort nombreuse, fut fort scandalisée et de ce que le sieur Chevillard et les religieux s'estoient tous retirés et nous ont laissé dans la salle, sans avoir paru davantage, ni faict aucune excuse, ni aucune honnesteté sur ce qui estoit arrivé; et, estant resté dans ladite salle, aurions faict avertir Me Jean Guilbert. curé de Nostre-Dame de Caen, nostre official de Caen, de s'y rendre avec Me Gabriel du Ronceray-Auberée, chanoine du SainctSépulchre, nostre promoteur audit lieu, et Me NicolasJoseph Havel, greffier de nostre officialité, pour estre présents au procès-verbal que nous entendions dresser.

Ce que nous avons faict, en leur présence, pour servir et valoir à telle fin et ainsy que de raison; lequel procès-verbal nous attestons véritable en tout son contenu, en la présence encore de F. Jacques Jumelet, prieur des Jacobins; Maistre Gédéon Bauquet de Mauny, docteur en théologie de la Faculté de Caen. supérieur de nostre Séminaire; F. Louis Mondidier, jacobin; Édouard de Vitry, Claude Girault, René Houguant, Louis Raffard, prestres de la Compagnie de Jésus; Maistre Jean-Louis Dubois, Denis Le Pailleur, prestres, et plusieurs autres tesmoins qui se sont trouvés en ladite salle, lors de nostre arrivée, et qui ont resté jusquà ce que nous soyons parti.

(Suivent les signatures à la suite de celle de l'Évêque: François, Évêque de Bayeux).

ÉLOGE FUNÈBRE DES BREBEUF

Cet éloge, composé par Jean Cavelier, imprimeur à Caen, auteur de divers ouvrages d'érudition, se trouvait avant la Révolution, ainsi que nous l'indiquons en note au bas du texte des Remarques, dans l'église Saint-Gerbold de Venoix. Il avait été détruit à cette époque, avec la majeure partie de l'église.

Quand M. Marie, ancien professeur au lycée de Caen, paroissien de Venoix et auteur de l'Étude sur les trois Brébeuf, voulut, en 1874, après la construction de la nouvelle église, faire graver cet éloge sur une plaque de marbre placée dans la chapelle SaintGerbold, il se servit du texte inséré dans son Étude. Ce texte lui avait été donné, en 1867, par G. Trébutien, conservateur adjoint de la Bibliothèque de Caen. Celui-ci l'avait copié dans l'Athenæ Normannorum, du père Martin, cordelier, qui l'avait placé dans la biographie des Brébeuf. M. Trébutien, qui mourut le 23 mai 1870, ne connaissait pas le manuscrit des Remarques de Jacques Le Marchant, alors en la possession du libraire G. Mancel, qui le légua à la ville, avec ses collections, à sa mort, en 1872.

En 1874, au moment de l'inauguration de l'église de Venoix et de l'éloge funèbre, l'installation de la collection Mancel n'était pas terminée et M. Marie n'avait pu avoir connaissance des manuscrits dont le catalogue n'existait pas encore. Il ne connut donc pas le

texte inséré dans les Remarques, plus complet que

le sien.

Une autre variante nous est fournie par une plaquette in-12, de trois pages, sans titre, date, ni lieu d'imprimeur, mais imprimée certainement à Caen. Cette pièce très rare donne un texte qui diffère en certains points du premier.

Ces deux textes contiennent des lacunes et des erreurs et il ressort de la comparaison que nous avons faite, que la version insérée par Jacques Le Marchant dans ses Remarques, est la seule exacte, aussi bien pour le texte que pour les dates.

.Nous ferons remarquer que Jacques Le Marchant avait épousé, en premières noces, Catherine Le Pelley, qui était la cousine des Brébeuf, et que notre conseiller était l'ami intime du prieur de Venoix. Il en parle plusieurs fois dans ses Remarques, et tient d'autant plus à noter cette parenté et ces relations, qu'il en était fier à juste titre. Il n'est donc pas étonnant que J. Cavelier lui ait communiqué, dès qu'il l'eut composé, l'Éloge des Brébeuf et que le texte conservé par lui soit indiscutablement le meilleur.

Voici les variantes que nous avons relevées dans les textes de l'Athena Normannorum et de la plaquette citée, avec le nôtre.

Après la dixième ligne, les deux lignes suivantes manquent dans l'Athenæ :

Sortis et mansionis sejunxerat magna disparitas; Dispersos mors congregat in unum locum.

A la dix-huitième ligne, au lieu de tenuere, on lit dans l'Athenæ : tenuerunt.

Après la vingt-huitième ligne, la ligne suivante manque dans l'Athenæ:

Dom Nicolaus Brebovius.

Après la quarante-et-unième ligne, la ligne suivante manque dans la plaquette in-12:

Et pari, quo natus est, die tumulatus ac mense.

Dans cette même plaquette, la ligne suivante, quarante-troisième, contient une erreur dans le texte. Elle est ainsi libellée :

XXIX Julii (au lieu de 23), ætatis LXI, seculi XCI.

ci :

Dans l'Athenæ Normannorum, la version est celle

Jun. 23, anno præs. XCI, ætatis LXI.

Enfin, dans la plaquette, le nom du missionnaire martyr, Jean de Brébeuf, est écrit:

P. Jacobus Brebovius,

ce qui est une erreur grave, car le nom de Jacques ne se trouve pas dans les prénoms du missionnaire.

Telles sont les différences que nous avons constatées dans ces deux textes, en les comparant avec le nôtre. Celui de Jacques Le Marchant réunit tous les éléments de correction et d'authenticité.

Il est le seul complet et nous croyons qu'il doit être regardé comme la version exacte du texte de J. Cavelier.

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