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ministres la permission d'incamérer les ! biens des couvents. « Incamérer est un mot italien qui veut dire en langage poli s'emparer des biens ecclésiastiques pour le compte de l'Etat. >>

Jusqu'à ce jour le zélé marquis s'était borné à la dissolution de quelques ordres religieux et à la confiscation de leurs biens. Depuis qu'il a eu l'avantage de s'entretenir avec son royal maître des affaires d'Etat, il se montre moins scrupuleux. Il évalue à la somme de 200 millions les biens des religieux et religieuses de l'Ombrie. Le chiffre peut paraître un peu exagéré, mais il est fort séduisant pour le gouverneur. Quelle bonne occasion de remplir les caisses vides de Turin ?

Nous avons déjà fait pressentir que quelques gouvernements ne pouvaient guère approuver la démarche de leurs représentants qui, sur l'invitation de François II, avaient quitté Gaëte pour Rome. On annonce que d'après les ordres de leurs souverains, l'ambassadeur russe et le nonce pontifical ont dû retourner auprès du roi de Naples. L'ambassadeur d'Espagne n'avait point voulu quitter son poste.

On sait que pendant l'effroyable bombardement d'Ancône, le général de Lamoricière aurait été heureux de soustraire à d'imminents dangers les habitants de la ville, qui n'avaient point de casemate pour préserver leurs enfants et ce qu'ils avaient de plus cher; mais on se rappelle aussi que pour la première fois dans les fastes des siéges militaires, aucun navire ami ou neutre ne s'est présenté au port d'Ancône pour remplir ce devoir d'humanité.

Veut-on savoir quelles graves raisons invoque le hardi proconsul à l'appui de ses projets spoliateurs? Le gouvernement actuel de l'Ombrie est un gouvernement révolutionnaire; un gouvernement révolution- L'ordre du jour du général Pinelli, qui naire peut se permettre à l'égard des droits menace de fusiller immédiatement les et des libertés qu'il proclame des exceptions auteurs de délits que les lois les plus sévèqui déshonoreraient un gouvernement ré- res punissent dans les pays civilisés d'une gulier. Hâtons-nous donc de tout confis- légère amende, a produit le plus fâcheux quer! Demain le procédé serait d'une exé-effet. Aussi les feuilles et correspondances ⚫cution plus difficile. Voilà un échantillon de garibaldiennes de l'un et de l'autre côté l'économie administrative du marquis Pe- des Alpes blâment-elles énergiquement poli. M. de Cavour admire le talent financier et les procédés expéditifs de son disciple; mais il lui en coûte de prendre un parti sur une affaire si délicate d'un côté et si bonne de l'autre. Le ministre hésite, le commissaire insiste: voilà où en est pour le mo- Est-ce que Cialdini, l'immortel promoment la question des biens religieux dans teur des fusillades napolitaines, n'a pas les Etats pontificaux récemment envahis. déjà largement mis en pratique les princiLes habitants d'Ancône, qui ne connais-pes de tolérance que proclame son collèsaient encore des bienfaits de l'annexion gue?

«< ce décret plus ridicule encore que sauvage. » Elles affirment sur tous les tons « qu'aucun général piémontais n'est capable de faire ce que dit M. Pinelli, qui n'aura réussi qu'à se faire désavouer et à se donner une réputation absurde. »

que les bombes et projectiles meurtriers Les obstacles se dressent chaque jour que leur a généreusement distribués pen plus nombreux et plus formidables devant dant plus d'une semaine l'amiral Persano, la domination piémontaise qui devait assuont résolu, par l'organe des émissaires pié-rer à l'Italie l'unité politique.

montais, généralement chargés de l'expres- La Sicile veut à tout prix conserver son sion de l'enthousiasme patriotique des pays autonomie. Elle a accueilli les garibaldiens qu'ils occupent, d'offrir une frégate au pour se séparer de Naples; elle a recours royaume sarde. M. de Cavour, ministre in- aux protestations les plus brutales pour ne térimaire de la marine, ne pouvait man-pas se laisser annexer à Turin. quer de se montrer sensible à un si galant Les royaux se défendent avec énergie à procédé. Il remercie les Marchésiens de Messine et à Gaëte. Gaëte résistera jusqu'à leur esprit généreux. « Aucune offre ne la dernière extrémité, et la citadelle de Mespouvait être plus chère à la patrie que te sine tiendra bon tant que François II lutteprésent du municipe ancônitain, qui a com-ra contre les envahisseurs de ses Etats. La pris que l'armée de mer est un puissant réaction et le mazzinisme dominent dans élément d'indépendance nationale. » l'Italie méridionale; Victor-Emmanuel ne

compte des partisans que dans la colonie piémontaise qui l'a précédé ou suivi à Naples, et parmi les ambitieux qui sacrifient les convictions et le patriotisme à l'appât d'une dignité ou aux émoluments d'une fonction.

il faudrait convenir que nous sommes le plus sage des siècles et que le Constitutionnel est le premier de tous les journaux,

signy.

