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d'un coup à une modification du décret du 17 février 1852 sur la presse. Ces journaux auraient

dû se rappeler que ce décret ne peut être modifié par la seule autorité de l'Empereur. »

Aussi n'est-ce pas un décret que nous demandons, mais une loi.

On lit dans la Patrie :

La Patrie publie un article qui commence par cette phrase solennelle : «L'Empire est le gouvernement de l'opinion. » Cette phrase n'offre pas d'abord un sens très-clair; on pourrait croire, en effet, que, dans la pensée de la Patrie, l'Empire consiste à gouverner l'opinion. En ce sens, on dirait gouvernement de l'opinion, comme on dit gouvernement de l'Algérie.

Une correspondance adressée de Londres

Le procès intenté au journal l'Union, à raison de la publication d'une fausse nouvelle contenue dans le numéro du samedi 10 novembre dernier, a été appelé à l'ouverture de l'audience de la 6 chambre, présidée par M. Massé. MM. Mac-Sheehy, âgé de 77 ans, officier su-au Moniteur donne quelques détails sur la périeur en retraite, gérant du journal, et Jean- Visite faite par l'Impératrice à la reine VicBaptiste Dubuisson, imprimeur, ont donné leurs toria. Reçue à la descente du chemin de fer noms. L'affaire ainsi engagée, M Lachaud, avo- par le prince Albert et conduite à Windsor cat de ce dernier, a demandé une remise à hui- dans une voiture de la cour, l'Impératrice a taine au nom de Me Berryer, empêché, lequel trouvé réuris sur la plate-forme le maire et les principaux magistrats de la ville, ainsi que les officiers des troupes en garnison qui l'attendaient pour la complimenter. A Le gérant du Progrès, de Lyon, a inter-son entrée au château, elle a été reçue par jeté appel du jugement qui l'a condamné à la Reine, accompagnée de la princesse Alice 300 fr. d'amer.de. et du prince Albert. La correspondance du

doit défendre M. Mac-Sheehy.

« Le tribunal a continué la cause à huitaine.

C'est M. le substitut Bondurand qui doit soutenir la prévention. » E. Legrand.

-

Le tribunal correctionnel de Toulouse a Moniteur mentionne parmi les personnages rendu son jugement dans l'aflaire du jour-venus à Windsor à cette occasion le duc nal l'Aigle, de M. Lomon, et de M. Alphon- de Cambridge, le prince Louis de Hesse, le se Bremond, libraire. M. Lomon, rédacteur comte Granville, le duc de Newcastle, lord de l'Aigle, reconnu coupable de coups et Palmerston et la duchesse de Kent. Après blessures, a été condamné à quinze jours une visite de deux heures, l'Impératrice est de prison, 50 fr. d'amende et 200 fr. de repartie paur Londres. dommages au profit de M. Bremond. Sur la prévention d'injures par la voie de la presse, MM. Roumeguère, gérant du journal l'Aigle, et Lomon, ont été relaxés. M. Bremond, pour avoir désigné dans l'assignation M. Lemon sous un nom qui n'est pas le sien, fait constituant une simple contravention, a été condamné à 5 fr. d'amende et à 50 fr. de dommages envers ce dernier. Les dépens ont été compensés.

En résumé, le journal l'Aigle est sorti sain et sauf de cette nouvelle poursuite, comme de la première.

