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lieutenant général au Bailliage et Siège présidial, maire et juge politique perpétuel de ceste ville, a esté inhumé en l'église Sainct-Jean, au regret de tous les honnestes gens, estant un des plus habiles hommes de son siècle. Il estoit aagé de 87 ans et a esté 42 ans lieutenant général audit Bailliage.

Aujourd'huy, 27 octobre 1698, M. du Moustier, escuyer, sieur de Canchy (1), conseiller de Grand' Chambre au Parlement de Rouen, fils du sieur lieutenant général cy-devant, a pris possession de la Mairie à l'Hostel de Ville.

Aujourd'huy, mardy, 28 avril 1699, M. Nicolas Le Boucher, escuyer, sieur de Bernières-Verdun, a esté reçeu et a pris séance audit Présidial, en qualité de conseiller, par la démission que luy en a faicte M. de Verdun, son père (2), doyen du Présidial.

Aujourd'huy, 7 may 1699, Adrien Clairel, escuyer, sieur de Sortosville (3), a pris séance au Présidial, en qualité de Grand Prévost général de la Basse-Normandie, par la démission que luy en a faicte le sieur de Sainct-Cir, cy-devant titulaire de ladite charge.

(1) Thomas du Moustier, écuyer, sieur de Canchy, fils de Nicolas du Moustier, sieur de la Motte, avait été substitut du Procureur général au Parlement de Paris, et conseiller en la Grand' Chambre au Parlement de Rouen. Il mourut à Paris, le 16 novembre 1720.

(2) François Le Boucher, sieur de Verdun-Bernières, mourut le 16 février 1711, à l'âge de 97 ans. Il était fils de Michel Le Boucher, sieur de la Closture, qui fut professeur à la Faculté des droits et conseiller au Bailliage et Siège présidial de Caen.

(3) Très ancienne famille normande, dont plusieurs membres servirent avec distinction sous les ducs de Normandie. Cette maison contracta des alliances avec les familles Clérembault, du Mesnildot, Faudoas, etc. Adrien Clérel, sieur de Sortosville et de

Au mois de juillet 1699, on a commencé de rembourser toutes les augmentations de gages que tous les officiers de robe avoient payés pendant la guerre. Le remboursement doibt estre faict à la fin du mois de septembre prochain, suivant une déclaration du Roy, donnée pendant ce jour, et un arrest du Conseil.

Aujourd'huy, 11 aoust 1699, M. Le Bas, escuyer, sieur de Varemberg de Cambes (1), advocat à la Cour, a mis la charge de Vicomte de Caen à prix, à l'audience du Présidial. Elle luy couste 36.000 livres, simple procuration en mains. Elle a esté vendue par M. de Neuilly de Fontaine, frère de M. de Fontaine, vicomte de Caen (2), en son vivant. Il l'avoit eue après la mort de son père, qui la possédoit auparavant.

Le dimanche, 9 novembre 1699, Madame de Tessé, abbesse de Caen, a faict prendre l'habit de religieuse, dans son abbaye, à Mademoiselle de Tessé, sa niepce; M. et Mme de Tessé y estoient; M. leur fils et M. le

Rampan, avait été le premier conseiller d'honneur nommé au Bailliage de Coutances. Il devint, le 19 février 1699, grand prévôt de Basse-Normandie, par résignation d'Adrien Morel, sieur de Courcy. Ce dernier eut le gouvernement de Valognes, que possédait le grand bailli du Cotentin, Charles-Claude, comte de Bréauté.

Adrien Clérel donna sa démission en 1705. (Voir à cette date.) (1) Varemberg était un hameau de la commune de Brécy, sergenterie de Creully, élection de Caen. La famille Le Bas de Cambes y possédait un fief et y avait « une des principales maisons, avec un beau jardin ». Cette maison appartenait, en 1776, à M. de Gavrus.

(2) La famille de Fontaine, qui possédait la seigneurie de Neuilly-le-Malherbe, avait été anoblie en 1628, par l'édit du

Canada.

Pierre Fontaines, sieur de Neuilly, avocat à Caen, l'un des associés pour l'établissement d'une colonie en la Nouvelle-France,

chevalier de Tessé, frère de M. le comte de Tessé. Monseigneur Huet, évesque d'Avranches (1), en a faict la cérémonie. On tira le canon à l'arrivée et à la sortie de M. de Tessé, comme lieutenant général. C'est un homme d'un grand mérite et favory du Roy. Il avoit un esquipage magnifique et un carrosse attelé de huit chevaux soupe au lait, et les livrées de Monseigneur de Bourgogne estoient premières, ensuite celles de Madame la Duchesse. Le Présidial est allé le saluer,

fut anobli par lettres de janvier 1634, vérifiées à la Cour des Aides le 27 janvier suivant. Il avait deux frères: Jacques Fontaines, avocat à Caen, et Guillaume Fontaines, écuyer.

Claude de Fontaines, écuyer, seigneur de Neuilly, vicomte de Caen en 1648, avait pour frère Guy de Fontaines, chanoine de Bayeux, supérieur général des Eudistes, qui mourut à Bayeux en 1723.

Claude de Fontaines n'avait qu'une fille, qui épousa JeanBaptiste de Thiesse de Montfort, membre de l'Académie de Caen.