Ce journal, qui professait il y a quelques jours une sorte de culte pour la législation actuelle de la presse, faisait récemment deux A Gênes, à Milan, même à Turin, il pa-aveux dont nous devons lui donner acte, raft se préparer un mouvement, dirigé d'a- même après la circulaire de M. de Perbord contre la personne de M. de Cavour, mais qui pourra bientôt causer de gra- Premièrement, selon le Constitutionnel, ves embarras à la monarchie elle-même. le régime de la presse entraîne dans la praLes garibaldiens avancés et les mazziniens tique, des difficultés grandes, des périls se donnent la main en vue des élections inutiles. prochaines. Ils veulent réaliser sans délai En second lieu, sous l'empire de ce réle rêve de l'unité et substituer aux politi-gime, le journaliste ne saurait s'affranchir ques parlementaires les hommes d'action. de certaines inquiétudes qui le dominent Le mot de république commence à réson- quand même.

ner de nouveau dans la bouche des impa- Ces aveux sont méritoires de la part du tients; on ne peut se dissimuler,.qu'aux Constitutionnel qui montre en même temps yeux des unitaires, lorsque l'Italie sera pour ses confrères de la presse une sympaémancipée, le règne de Victor-Emmanuel thie tout à fait inattendue. Il y a des trésera fini et celui de la démagogie commen-sors de cordialité dans les lignes suivantes: Oui, disons-nous nos vérités ! la liberté

cera.

titude pour les bienfaits dont la presse, à l'en croire, ne cessait d'être l'objet !

Pendant que de nouveaux régiments de la presse, notre liberté à nous, eflraye d'infanterie partent avec précipitation d'A-et incommode. On nous plaint quand nous lexandrie pour Naples, pendant que de nom-souffrons; on nous craint, quand nous sombreux bataillons de garde nationale mobile se mes libres. » rendent à la même destination, on écrit Quoi! le Constitutionnel, lui aussi, a de Gênes que, malgré les résistances opi- souffert des rigueurs du régime actuel ! niâtres des Napolitains, Garibaldi ne son- Mon Dieu, que ne le disait-il plutôt, nous ge qu'à organiser une expédition contre qui avions la cruauté de le prendre au mot la Vénétie. Plusieurs généraux se sont quand il nous assurait être parfaitement à rendus auprès de lui, et l'ancien dictateur l'aise, et qu'il nous reprochait notre ingraleur a annoncé qu'il approuvait les mesures prises par eux en vue des événements du printemps prochain; «il leur a déclaré Ailleurs le Constitutionnel déclare que qu'il serait le 1 mars à la tête de ses com- «si nous vivons d'air, nous craignons pagnons d'armes pour combattre de nou- aussi la violence des courants, » comme si veau en faveur de l'indépendance ita-l'air renfermé n'avait pas également ses lienne. »> périls, et comme s'il fallait soumettre à ce Sans parler des protestations qu'a provo-régime d'air tamisé tout le monde, parce quées l'attitude révolutionnaire du Piémont que cela convient à quelques poitrines! auprès des gouvernements conservateurs et des esprits honnêtes, voilà l'inextricable si- La correspondance parisienne du Noutuation où l'a précipité sa politique. S'il ne tente pas une nouvelle aventure, il sera débordé à l'intérieur, et s'il la tente, à quels dangers il expose cette Italie au bonheur de laquelle il prétend se sacrifier !

CHRONIQUE.

P. LAMAZOU.

Si l'on devait apprécier notre siècle à la lumière de ce principe inventé par lui : L'homme absurde est celui qui ne change jamais!

velliste de Rouen annonce un prochain rapport de M. de Persigny sur le régime de la presse. Ce rapport appellerait certaines réformes dont il n'est pas question dans la circulaire, notamment en ce qui concerne la suppression des journaux après deux condamnations judiciaires encourues.

