Page images
PDF
EPUB

instant, les envahir, le général Lamoricière était | cière et la forteresse.» Mais Cialdini, pour arriobligé de disséminer ses meilleures troupes par ver de Pesaro à Ancône, avait à parcourir une tous les pays et par toutes les villes de la fron-voie facile et courte; il n'avait pas à traverser tière, afin de les prémunir contre un assaut de l'Apennin; il n'avait pas de temps à perdre pour ces hordes, et en même temps de réunir, dans réunir et ordonner ses bataillons; il n'avait aules villes les plus centrales, les volontaires nou- cun obstacle à vaincre. Il n'eut seulement à lut→ vellement arrivés pour les former à l'exercice ter que contre une colonne d'un millier de va des armes. Pourtant, il avait aggloméré, dans leureux soldats commandés par les colonels Kauz ses deux centres principaux, Ancône et Spolète, ler et Wolgessang; cette colonne, qui avait été le plus grand nombre d'hommes dont il pût dis- dirigée sur Urbino et ensuite séparée par l'enposer, afin d'accourir promptement où les évé- nemi, sut héroïquement s'ouvrir un passage nements auraient requis sa présence. à travers une division entière de Piémontais, Le général ne pouvait supposer que l'on ferait et le 14 elle arriva à Ancône, après une rude contre le domaine pacifique et sacré du Saint-marche de 45 milles. A peine le général de LaSiége une autre guerre que celle des bandes de moricière reçut à Spolète la nouvelle de l'amalfaiteurs révolutionnaires. En tout cas, qui gression de forces si disproportionnées aux sien→ aurait pu penser à une agression de la part d'une nes et des difficultés qui s'opposaient à sa joncpuissance, et d'une puissance catholique, sans tion avec Ancône, qu'il résolut d'attaquer les enqu'une déclaration de guerre préalable ne lui nemis sans en compter. le nombre, non pour doneût donné le temps de ramasser autour de lui ner une preuve d'un courage trop connu, mais toute la force disponible, et de s'appuyer sur pour protester généreusement et pénétrer, s'il le Ancone, seule manoeuvre raisonnable dans la pouvait, dans Ancône. Aussitôt, sans aucun supposition d'une grande disparité de forces? retard, il rassemble ce qu'il pouvait de troupes Cette persuasion n'était peut-être pas raisonnée, autour de lui, et si la distance ne lui permit pas de mais elle était réelle, car on voit qu'à la ville de rappeler celles qui occupaient Pérouse, la défense Castello, un petit nombre de gendarmes ont fait feu acharnée de cette garnison retarda la marche contre une division entière de Piémoctais, croyant d'un des corps de l'armée ennemie. avoir affaire à une bande d'envahisseurs; dans le même temps, une dépêche du général Schmid était conçue en ces termes : « Nous sommes suffisamment forts contre les bandes armées; pour le moment il n'y a pas à craindre l'invasion d'une armée régulière. »

Et voilà que tout à coup les provinces pontificales limitrophes de la Toscane et de l'Ombrie se sont vues envahies à l'improviste par deux formidables corps d'armée piémontaise, forts d'environ 70,000 hommes et d'une nombreuse artillerie. Un de ces corps, après avoir triomphé de l'héroïque résistance de Pesaro, est venu s'interposer vers le 17 entre l'armée pontificale et la place d'Ancône, devant laquelle une flotte entière prenait part à l'action en foudroyant la côte

avec ses canons.

Le général Lamoricière arrivait le 13 au matin à Macerata, et Pimodan le suivait de près après une marche pénible à travers les sommets des Apennins, dans laquelle l'infanterie parcourut 40 milles en 22 heures. La matinée du 18, les deux généraux se trouvaient dans le voisinage de Lovette et de Recanati, en face d'un corps d'armée tout entier commandé par le général Cialdini soutenu par un grand nombre d'escadrons de cavalerie et par une nombreuse artillerie.

A des forces si formidables, le général de Lamoricière n'avait à opposer que 11,000 hommes parmi lesquels un petit nombre de cavaliers, puis environ 14 bouches à feu de canons non rayés et difficiles à manœuvrer, puisque chaque pièce n'était traînée que par quatre chevaux, attendu le retard de l'arrivée de 200 chevaux qui devaient venir de Trieste. Mais l'armée pontificale suppléait à la faiblesse du nombre par le courage invincible qu'inspire la sainteté de la cause.