Nous avons reproduit un extrait de la circulaire par laquelle le préfet des AlpesMaritimes déclarait que l'administration resterait entièrement neutre dans les élections. Le Siècle nous apprend que ce fonctionnaire est revenu sur sa décision et que dans une seconde circulaire il s'exprime ainsi : « Je désigne officiellement et publiquement à vos suffrages le nom de M. Lubonis, votre ancien gouverneur pendant l'annexion. >>

Le préfet de la Haute-Savoie a publié également une circulaire pour faire connaîOn écrit de Toulon que 500 hommes ap- tre so absolue neutralité. M. Pétetin ne partenant à l'artillerie et aux 101 et 102 veut pas que de près ou de loin tel ou tel régiments de ligne, sont arrivés à bord de candidat puisse se prévaloir des préférences la frégate à vapeur l'Ulloa. Ces troupes avouées ou secrètes de l'administration; cela viennent d'Alexandrie, où elles sont restées pourrait nuire à l'indépendance morale des près de trois mois; elles étaient destinées électeurs, qui doit être entière. Nous n'apour la Chine, mais le personnel du corps vons encore une fois qu'à signaler avec éloexpéditionnaire pouvant suffire à termi-ge cette attitude, et nous avons tout lieu ner la campagne, elles ont reçu l'ordre de de croire que M. Pétetin ne reviendra pas rentrer en France. Les frégates à vapeur sur sa décision. l'Eldorado et l'Ulloa vont partir au premier jour pour Alexandrie, avec des vivres pour l'armée et des rechanges pour l'escadre de Chine.

D'après un bruit recueilli par quelques journaux, on prépare en ce moment dans les régions officielles un projet de loi tendant à compléter les dispositions du décret

du 24 novembre sur la reproduction des débats du Corps législatif et du Sénat. Ce projet laisserait aux journaux la faculté de ne reproduire que certaines parties du compte-rendu officiel, celles qu'ils jugeraient à propos de prendre, à leurs risques et périls.

Le dernier numéro de l'Akhbar contient

moigner au nouvel évêque leur fraternelle sympathie. A la tête d'un des diocèses les plus populeux de France, Mgr de Garsignies déploya une grande activité. Il se livrait avec succès au ministère de la parole. Pendant le carême de 1859, il donna lui seul, dans la ville de Saint-Quentin, une mission en premier-Alger un article intitulé: Con-triel. Depuis que le Souverain-Pontife est dequi remua profondément ce centre indusséquences fâcheuses de l'instabilité admi- venu la victime des intrigues et des violences nistrative de l'Algérie. de la révolution, Mgr de Garsignies a plusieurs fois élevé la voix pour défendre les intérêts du Saint-Siége. Son dernier acte a été Denier de Saint-Pierre, que Mgr Dupanloup une belle lettre pastorale pour l'OEuvre du citait dans la lettre pastorale qu'il a publiée à la même occasion.

M. GARCIN

Nous recevons de Soissons une triste nouvelle. Mgr de Garsignies, évêque de cette ville, est mort, hier, dans toute la force de l'âge. Rien ne faisait pressentir le coup qui l'a subitement enlevé à la direction de son diocèse. On a eu le temps de lui administrer les secours de la religion.

Voici la lettre que le chapitre de la cathédrale vient d'adresser aux évêques de la province de Reinas, dont Soissons fait partie :

Monseigneur,

J'ai la douleur de vous notifier, au nom du cha

• pitre de la cathédrale de Soissons, que, aujour-
d'hui jeudi 6 décembre, à 2 heures de l'après-
midi, le Révérendissime Seigneur Paul-Armand-
Ignace-Anaclet Cardon de Garsiguies, évêque de
Soissons et Laon, est décédé presque subitement,
en son palais épiscopal, muni des sacrements de
l'Eglise,

HENRI CONGNet,
Chanoine, président du chapitre.

Soissons, le 6 décembre 1860.

chés dirigés par des administrations proviSa mort porte à six le nombre des évêsoires: Vannes, Troyes, Annecy, Nevers, Fort-de France (Martinique), et Soissons.