Hier et aujourd'hui ont eu lieu les élections au Corps législatif dans les départements annexés. Les journaux de la Savoie sont remplis d'adresses électorales et d'appels en fa

veur des candidats de leur choix. Ce mouvement tout pacifique nous donne une idée

faits dans les revenus des Etats de l'Eglise, ni

venus nécessaires dans l'état de détresse où il se

de ce que seraient les élections législatives, | du monde entier, ni ces offrandes n'ont suffi à si l'administration restait toujours neutre. combler les vides que d'odieuses spoliations ont Mais il ne faut pas s'attendre à cela. Tan- elles ne sont proportionnées aux nouveaux bedis que la doctrine de la neutralité retentit soins qu'une invasion brutale y a créés. dans les circulaires préfectorales des dé- Aussi le Saint-Père n'a-t-il pas hésité à faire partements annexés, la doctrine contraire appel à la charité pour obtenir des secours deest vigoureusement proclamée dans une trouve. Sa dignité ne lui permettrait pas sans douautre circulaire, qui nous est signalée par te d'accepter des subsides qu'il faudrait tôt ou le Courrier du Dimanche, et où il est dit: tard payer par le sacrifice de droits sacrés; mais « A la veille du scrutin qui va s'ouvrir, un père ne peut se sentir humilié d'un tribut libre l'administration ne peut roster impassible. dre qu'ils soient jamais tentés de s'en prévaloir qu'il reçoit de ses enfants. Il n'est pas à crainLes agents qui la représentent doivent em-contre ses intérêts ou contre ses droits d'auployer toute leur énergie à faire prévaloir tant qu'ils s'estiment plus honorés et plus heusa pensée. » C'est M. le préfet de l'Aude reux de lui présenter ces offrandes pieuses, qu'il qui s'exprime en ces termes, et la candida-ne saurait être lui-même satisfait de les recevoir ture qu'il veut faire prévaloir est celle de Mgr de Grenoble adopte ensuite, pour M. Dubeaux, ancien préfet de ce départe- l'OEuvre du Denier de Saint Pierre, des mesures semblables à celles qui sont en vi

ment.

Le chapitre de l'église cathédrale de Soissons vient de publier une lettre pastorale pour annoncer au diocèse la mort de Mgr de Garsignies.

Nous n'avons pas besoin de vous dire que ce coup terrible nous plonge dans une douleur profonde et nous cause les regrets les plus aners. Cette douleur et ces regrets, vous les partagerez avec nous, nous en avons la pleine

Les journaux grecs nous apportent le ré-gueur dans d'autres diocèses. cit de l'inauguration du monument élevé, par la ville d'Athènes, à la mémoire de M. Charles Lenormant. Nous avons déjà donné à nos lecteurs, il y a quelques mois, la description de ce monument dont le site a été fixé sur la hauteur de Colone, immortalisée dans l'antiquité par les souvenirs d'Edipe et de Platon, et sur laquelle reposaient déjà les restes d'un confiance. Car, sans vouloir entreprendre ici autre illustre martyr de la science archéolo-l'éloge de Monseigneur de Garsignies, qu'il nous gique, Ottfried Müller. La translation du suffise de dire qu'il n'est personne qui n'ait pu cœur de M. Lenormant de l'église catholi- connaître et apprécier les qualités éminentes que du Pirée, où il avait été provisoirement qui le distinguaient, et qui devaient le rendre églement vénérable et cher à tous ses diocéplacé, à Colone, et sa déposition dans la sains. Nous pourrions vous rappeler sa piété tombe préparée à cet effet, ont eu lieu le tendre et affectueuse, son zèle incomparable 13 novembre dernier, en présence d'une pour le salut de vos âmes, sa dignité frappante dans toutes les fonctions ecclésiastiques, sa assistance émue et recueillie. Un discours charité pour les enfants, pour les délaissés de éloquent, rappelant les titres si nombreux ce monde; nous pourrions vous parler des bonde notre illustre compatriote à la reconnais-nes œuvres qu'il a entreprises ou établies, et qui sance des Hellènes, a été prononcé par M. Rhangabé, ancien ministre, professeur à l'Université d'Athènes, l'un des hommes les plus considérables de la Grèce actuelle dans la littérature et dans la science.

M. GARGIN.

Dans une lettre circulaire datée du 30 novembre, Mgr l'évêque de Grenoble communique à son clergé les témoignages de reconnaissance qu'il a reçus du SouverainPontife. En remerciant lui-même les fidèles de son diocèse des généreuses offrandes qu'il a envoyées de leur part à Rome, il ajoute qu'elles ne suffisent pas.