Le journal la Patrie lui-même, en parlant de l'invasion piémontaise du 10 septembre, ajoute: Le 11 (le jour qui suivit celui de l'invasion), M. de la Minerva qui portait l'ultimatum du cabinet Le général Pimodan marche sur Castelfidardo de Turin, arriva à Civita Vecchia. Les Piémon- à la tête d'une partie de la petite armée; il rentais, pour rendre la lutte moins sanglante, ont contre l'ennemi et le combat sans le compter. Ses toujours attaqué les forces pontificales avec des braves troupes le suivent, et seulement après une forces de beaucoup supérieures. Après l'occupa-terrible mêlée de plusieurs heures corps à corps, tion de Pérouse, ils ont manœuvré entre Ancône les foudres de 60 pièces d'artillerie ennemie en et Spolète afin de séparer les troupes du général arrêtent l'élan, et le vaillant guerrier, à la quaLamoricière qui ne s'attendait pas à se voir at-trième at aque, en surmontant la position du taqué sans déclaration de guerre. On croit que Crocette, tombe percé de plusieurs coups sur ce le général pontifical a été à Spolète séparé de sa terrain rendu à jamais glorieux par son indompbase d'opérations, qui est à Ancône, et par con- table valeur. séquent qu'il est dans l'impossibilité d'opposer une sérieuse résistance.

Les bulletins des généraux sardes annoncent que mille des leurs tombèrent soit morts, soit Il résulte de là que le projet de l'armée enne- blessés dans le combat de Castelfidardo et ils cimie était de rendre impossible à Lumoricière sa tent parmi eux les noms de 17 officiels, y comjonction avec Ancône. On espérait avoir déjà ob- pris un major. Leur brigade Ravenne a été prestenu ce succès, car le télégraphe sarde rappor- que anéantie et un bataillon de bersaglieri a été tait le 17 à Turin, avec un luxe de phrases, que envoyé à Urbino pour s'y réorganiser. Les mêmes «Cialdini voulant prévenir Lamoricière qui di- bulletins portent que du côté des pontificaux il rige ses troupes par Ancône, est arrivé à temps resta sur le champ de bataille 500 combattants après une marche de 38 milles faite en 28 heu- dont un quart de morts et le reste de blessés. res, pour prendre possession des formidables po-Nous avons la juste présomption de croire que sitions de terre de Jesi, d'Osimo et de Castelfi-la partialité de l'ennemi lui aura fait atténuer dardo, plaçant ainsi une barrière entre Lamoríses pertes et exagérer les nôtres. Pour nous, nous

ne pourrions indiquer avec exactitude le chiffre Il ne s'agit plus maintenant d'exposer

et le nom des morts et des blessés de l'armée pontificale, car nous ne savons pas le nombre de ceux qui se sont dispersés, ni celui des prisonniers retenus en Piémont, ni celui des soldats qui combattent dans Ancône.

Nous savons cependant que le corps des tirailleurs pontificaux a perdu 180 hommes sur 270 présents au commencement de l'action; qu'après la bataille, le général de Lamoricière s'ouvrit une route pour Ancone, et que les Piémontsis n'osèrent pas poursuivre les pontificaux qui dormirent le soir du 18 dans leurs cantonnements.

Seulement le 19 à l'arrivée du nouveau corps de l'armée sarde, cette portion de l'armée de Pimodan, qui ne put parvenir à Ancône, se trouvant environnée par des forces immensément supérieures, capitula avec l'ennemi, en obtenant tous les honneurs de la guerre, quoique nous ayons les plus fortes raisons de douter de la fidèle observation des conditions. Le général de Lamoricière a ainsi réalisé son projet primitif et s'est mis en mesure de partager dans Ancêne les dangers des assiégés étreints déjà par les forces de

terre et de mer du Piémont.

Et c'était là sa grande ambition !

des raisons, de démontrer les droits, d'invoquer les principes de la justice et de la morale. Toutes ces choses ont été dites : les évêques, les écrivains les plus éminents ont discuté ces questions avec une logique qui n'a pas été réfutée. Tout a été inutile: les yeux se sont volontairement fermés à la lu mière, et il a été impossible de faire enten dre la voix de la conscience à l'ambition sans frein enivrée de ses succès.