P. LAMAŽOU.

Le Journal de Rome annonce que Mgr Fiascani, évêque d'Arezzo, est mort à Flo20 avril 1778. rence le 25 novembre. Ce prélat était né le

Le même journal publie un mandement du cardinal-vicaire prescrivant des services funèbres « pour les soldats de l'armée Pontificale qui ont glorieusement succombé dans la récente agression dirigée contre les Etats du Saint-Siége. »

Le 24 novembre, le cardinal Patrizi a officié à cette intention dans la basilique.de

Né à Lille le 14 janvier 1893, Mgr de Saint-Jean-de-Latran. Garsignies remplit pendant longtemps à Soissons les fonctions de vicaire général de Mgr de Simony, qui le choisit pour son successeur, lorsqu'il se déuit de ses fonctions.

On lit dans le Chroniqueur de Fribourg:

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Mgr Bovieri a adressé au conseil fédéral un mémoire sur les points de vue qu'il a défendus à la conférence de Berne. Il exprime entre autres son étonnement de ce que lors de ses traetations verbales, les délégués grisons et tessinois se sont placés sur un autre terrain que celui des notes de l'autorité fédérale, à savoir l'autonomie de l'Eglise dans toutes les questions qui ne touchent pas au domaine politique. Il a été donné connaissance de ce memorandum aux deux gour

vernements intéressés.

Nommé par ordonnance royale du 18 novembre 1847, préconisé le 17 janvier 1848, il fut sacré à Soissons le 25 février de la même année, au milieu des secousses de la révolution de Février. Le prélat consécrateur était l'ancien évêque de Soissons Mgr de Simony, assisté de Mgr Gousset, archevêque de Reims, et de Mgr Mioland, évêque d'Amiens. Malgré la gravité des événements qui se précipitaient à Paris, un grand nombre de prélats, entre autres le Saint-Pierre. cardinal de Cambrai, les évêques de Châ- Après avoir annoncé que son appel en lons, de Beauvais et de Saint-Flour se faveur des chrétiens de Syrie a produit une rendirent à la cérémonie du sacre pour té-somme de 27,000 fr., le prélat plaide avec

On vient de lire dans toutes les églises du diocèse de Beauvais une lettre pastorale de Mgr l'évêque sur l'OEuvre du Denier de

émotion la cause du Père commun des fi-| dèles.

Dans un pays voisin du nêtre, dit-il, des hommes honorab.es, malheureusement séparés de nous sous le rapport de la foi, des pretestants (que Dieu les en récompense !), ont témoigné, non-seulement par des adresses, mais encore par de riches offrandes, leur respectueuse sympathie envers le Souverain-Pontife. Comment les fils de

venir au secours du Souverain-Pontife.

Mgr l'archevêque de Tours vient d'adres ser au clergé et aux fidèles de son diocèse la lettre pastorale suivante pour recom mander l'OEuvre du Denier de Saint-Pierre :

Nos Très-Chers Frères,

Il y a bientôt deux ans, quand l'horizon la sainte Eglise romaine, comment les membres commençait à se charger de nuages, les cœurs de l'unité catholique se laisseraient-ils vaincre en chrétiens avaient un vague, pressentiment des générosité ? Nous vous connaissons assez pour affirmer qu'il n'en sera pas ainsi. Il n'y au- malheurs qui menaçaient la sainte Eglise. ra pas un prêtre, quelque pauvre qu'il soit, qui Toutes nos craintes, depuis, se sont ampla ne s'empresse de s'inserire sur la liste de sous-ment réalisées. Les événements les ont de cription à l'œuvre éminemment sacerdotale que beaucoup dépassées. nous proposons. Il n'est pas un fidèle, vraiment Il serait inutile de remettre sous nos yeux le digne de ce nom, qui ne veuille, riche ou pauvre, tableau que nous avons plusieurs fois tracé des maux de la Religion; chacun les voit, il suffit Mgr de Beauvais indique les moyens de d'ouvrir les yeux. Mais nous ne pouvons nous recueillir les offrandes et termine sa lettre empêcher de faire une réflexion qui peut servir pastorale par ces paroles du cardinal de de leçon à plusieurs : quand les évêques, qui Bordeaux: « Le Pontife suprême s'adresse sont les sentinelles de l'Eglise, observant d'un œil vigilant la marche des choses, signalaient à vous par notre intermédiaire, et nous hautement le danger, que des gens, les uns tendons la main pour lui. Un fils ne rougit par ignorance ou timidité, les autres avec pas de demander pour un père. Notre voix mauvaise foi, nous accusaient d'exagération! sera entendue, et Pie IX obtiendra de l'a-On nous reprochait alors d'agiter les conscienmour de ses enfants ce qu'il ne saurait recevoir de la pitié de son spoliateur.