Quelque généreuses qu'elles aient pu être, soit de notre part, soit de la part des catholiques

toutes avaient pour objet le bien de la religion
ou de l'humanité, comme elles avaient pour
principe la bonté de son cœur, sanctifiée par la
foi. Mais, parmi tant de sujets de louange, nous
ne voulons arrêter votre pensée que sur un sou-
venir qui vous sera toujours cher. Ce bon pas-
teur a visité vos paroisses. En est-il une seule
dans le diocèse qui ait échappé à son zèle infati-
gable? Tous, vous avez pu jouir de la consola-
tion de voir votre évêque de vos yeux; tous,
vous l'avez entendu! Il a semé partout la divine
semence. Vous l'avez entendue, cette parole
vive, affectueuse et paternelle qui a laissé dans
vos âmes des impressions ineffaçables.

mercredi 12 de ce mois.
Les funérailles du prélat auront lieu le

Mgr l'archevêque de Rouen vient d'inaugurer et de bénir le nouvel hospice de Dieppe et sa chapelle, en présence des autorités civiles et d'un nombreux clergé. Le

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vénérable prélat a prononcé un discours où il a vivement encouragé les œuvres de dévouement et de charité.

Le Journal de Rome signale avec recon

Œuvre des Ecoles d'Orient.

67 LISTE.

naissance les témoignages multipliés de Souscriptions en faveur des chrétiens de Syrie sollicitude et de dévouement que le monde catholique envoie au Saint-Père. Il enregistre dans son dernier numéro la belle adresse du clergé et des catholiques de Savoie que nous avons déjà publiée. Cette adresse était couverte de 38,713 signatures et a été remise au Souverain-Pontife M.

par

le marquis Costa de Beauregard, au nom des prêtres et fidèles des quatre diocèses de Chambéry, Annecy, Maurienne et Tarentaise.

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Mgr l'archevêque de Gênes, par les mains de S. Em. le cardinal-arcbevêque de Paris, 4,000 f. Mgr l'évêque de Saint-Claude, 2° versement des offrandes recueillies dans son diocèse, 1,150 fr. Mgr l'évêque de Chartres, 2 versement des offrandes recueillies dans son diocèse, 4,275 fr. 77. — Mgr l'évêque de Chalons-sur-Marne, 8 versement des offrandes recueillies dans son diocèse, 500 fr. Mgr l'évêque de Tarentaise (Savoie), 1 et 2 versement des offrandes recueillies dans son diocèse, 3,020 fr. 50. —Mgr l'évêque de Tournay (Belgique), deuxième versement des offrandes recueillies dans son diocèse, 6,000 fr.

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-

La feuille officielle du gouvernement pontifical annonce en outre que la somme dé- Mgr l'évêque de Rodez, 2° versement des of posée entre les mains de Sa Sainteté, à titre frandes faites dans son diocèse, 2,300 fr. — Mgr de Denier de Saint-Pierre, dépasse deux l'archevêque de Dublin (Irlande), 5 versement des offrandes recueillies dans son diocèse, 12,568 millions d'écus romains. Il est permis de fr. 50. Mgr l'évêque de Viviers, 3 versement croire que des secours plus abondants en- des offrandes recueillies dans son diocèse, 1,000 f M. Durand Ruel, 200 f. Un ecclésiastique, 5L core ne taideront pas à être envoyés à Rome. L'appel adressé à la générosité des fi-M. Quellard, doyen de Bar-sur-Aube, 22 f.-. dèles par les évêques de France et de l'é- Berthier, curé de Prunay, 5 fr. 25.-M. de Wys, 100 fr.-M. Georges de Salignac, 100 fr.-Confétranger portera ses fruits; tous les catholi- rence de Saint-Vincent-de-Paul de Perpignan, ques auront à cœur, dans la mesure de 72 f.-M. l'abbé Ib, vicaire à Condé-sur-l'Escaut, leurs ressources, 30 fr. de leur filial attaUn ecclésiastique du diocese d'Auch, prouver 19 fr. chement à Pie IX, si douloureusement 1.-Le vicairiat apostolique du Luxembourg, 2 - Un anonyme, 38 fr.-Un ouvrier d'Auch, éprouvé, et de diminuer les embarras que versement, 904 fr. 25.- Le journal la Esperanza, lui cause une odieuse spoliation. de Madrid, troisième versement de la souscripAujourd'hui plus que jamais, c'est un tion ouverte dans ses bureaux, 7,831 ir. 93. Un prêtre de Paris, 10 fr. M. le curé de Puydevoir pour les catholiques de se serrer auravault (Vendée), 10 fr. Une communauté de tour de leur chef spirituel, de l'aider à faire Religieuses de Paris, 50 fr.-M. Barnet, 5 fr. honneur à ses engagements de Roi, de ne M. l'abbé de Simonne, 5 fr. négliger aucun effort, aucun sacrifice, pour qu'il puisse exercer avec indépendance ses attributions de Pontife. « Les adresses et les Total. - 2,026,619 58 subsides du Denier de Saint Pierre, sont, Nota. C'est par erreur que 325 fr., qui ont dit le Journal de Rome, entr'autres moyens, figuré dans la précédente liste, ont été attribués ceux qui témoignent de l'amour et de l'in-à M. l'abbé Godard: ils nous étaient arrivés par térêt commun des enfants pour leur Père.» lui de Mgr Scandella, évêque d'Antinoé, vicaire N'oublions pas d'ajouter que l'appel apostolique de Gibraltar. adressé aux volontaires est également entendu.