Il ne nous reste donc plus qu'un devoir à remplir, nos très-chers coopérateurs, celui de condamner et de flétrir les attentats sa criléges commis contre l'Eglise par une nation voisine et alliée de la France.

Jusqu'ici le Piémont avait plus ou moins voilé ses projets criminels. Personne, à la vérité, ne se laissait tromper par ses ma noeuvres hypocrites; ses mensonges n'étaient acceptés que par ses officieux complices; mais enfin il apportait encore quel que timidité dans le mal, et gardait une

[ocr errors]

Nous recevons une admirable lettre pas-certaine modération dans l'injustice. torale de Mgr l'archevêque de Tours, insAujourd'hui le masque est tombé. Ce pirée à l'éminent prélat « par les nouveaux gouvernement, fatigué sans doute du soin excès de la révolution contre les Etats de de se contraindre, s'est déclaré en face du l'Eglise.» soleil. Personnifiant en lui toute la révolu Nous nous empressons de reproduire ces tion italienne, il s'est jeté avec une rapacité pages où l'émotion du pontife apparaît si sans égale sur ce qui restait encore des fortement motivée. Le gouvernement sarde Etats du Saint-Siége. Il a envahi les Mar y est flétri en termes qui seront le jugement ches et l'Ombrie sans déclaration de guerde l'histoire, et les vœux de la France catho-re; ses soldats, dix fois plus nombreux que lique y sont exprimés avec autant d'énergie ceux du Pape, ont lâchement attaqué la peque d'autorité.

tite armée pontificale destinée à maintenir L'illustre chef de la province ecclésiasti- l'ordre intérieur, provoqué à la révolte des que de Tours a rendu un nouveau et signa- populations paisibles, et si le Souverain lé service à l'Eglise en faisant entendre sa Pontife n'est point encore chassé de Rome, voix éloquente et vénérée au milieu des on le doit uniquement à la présence des douloureuses épreuves que traverse la Pa-soldats français dans cette capitale. pauté et avec elle tous les vrais chrétiens êt toutes les âmes honnêtes.

A. SISSON.

Lettre pastorale
Sur les nouveaux excès de la révolution

CONTRE LES ÉTATS DE L'ÉGLISE.
Nos très-chers coopérateurs,
Vous attendez sans doute de moi quel
ques paroles sur les tristes événements qui
se passent, ou plutôt qui se continuent en
Italie. Comment nous renfermerions-nous,
ministres de la vérité, dans un froid silence,
en présence de tous les scandales dont nous
sommes témoins!

Ce qui s'accomplit en Italie n'eût pas été possible en d'autres temps. Un cri de réprobation universelle aurait arrêté, dès le premier instant le cours de tant de crimes, qui se commettent aujourd'hui sans résis tance, tant le sens moral est effacé dans les âmes! Sur cette terre qui aspire, dit-on, & sa régénération, les lois les plus sacrées del la conscience, de l'honneur, de la probité, sont chaque jour indignement foulées aux pieds: on a vu le soldat déserter honteuse ment son drapeau, des ministres trahir leur souverain, les hommes remplissant les plus hautes fonctions mentir comme les plus vils mortels, toutes les ruses mises en œuvre pour séduire et tromper l'opinion, le droit des gens, qui est la morale des nations,

anéanti, la foi jurée et les engagements les | un rôle digne de son passé et qui réponde à plus sacrés violés avec une impudence jus- l'attente du monde chrétien! Elle s'est touqu'ici inconnue. jours glorifiée d'être la fille aînée de l'EgliC'est sous de tels auspices et par ces se. Une fille ne défend pas seulement sa exemples de baute immoralité qu'on inau- mère du danger qui peut menacer sa vie, gure dans ce pays l'ère nouvelle de la liberté elle la protége aussi contre la spoliation de et de la civilisation. A-t-on jamais profané ses biens et la violation de ses droits. Que d'une manière plus indigne ces grandes la France n'oublie pas qu'elle a posé, sans choses et le nom saint qui les exprime? Il le vouloir, la cause indirecte des malheurs me semble que j'assiste à une nouvelle actuels de l'Eglise. A Dieu ne plaise que chute de l'humanité, et que je vois descen-nous blâmions la guerre entreprise en Itadre le monde moral dans des abaissements lie! nous avons prié pour son succès. Mais que la lumière de l'Evangile faisait croire lorsque, par une action licite ou même gloimpossibles! rieuse, on a donné occasion à un domma