ces, de troubler le pays pár de vaines alarmes, et de nous fairé par là les auxiliaires des mauvaises passions.

Il est facile de juger maintenant si nous étions de faux prophètes et si nos appréhensions étaient sans fondement.

Le Courrier de la Vienne annonce qu'on a transporté dans le petit séminaire de Montmorillon les ossements de M. l'abbé Augier de Moussac, fondateur de ce sémi- Voilà tous les catholiques du monde placés naire, et qui fut pendant près d'un demi- en présence de cette désolante alternative, ou siècle vicaire général du diocèse de Poitiers. de voir bientôt notre chef errant et sans asile Après le service funèbre, Mgr Pie est sur la terre, ou, ce qui serait plus triste enmonté en chaire pour faire l'éloge du vé-core et que Dieu ne permettra pas, de le voir nérable prêtre qui, après avoir souffert humilié, sans indépendance, sans liberté, sous pour la foi dans la tourmente révolutionnaire, consacra toute sa sollicitude et toute sa fortune aux oeuvres de dévouement.

la protection d'un roi d'Italie,

Tel est l'abîme où nous ont conduits l'esprit des révolutions et les rêves de ces hommes pour qui les croyances, des peuples ne sont Le 4 décembre, le 20 régiment d'artil-rien, qui mépri-ent toutes les traditions du lerie a célébré à Valence, dans l'église de fond en comble la société pour la réfaire passé, et s'imaginent qu'ils peuvent renverser Saint-Jean, la fête patronale de la sainte selon leur fantaisie, comme on reconstruit un Barbe, en présence de toutes les autorités vieil édifice ébranlé par le temps. de la ville.

Faut-il, après cela, s'étonner si les esprits Avant de commencer la messe, dit le paraissent agités d'une inquiétude profonde Courrier de la Drôme, Mgr l'évêque est que rien ne peut dissiper? On a remué l'une monté en chaire et a fait ressortir en ter- des colonnes de l'ordre social en touchant à mes éloquents la mission de l'armée au mi- l'existence de la Papauté, et la secousse s'est lieu de la société chrétienne, expliquant par tristesse sont partout: les chrétiens et tous communiquée à tout le reste. La crainte et la des citations nombreuses les titres de Dieu des armées et de Dieu de paix que le Sous allons, et quel sera le terme des difficultés receux qui aiment la paix se demandent où nous verain de l'univers affectionne. Les déve-ligieuses qui se multiplient et se compliquent loppements de ces idées ont servi de thème chaque jour davantage. au discours de Mgr l'évêque, terminé par un juste éloge du courage et des vertus de nos braves soldats.

P. LAMAZOU.

Cette perturbation, portée dans les cons ciences par les attentats de la révolution, ne s'apaisera pas de sitôt, ou plutôt elle deviendra de plus en plus vive et générale, à mesure

que les catholiques verront se dérouler les MM. les curés emploieront les moyens qu'ils conséquences de la situation qu'on veut faire jugeront les plus propres à favoriser l'établisau chef de l'Eglise. La génération actuelle ne sement de l'OEuvre du Denier de Saint-Pierre verra pas la fin des troubles auxquels les âmes dans leurs paroisses. Nous leur indiquons sont en proie, si les choses sont laissées à les suivants, qui se présentent naturellement à l'impulsion qu'on leur a donnée, et que la Pro-la pensée: 1° établir dans l'Eglise un tronc vidence, par une intervention directe, n'amène pas une plus prompte et favorable solution.