Montant de la présente liste.
Montant des listes précédentes.

44,215 20 1,982,404 38

-

sassinat et les funérailles de M. Poinsot:
Le Droit publie les détails suivants sur l'as-

Nous sommes en mesure de donner de nou

veaux renseignements sur les circonstances de l'assassinat de M. le président Poinsot:

On nous écrit de l'Ardèche qu'aujourd'hui, 10 décembre, partent de Marseille pour Rome, en qualité de volontaires pontificaux, les jeunes gens dont voici les noms: Ferdinand de Chazotte, Théodore de Montravel, Jules de Gigord, Edmond Ville- On avait trouvé, ainsi que nous l'avons dit, dieu, Ephrem Crégud, F. Vernède. F. dans le wagon occupé par M. Poinsot, une tabade Chazotte s'est déjà noblement bat-tière en écorce de bouleau, dite queue de rat, et tu à Castelfidardo, et Théodore de Montra- un cache-nez. On avait supposé, et on croyait hier encore, que ces deux objets appartenaient vel est le frère de Félix de Montravel, tué à l'assassin et avaient été abandonnés par lui. dans ce combat.

P. LAMAZOU.

1

Aujourd'hui, il est certain que la tabatière en écorce de bouleau appartenait à M. Poinsot;

dans différentes circonstances, elle avait été l'ob- ces nouveaux renseignements, qui ne peuvent jet d'observations de la part de ses amis. que faciliter l'œuvre de la justice.

Le cache-nez appartenait très-probablement aussi à M. Poinsot. Quoique, quant à présent, la certitude soit moins grande que pour la tabatière, il paraît aujourd'hui suffisamment démontré que ce cache-nez couvrait la figure de M. Poinsot.

Nous espérons les donner plus complets ultérieurement.

Avant l'heure du départ de la maison mortualre, l'appartement de M. le président Poinsot ne pouvait contenir ceux qui arrivaient pour assisUne circonstance singulière, inexplicable, a ter aux honr.eurs funéraires qui devaient être été récemment constatée; on a trouvé dans le rendus à l'éminent magistrat. Le palier, l'escawagon de petits fragments de carton. C s frag-lier, la cour de la maison étaient encombrés par ments, rapprochés les uns des autres, ont donné les nouveaux arrivants. la certitude qu'ils composaient à eux tout le billet de première classe pris par M. Poinsot à Troyes. Pourquoi et dans quel but l'assassin a-t il lacéré ce billet? Pourquoi en a-t-il laissé los débris dans le wagon où se trouvait la victime? On ne trouve aucune explication admissible de ce fait.

Une autre circonstance plus importante s'est révélée tout récemment. Jusqu'aujourd'hui, on pensait que l'assassin avait quitté le convoi au moment où le train arrivait à la station de Noisy; certains indices, plusieurs déclarations étaient de nature à autoriser cette supposition; elle était cependant inexacte. E paraît aujourd'hui démontré que le coupable s'est élancé du wagon, non pas à la station de Noisy, mais à celle de Nogent-sur-Marne.

A midi, le corps a été enlevé de la chapelle établie dans l'espace de la porte cochère et placé sur le char funèbre. La robe rouge bordée d'hermine de M. le président Poinsot avait été déposée sur le cercueil; on remarquait sur le côté gauche la rosette d'officier de la Légion d'honneur.