Ce qui n'afflige guère moins les. âmes ge, ne semble-t-il pas qu'on soit tenu à chrétiennes et élevées, c'est l'indifférence le réparer, surtout quand ce dommage ou l'inaction des souverains en présence de a été prévu, et qu'on a promis par une déla violation de tous les principes. Sont-claration publique de l'empêcher? Nous seils donc terrifiés et impuissants sous la fas- rions heureux de trouver dans de récentes cination du monstre révolutionnaire, com- mesures, l'indice du retour vers une penme on dit que le regard du lion paralyse sée généreuse qui avait dissipé toutes les tout mouvement dans la proie qu'il s'ap- craintes des cœurs catholiques. prête à saisir? ou bien croient-ils que l'intérêt qui est en jeu leur soit entièrement étranger? Il ne s'agit cependant de rien moins que du maintien de la paix dans le monde chrétien, et de la conservation de cette religion bénie qui a apporté parmi fes hommes la lumière et la charité.

Je n'insiste pas davantage, messieurs et chers coopérateurs, sur cet ordre d'idées, pour m'attacher à d'autres pensées qui ne répondent pas moins à vos préoccupat.ons. Tous vos sentiments me sont bien connus ; vous les avez manifestés à la suite de la retraite ecclésiastique, et vous avez voulu transmettre par mes mains au SouverainPontife l'expression de votre douleur et de votre inviolable dévouement. Votre désir sera fidèlement accompli,

Notre premier devoir, en ce moment, est de prier pour l'âme de ces généreux, soldats, enfants de la France ou d'autres nations, qui ont versé leur sang pour la défense du droit et de la justice. Quel héroïsme! quel courage! Ils étaient un contre

O Dieu ! à quel temps nous avez-vous réservé, et par quelles épreuves il vous plaît de faire passer votre sainte épouse ! On préconise en tout lieu la liberté des consciences; nul ne doit être troublé dans le culte qu'il professe: le Juif, le disciple de Mahomet, les adep'es de toutes les sectes d'erreur seront protégés par la force publique dans l'exercice de leurs croyances: ainsi le veut l'esprit des législations nouvelles et le progrès que l'on vante sans ces-dix, et ils n'ont pas hésité à donner leur vie se. Il n'y aura désormais que nous sur la terre, nous catholiques, qui formons plusieurs grandes nations et sommes mêlés à toutes les autres, nous qui représentons partout les vrais principes de respect, d'ordre, de dévouement, qui serons privés de de la liberté de nos âmes en perdant l'indé-se pendance de notre chef.

pour cette sainte cause! Ils sont morts, mais ils n'ont pas été vaincus. Le chef ennemi a remporté la victoire, mais le droit sur lequel repose le trône de son maître a succombé.

Que les familles de ces nobles victimes consolent. Leurs fils ont écrit dans l'histoire une page comme celles qui ont apPuissent les princes ne pas s'abuser plus porté jusqu'à nous la gloire des Machabées longtemps! Puissent-ils comprendre que et de la légion thébéenne! Qu'il se console ce n'est pas seulement le sceptre d'un petit l'illustre guerrier qui n'a pu que conduire souverain d'Italie qui est brisé, mais que à la mort son bataillon sacré ! Qu'il soit fier l'esprit d'anarchie s'efforce de renverser de ce que les âmes vulgaires appelleront sa tout ce qui sert de base à l'ordre social et défaite! Pour les chrétiens, mourir, c'est assure la stabilité de leur propre puis-vaincre; ils n'ont pas remporté d'autres victoires pendant les trois premiers siècles

sance!

Puisse notre patrie, à son tour, s'élever à de l'Eglise.

Si mourir pour son prince est un illustre sort,
Quandon meurt pour son Dieu, quelle sera la mort!