(1) La personnalité de Daniel Huet est assez connue pour que nous ne donnions pas sur lui de détails biographiques. En 1699, l'évêque d'Avranches, qui devait bientôt donner sa démission de son évêché, pour devenir simplement abbé d'Aunay, travaillait à son livre des Origines de la ville de Caen. Depuis 1694, il avait correspondu, sur ce sujet, avec Jean Le Blais, sieur du Quesnay, ancien lieutenant général au Bailliage de Caen, savant modeste et distingué, qui, dans les nombreuses lettres qu'il lui adressa et qui nous ont été conservées, lui fournit la plus grande partie des matières qu'il avait à traiter. Huet le remercia en lui dédiant son livre et en s'éloignant assez souvent de ses avis, ce qui ne fut pas heureux et motiva, plus tard, des critiques sévères et piquantes de l'abbé de la Rue.

La première édition des Origines parut en 1702. Il l'offrit aussitôt à Messieurs de la Ville. Voici le texte de la délibération qui fut prise à cette occasion (Reg. de l'Hôtel de Ville, C. 80, fo 59): << Lundi, 11 septembre 1702. - M. Daniel Huet, ancien évesque d'Avranches, abbé d'Aunay et de Fontenay, sous-précepteur de

au nombre de quatre. On est entré dans l'Abbaye deux jours de suite.

Monsieur de Vauban, lieutenant général des armées du Roy, premier ingénieur de France (1), est venu en ceste ville. Il visite, par ordre du Roy, les fortifications de toute la Normandie et de Sainct-Malo. Il prétend rendre la rivière d'Orne navigable jusques à 5 ou 6 lieues dans les terres. On a tiré cinq coups de canon à son arrivée et autant à sa sortie, ce 16 novembre 1699.

Le 24 décembre 1699, François Nyon, de la parroisse de Fidesbans, prosche Codebec, a esté exécuté

Monseigneur le Dauphin, a fait présenter à l'assemblée de MM. les Maire et Eschevins, le livre qu'il a composé des Origines de cette ville. Arrêté qu'il sera mis et gardé dans les Archives de cet Hôtel de Ville, pour y conserver à la postérité la mémoire de son auteur, comme aussi la reconnaissance qu'il a méritée de ses concitoyens par la grande et curieuse recherche qu'il a faite desdites origines, en l'honneur de cette ville, sa patrie, heureuse d'avoir donné naissance à un homme d'un mérite et d'un savoir si particuliers. MM. de Banneville et de Chaumontel ont esté priés de l'aller remercier de la part de la Compagnie ».

(1) Vauban était déjà venu dans le Cotentin en 1686. Il avait fait un rapport sur le port de Cherbourg, qu'il voulait agrandir et fortifier. Une partie des travaux s'exécuta, mais ils furent détruits, peu après, sur l'ordre de Louvois, qui détestait Vauban. En 1694, celui-ci revint dans la presqu'île et fit établir un camp retranché en tête des ponts de Carentan. En novembre 1699, il fit, comme on le voit, une nouvelle inspection et ordonna de réparer les corps de garde du littoral, aux dépens des paroisses. Vauban voulait aussi créer un port de guerre dans la « fosse de Colleville », auprès d'Oyestreham, et y faire déboucher l'Orne. Il fallait, pour cela, redresser le cours de cette rivière entre Caen et les carrières de Ranville. Ce projet datait du XVIe siècle; les avantages de la rade de Colleville, qui est en eau profonde, ont toujours tenté les ingénieurs. Il en fut également question au moment de l'établissement du canal de Caen à la mer.

en ceste ville, pour un crime énorme. Il estoit vallet du sieur Bouttement, curé de Tourville, prosche Caen (1); il l'assassina de sang-froid, à huit heures du matin, mardy, dernier jour de juin 1699, avec une petite massue, du premier coup de laquelle il tomba par terre dans sa cuisine; après quoy, il le traisna dans la laverie et l'acheva à coups de la mesme massue. Après qu'il fust tué, il fouilla dans ses posches, prist les clefs et luy volla tout ce qu'il avoit : argent, linge, vaisselle d'argent, ainsy que le calice et la patène d'argent, aubes et surplis. Il resta dans la maison seul encore quatre jours après le meurtre, ayant laissé le cadavre dans un coin de ladite laverie; pendant lequel temps, il vendist tout ce qu'il put vendre, sçavoir: bled, agneaux, etc., et transporta tous les meubles cy-dessus chez sa mère, en la parroisse de Nonant; tous lesquels ont esté trouvés après son arrest qui fust le 7me jour de ce mois, à Honnefleur, lorsqu'il se sauvoit, après avoir faict un vol de conséquence à Saincte - Mère-Église, en Costentin, estant pour lors journalier chez un cabarretier où logeoit un marchand à qui il vola, la nuit, plus de 1.500 à 1.600 livres et son habit; estant pour lors couché avec son cheval. Pour réparation des quels crimes, il a esté condamné à faire amende honorable, le poing droict coupé, sentir le feu trois fois, estre rompu vif sur une roue, et y expirer; après quoy, estre porté aux fourches pastibulaires, estant préalablement appliqué à la question ordinaire et extraordinaire.

Aujourd'huy, 9 septembre 1699, Monsieur de Philippeaux de Pontchartrain a presté serment entre les

(1) Tourville-sur-Odon, canton d'Évrecy.

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