La foule, dans les rues d'Isly, du Havre, SaintLazure, rue Neuve-des-Mathurins, et aux approches de l'église Saint-Louis-d'Antin, était considérable.

Les quatre coins du drap mortuaire étaient tenus par M. Devienne, président de la Cour impériale de Paris; par M. Chaix-d'Est-Ange, procureur général, et par MM. Henriot et Perrot de Chezelles jeune, conseillers siégeant à la quatrième Chambre de la Cour.

Tous les m gistrats que nous venons d'indiquer étaient revêtus de leurs robes.

Il n'avait pas semblé possible, dans les preVenaient ensuite tous les conseillers de la miers moments, que l'assassin eût choisi pour quatrième Chambre de la Cour que M. Poinsot s'enfuir la station de Nogent-sur-Marne; le ter-présida t, M. Roussel, avocat général, M. Lafaurain semble peu propice pour la fuite. En effet, lotte, substitut, M. Bodeau, greffier attaché à la avant la station se trouve un viaduc d'une lon-même Chambre. gue étendue, puis un pont, puis un talus taillé presque à pic, puis un remblai d'une assez grande élévation. C'est pourtant ce lien peu favorable que l'assassin a choisi; mais tout en sautant du chemin de fer, à fort peu de distance de la station, il a fait en sorte d'échapper à la surveillance des agents de cette station et même du convoi.

Celui qui venait immédiatement après lcs magistrats était M. Lhomme, avocat à la Cour impériale de Paris et neveu de M. Poinsot. La douleer de ce jeune homme était extrême.

om de M. le président Poinsot.

L'église pouvait à peine contenir les amis, les magistrats, les avocats, les avoués, les notaires, qui assistaient en grand nombre à cette solennelle cérémonie.

L'éguise de Saint-Louis-d'Antin était, à l'extérieur et à l'intérieur, tendue complétement de Sachant que tous ceux qu'il devait éviter de-draperies noires. Sur des écussons placés de vaient se trouver sur le quai d'arrivée du con-distance en distance on avait tracé l'initiale du voi, il a eu soin d'ouvrir la portière du côté opposé; il a pu ainsi sauter sans être aperçu d'aucun employé; mais il a été vu par un voy geur de troisième classe, qui a immédiatement dit à un cantonnier qu'un homme venait de sauter du convoi, qu'il était tombé à plat vertre et la figu Nous avons remarqué parmi les assistants: M. re contre terre, et qu'il avait pris la fuite dans Lascoux, secrétaire général au ministère de la la direction opposée à celle que suivait le conjustice; M. de Royer, premier vice-président du voi. Ce cantonnier a fait immédiatement des recherches, mais il lui a fallu recevoir la confidence du voyageur, contourner le convoi. Arrivé à l'endroit indiqué, il n'a trouvé personne. Il s'est borné à rendre compte du fait au chef de station.

Sénat, et M. de Crouseilhe, sénateur; M. Dupin îné, procureur généra: à la cour de cassation, MM. Debelleyme, Ferey, Poultier, Zangiacomf, Aylies, Meynard de Franc et de Vergès, conseillers à la même cour;

MM. Suin, Langlais et Flandin, conseillers d'E tat;

MM. Lamy, Perrot de Chezelles, Cazenave, présidents de Chambre, et M. Delahaye, président honoraire de la Cour impériale de Paris; presque tous les conseillers à la même Cour.

Ces nouveaux renseignements ont donné lieu à de nouvelles vérifications, et il en est résulté que du côté opposé au quai d'arrivée des voyageurs venant de Troyes, on a, près de la cabane du cantonnier, reconnu la trace d'un passage d'hcmme; sur le talus assez rapide qui existe à cet M. Benoist-Champy, président du Tribunal de endroit, on a trouvé les traces fortement em-la Seine, et M. Cordouen, procureur impérial; preintes d'un pied d'homme. Ces traces ont pu plusieurs présidents de Chambres et des juges être suivies dans la campagne, et l'on suppose du Tribunal; que l'assassin a eu la volonté de gagner la station de Chelles et de prendre le chemin de fer, soit pour Strasbourg, soit pour Paris.

Nous nous bornolis, quant à présent, à donner

M. Denière, président du Tribunal de commerce de Paris;

M. Jules Favre, bâtonnier de l'Ordre des avocats; MM, Berryer, Marie, Dufaure, Senard, Cré

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