spécial destiné aux aumônes pour le Pape; 2° faire une ou plusieurs quêtes dans l'année pendant les offices dans le même but, à des époques qui ne soient pas trop rapprochées des autres quêtes déjà établies, afin qu'elles ne se nuisent pas les unes aux autres; 3° régler et annoncer que les offrandes seront reçues par M. le curé au presbytère ou à la sacristie à des jours et à des heures déterminées d'avance; 4° enfin, chaque curé pourra, dans sa paroisse, s'aider du concours de trois dames charitables pour recueillir plus facilement les dons des souscripteurs. MM. les curés ont

Au milieu de tant de sujets de tristesse, N. T.-C, F., élevons nos pensées en haut, et mettons toute notre confiance en Dieu, qui ne délaissera pas son Eglise. Que de princes, que de peuples, que d'ennemis de tout genre elle a vus passer devant elle depuis dix-neuf siècles! Nul doute qu'il ne soit dans sa destinée d'en voir passer bien d'autres encore. Ce qui n'est pas moins assuré, c'est que les injustices et les violences commises contre elle n'ont jamais porté bonheur à ceux qui s'en sont ren-toute liberté de choisir celui ou ceux de ces dus coupables. Le jugement du Seigneur peat être retardé, mais il s'accomplira au temps marqué. Alors, soyez attentifs, et vous verrez éclater la justice divine.

La punition des fautes ordinaires est renvoyée le plus souvent dans l'autre vie, de peur que le châtiment immédiat trop fréquemment appliqué ne troublât l'ordre de la liberté humaine sagement établi de Dieu. Mais il est des crimes d'un ordre supérieur, s'il est permis de les nommer ainsi, qui attentent aux grands principes de la vérité et de la morale, et qui par cela même tendent à la perversion de Î'humanité; ces crimes doivent recevoir dès cette vie une répression temporelle, afin que la conduite de la Providence ne devienne pas un scandale pour les faibles, et que la vertu ne soit point découragée.

Cette ferme confiance, N. T.-C. F., dans la puissance et dans la justice d'en Haut ne nous dispense pas de faire tout ce qui est en nous pour défendre et soutenir les droits de la sainte Eglise et de son chef persécuté. Après toutes les violentes usurpations dont le Saint-Père a été victime, il est facile de comprendre que les finances de l'Etat pontifical dcivent être entièrement épuisées. Il convient donc que nous venions en aide au Souverain-Pontife, comme nous l'avons déjà fait, non-seulement par nos prières, mais aussi par des secours en argent. Comme nous ignorons quelle sera la durée des maux qui désolent le monde catholique, et qu'il pourrait être nécessaire de renouveler nos offrandes, nous voudrions qu'elies fussent faites dans une mesure qui ne devînt pas une trop lourde charge pour les fidèles. Que chacun règle d'avance avec joie, comme dit saint Paul, ce qu'il peut donner pour une année, sans nuire à d'autres bonnes œuvres et à d'autres intérêts, et qu'il se tienne à cette limite. C'est la multiplicité des petites ou moyennes offrandes qui produira la plus riche abondance, comme les gouttes d'eau forment les fleuves.

moyens qui leur paraîtront le mieux appropriés à l'esprit de leurs paroisses. Ils enverront tous les trois mois, au secrétariat de l'archevêché, le produit des dons pour être transmis au Saint-Père.

Nous comptons pour le succès de cette œuvre sur le zèle qui nous est bien connu de notre clergé et des fidèles du diocèse. Le passé nous répond de l'avenir. Les secours que nous avons transmis déjà au Saint-Père ont été trèsabondants eu égard au chiffre de notre population.

Le Souverain Pontife deux fois, dans ses lettres, a daigné nous dire dans les termes les plus touchants combien son cœur était consolé par la conduite dévouée et généreuse des prêtres et des fidèles en cette circonstance.