Eglise à la vigne : il est le cep, elles participent à la vie qui en vient; quand elles en sont séparées, elles meurent et se dessèJ'ai déjà célébré moi-même une messe chent. C'est ce qu'explique admirablement dans ma cathédrale pour ces chères et il saint Augustin en commentant le texte salustres victimes. Je vous invite à prier à cré. «Autant, dit-il, les ameaux de la vivotre tour et à faire prier les âmes fidèles gne sont pleins de gloire et de beauté dans la même intention. quand ils demeurent attachés au tronc, Enfin, nos très-chers coopérateurs, et autant ils deviennent vils et inutiles ceci est le point capital, traçons-nous, en quand on les a coupés. Le bois des autres présence de tant de lamentables événe- arbres, quoique sec, peut servir à divers ments, et en vue des suites qu'ils peuvent usages entre les mains de l'agriculteur ou entraîner, une ligne de conduite conforme de l'ouvrier; mais le sarment, séparé de de tout point au devoir de la conscience et la vigne, n'est bon qu'à être brûlé. Il digne de la sainteté de notre caractère. faut donc, conclut le saint docteur, que les L'usurpation du patrimoine de l'Eglise branches restent unies au cep ou qu'elles est un grand malheur, qui, nous l'espérons, soient jetées au feu. ne sera que passager. Ce qui serait un malheur incomparablement plus grand, ce serait l'envahissement du terrain de nos

Voilà l'image de l'Eglise catholique, et voilà en même temps notre instruction. consciences. Ce sanctuaire est impénétrable Notre vie est dans l'union avec notre chef. par le dehors; nous seuls avons la puis-cerdotale et de tout l'honneur de notre miLà est pour nous la source de la gloire sasance de le livrer en ouvrant la porte au dedans. Plus les garanties de l'indé-nistère. Le jour où le prêtre briserait ou pendance des âmes feront défaut par la di- laisserait se relâcher le lien sacré qui le minution ou la chute du pouvoir temporel fixe à ce centre nécessaire, il verrait à l'insdu Pape, plus nous devrons fortifier, pour les rendre invincibles, les abords de la conscience chrétienne et sacerdotale.

tant même se flétrir autour de son front la couronne de respect qui l'environne.

N'avons-nous pas, nos très-chers coopéGroyez-le bien, rien ne sera perdu sans rateurs, dans l'histoire de notre pays, un retour, tout sera réparable, tant que le exemple récent de ces grandes leçons donclergé catholiqne saura tenir, au milieu de nées au sacerdoce chrétien. Il y a soixanteses malheurs, une conduite digne, noble, dix ans, les puissances de l'enfer furent dépleine d'une calme fermeté, également chaînées contre l'Eglise de Jésus-Christ.. éloignée de l'esprit de parti toujours dis-La presque totalité des évêques français et posé à blâmer, et de la flatterie qui veut l'immense majorité des prêtres restèrent tout justifier. Nous portons après tout avec fermes au milieu des persécutions. Quand nous les grandes vérités dont la famille, ils revinrent de l'exil, avec quel empressela société, le pouvoir lui-même ont besoin ment et quelles marques d'honneur ils fupour vivre. On peut pour un temps s'aveu-rent reçus par les fidèles! La confiance et gler et dédaigner le concours de la reli- l'amour dont furent entourés ces glorieux gion; mais il faut bien tôt ou tard revenir à confesseurs de la foi leur per mirent, en peu ces principes, qui seuls assurent la durée d'années, de réparer les ruines que le maldes institutions et la paix des empires. heur des temps avait amoncelées sur le sol Pour ne jamais nous éloigner de cette de notre Eglise. Quant à ceux qui avaient ligne du devoir, il nous suffit de rester fer-failli devant la crainte ou devant les promement attachés au centre de l'unité ca- messes, ils traînèrent pendant quelques antholique, c'est-à-dire au Saint-Siége et au nées l'ignominie de leur défection sur leurs Vicaire de Jésus-Christ qui l'occupe. Que siéges déshonorés ou dans leurs églises déses pensées soient nos pensées, que ses sertes, et lorsqu'ils furent rentrés dans le joies et ses douleurs soient toujours nos sein de l'unité, ils demeurèrent un embarjoies et nos douleurs. Rappelez-vous la cé-ras pour le clergé de France, et ne purent lèbre parabole employée par Jésus-Christ jamais reconquérir l'estime des peuples. pour nous montrer la nécessité de cette Que ces exemples mémorables soient union intime, ainsi que le prompt et iné- toujours devant nos yeux comme un enseivitable châtiment de ceux qui auraient gnement salutaire. le malheur de la rompre. Il compare son

Vous pourrez lire en chaire les passages

de cette lettre que vous jugeriez utiles à chaire le premier dimanche qui suivra sa l'instruction de vos paroissiens.

Recevez, messieurs et chers coopérateurs, l'assurance de notre affectueux attachement.

Donné à Tours, le 1" octobre 1860.
†J.-Hippolyte, archevêque de Tours.