Nous saisissons, N. T.-C. F., cette occasion pour vous transmettre l'expression de notre Père commun, ainsi que les bénédictions qu'il nous charge de répandre en son nom sur le troupeau confié à nos soins.

Notre présente lettre pastorale sera lue à la messe paroissiale, dans toutes les Eglises, le dimanche qui en suivra la réception. Donné à Tours, le 25 novembre 1860.

+J. HIPPOLYTE, Archevêque de Tours.

Assassinat de M. Poinset, PRÉSIDENT A LA COUR IMPÉRIALE DE PARIS.

Les conseillers de la 4° chambre de la Cour de Paris étaient réunis aujourd'hui pour juger une affaire qui revenait à l'audience après un arrêt de partage. Cette audience devait être présidée par M. le président Poinsot. Onze heures étaient habitudes d'exactitude bien connues, était le seul sonnées, et M. le président, contrairement à ses qui ne fût pas présent. On ne savait comment expliquer cette absence, lorsqu'un domestique envoyé par la famille de M. Poinsot vint apporter

cette désolante nouvelle : « M. Poinsot a été
cette nuit assassiné dans un des wagons du che-
min de fer de l'Est. »

Cette nouvelle fut immédiatement communiquée aux avocats et aux avoués qui se présentaient pour plaider à la 4° chambre de la Cour. Tous quittèrent la salle d'audience consternés et attérés par cette épouvantable catastrophe, qui enlevait à la justice un homme éminent, et qui jouissait, à juste titre, d'une grande notoriété comme jurisconsulte et comme magistrat.

La nouvelle se propagea rapidement au Palais, et c'est le cœur oppressé qu'on s'entretenait de l'assassinat de M. le président Poinsot. Lorsque cette nouvelle parvint aux différentes chambres de la cour, qui avaient déjà ouvert leurs audiences, les présidents arrêtèrent les discussions et déclarèrent les audiences levées; la chambre des appels de police correctionnelle interrompit aussi ses travaux, et renvoya les affaires à une prochaine audience.

Les Chambres du Tribunal ne tinrent que de courtes audiences: magistrats et avocats étaient trop vivement émotionnés par les récits de l'épouvantable malheur (récits qui circulaient dans toutes les bouches), pour accomplir leur ministère.

Nous avons assisté au Palais à de bien douloureux entretiens sur ceux que la mort a ravis à la magistrature et au barreau, mais jamais nous n'avons vu se manifester une douleur plus vive et une terreur plus profonde. Un président de la cour impériale, plein de santé et de vigueur, que nous avions tous vu il y a quelque jours siégeant à l'audience de la 4a chambre de la cour, et qui, au retour d'un voyage de quelques heures fait au modeste domaine qu'il avait trouvé dans l'héritage paternel, tombait dans un wagon de chemin de fer mortellement frappé par la main d'un assassin! N'est-ce pas là un de ces crimes atroces, inouïs, devant lequel l'imagination recule épouvantée?

de l'Est et recueillent tous les renseignements nécessaires pour la constatation du crime et pour saisir et livrer à la justice l'infâme assassin de M. le président Poinsot.

Voici les renseignements que nous croyons devoir livrer à la connaissance du public, convaincu qu'ils ne peuvent nuire en aucune manière à l'œuvre de la justice qui, nous l'espérons, savra bien atteindre le coupable.

M. Poinsot possédait à Chaource, chef-lieu de canton, à sept lieues de Troyes, un petit domaine recueilli dans la succession de son père. M. Poinsot trouvait un singulier plaisir à consacrer les loisirs que lui laissaient ses fonctions de magistrat à visiter, à réparer et à embellir cette propriété. Son dernier voyage avait pour objet la surveillance de certaines plantations qu'il avait résolues. Pour être à son poste aujourd'hui à la quatrième chambre de la cour, il avait loué unc voiture et il était parti de Chaource à six heures et demie. A dix heures et demie du soir, il avait pris, à son passage à Troyes, le chemin de fer de Mulhouse à Paris.