Lettre circulaire

réception. Ce qui suit ne doit pas l'être,

Dans la crise formidable que traverse l'Eglise, nous avons senti le besoin d'exprimer au Père commun des fidèles la part que nous prenons à ses afflictions. Vos sentiments de foi, de piété et d'attachement au Saint-Siége nous sont assez connus, nos chers coopérateurs, pour que, dans ces pénibles conjonctures, nous ayons cru devoir nous en rendre l'interprète. Nous vous

De Mgr l'archevêque de Rouen au clergé de son communiquons la lettre que nous venons

Diocèse.

Nos chers coopérateurs,

d'écrire à ce sujet au Souverain-Pontife. En voici le texte :

[ocr errors]

« Très-Saint-Père,

« Dans les cruelles épreuves que traverse l'Eglise, c'est un besoin pour notre «< cœur de dire au vôtre quelle vive part «ous prenons à ses douleurs. Des attentats inouïs se consomment à la face « du soleil. La vérité, le droit, la justice, « le respect dû à la religion, à ses tem« ples, à ses ministres, sont impunément « foulés aux pieds! Un roi, qui naguère « encore se disait chrétien, porte le fer et «<le feu dans les États de l'Église, et la dé

Nous étions absent de notre diocèse quand se sont accomplis, dans les Etats de l'Eglise, les tristes événements qui nous ont pénétré de douleur; et nous n'avons pu vous manifester immédiatement nos sentiments. Qui ne pleurerait la mort de tant d'héroïques défenseurs du Saint-Siége accablés par le nombre de leurs ennemis dans une lutte inégale? Qui ne s'associerait à leurs familles en deuil, et ne chercherait en même temps à les consoler par les témoignages de la plus vive et de la plus profonde: sympathie? Qui refuserait un juste tribut« pouille, par la violence, du patrimoine d'admiration à leur courage et à leur dé- << que lui avait conféré la libéralité des prinvouement pour la meilleure et la plus sainte des causes? En repoussant une agression violente que rien ne peut justifier, ils ont combattu pour le droit, pour la justice, pour l'ordre social et pour l'Eglise. Les noms de ces généreuses victimes demeureront gravés dans les cœurs catholiques et passeront à la postérité avec ceux qu'ont illustres les plus glorieux sacrifices. Mais ne nous bornons pas à de stériles regrets: « Nous comprenons encore tout ce que donnons à ces âmes, au delà du tombeau, votre cœur paternel doit souffrir, en un témoignage de notre fraternel amour en voyant ces provinces, naguère si paisi «bles et si heureuses, livrées l'oppression priant pour elles, en implorant pour elles le Dieu des miséricordes, afin que si, en quit« d'une conquête injuste et impie. Les af tant ce monde, elles avaient encore, para d'hui victimes de la force brutale, remon«flictions de tant de sujets fidèles, aujour suite de la fragilité de notre nature, quel<< tent toutes jusqu'à votre âme déjà pleine ques fautes à expier, elles entrent néanmoins bientôt en possession de la récom-« de douleurs. Et que sera l'avenir ? Quels perse éternelle qu'elles ont méritée.

A cette fin, nous célébrerons mardi prochain, à dix heures, un service solennel dans notre église métropolitaine. Dans les autres paroisses du diocèse, MM. les curés, à l'issue de la messe paroissiale, chanteront un Libera solennel avec le Verset et l'Oraison.

« ces et des peuples, instruments de la di« vine Providence! Et vous, Très-Saint« Père, vous avez vu vos enfants, vos gé⚫néreux défenseurs, écrasés sous le nom «bre de leurs ennemis, rougir de leur sang « la terre sacrée qu'ils étaient venus pro «téger de leur courage et de leur dévouement! Et nous, nous pleurons en eux des compatriotes, des Français, des frères.

[ocr errors]

« forfaits nous attendent encore? Nous l'i-
«gnorons. Mais nous entendons les vocifé
«rations de ces hommes en délire, qui

crient à tous les échos de la malheureuse << Italie, que c'est à Rome même et sur les débris de la puissance temporelle des Pa pes, qu'ils prétendent asseoir le trône

[ocr errors]

« de leur domination sacrilége!

« Ce sont, Très-Saint-Père, ces angois

Cette partie de notre lettre sera lue en u ses du présent et ces anxiétés de l'avenir

« PreviousContinue »