M. Poinsot avait pris à Troyes un billet de première, et il parait avoir choisi le train de dix heures et demie, train mixte, parce que, dans ces sortes de trains, les wagons de première reçoivent peu de voyageurs et qu'on a chance d'y passer la nuit plus à l'aise. Pour n'être pas dérangé, et pour être autant que possible seul dans son compartiment, M. Poinsot s'était placé dans la première caisse du premier wagon des diligences, c'est-à-dire dans celui qui, se trouvant le plus éloigné de l'entrée des voyageurs, devait être le moins occupé. Il s'assit dans le coin de gauche, en tournant le dos à la locomotive.

de troisième classe, voyant un voyageur seul et endormi dans un wagon de première, ait pénétré dans ce wagon avec la pensée d'y commettre un crime? Jusqu'à présent, aucun indice ne peut mettre sur la trace de la vérité à cet égard.

A-t-il été seul dans son compartiment, au départ de Troyes? des voyageurs sont-ils descendus? en est-il monté dans le trajet ? Sur ce point, on n'a jusqu'à présent aucune donnée. N'est-il pas arrivé qu'à un des arrêts du chemin de fer, Aujourd'hui, le train du chemin de fer de Mul-un homme, placé dans le wagon de deuxième ou house entrait à la gare de Paris, à trois heures un quart du matin. Les voyageurs s'empressaient de sortir de leurs compartiments; un seul étant resté fermé, un employé du chemin de fer ouvrit la portière. Quel ne fut pas son étonnement en apercevant un homme étendu à terre, entre les banquettes? Il invite cet homme à sortir, personne ne répond. A la lueur incertaine de la lampe du wagon qui se trouve obscurcie par le store de soie verte destinée à adoucir la lumière, il ne peut que difficilement distinguer les objets; il étend la main et la retire couverte de sang. I avertit le chef de gare, le commissaire de police, et en acquiert aussitôt la preuve que cet homme, étendu à terre, n'est plus qu'un cadavre qui baigne dans une mare de sang.

Pour savoir quel est cet homme on fouille ses vêtements, on n'y trouve aucun papier, aucun indice qui puisse mettre sur la trace de son individualité. Mais les voyageurs sont partis, emportant avec eux leurs bagages. Un seul n'a pas été réclamé. C'est un panier de fruits sur lequel on lit: M. Poinsot, président à la Cour impériale de Paris.

M. le procureur général, M. le procureur impérial et M. le préfet de police sont informés du crime qui vient d'être commis. Ils se transportent immédiatement à la gare du chemin de fer

Ce qui paraît quant à présent établi, c'est que l'assassinat a été commis lorsque le train était en marche, et dans le trajet entre Nogent-surMarne et Noisy-le-Sec. Plusieurs voyageurs des troisièmes classes et une femme qui gardait la barrière d'un chemin à niveau, ont vu un homme, lorsque le train ralentissait sa marche pour s'arrêter à la station de Noisy, sauter d'un wagon sur le quai; cet homme est tombé, mais il s'est relevé presque aussitôt, et quoiqu'il parût gêné dans sa marche par la chute qu'il venait de faire, il allait assez vite et a franchi assez lestement le grillage qui sert de clôture au chemin de fer. Ceux qui ont remarqué cet homme ont pensé que, n'ayant pas pris de billet, il voulait éviter la gare de Noisy.

Ce qu'il y a d'étrange, c'est que cet homme, qui évidemment est l'assassin de M. le président Poinsot, a pris le soin de refermer, en partie du moins, la portière du compartiment qu'il venait de quitter. Le crochet du bas n'était pas mis; la poignée du haut n'avait pas été complétement tournée, mais elle l'avait été assez pour empê

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