Page images
PDF
EPUB

des, raisons suprêmes nous imposent aussi le devoir de respecter Rom. La question de Rome ne peut

moment où le commandant en chef
troupes pontificales s'est embarqué à bord
du vapeur
le Comte-de-Cavour, chargé de
le conduire dans un port sarde.

pas être réglée seulement par l'épée, cette question rencontre des obstacles moraux que des forces morales seu es peuvent vaincre. " Parlant de la prétendue collision avec les La révolution déborde à Naples; on y Français à Rome, le rapport ajoute: « Une si honore officiellement le régicide. Deux dé-monstrueuse ingratitude imprimerait au front de notre patrie un stigmate affreux que de longs siècles de souffrances ne suffiraient pas à effacor. »

crets de Garibaldi accordent des récompenses nationales à la mère et aux sœurs d'Agésilas Milano, l'assassin du roi Ferdinand II. Voilà ce que permet l'Europe. Garibaldi a publié à Caserte un ordre du jour dans lequel il annonce l'entrée prochaine de l'armée piémontaise sur le territoire pontifical. En même temps, un manifeste mazzinien a protesté contre l'ap pel adressé par quelques compères à VictorEmmanuel. « Point de roi d'Italie, dit ce manifeste, avant que l'Italie soit constituée à Rome. »

Après avoir déclaré que, quel qu'il soit, le vote des populations affranchies sera respecté, le rapport ministériel ajoute : « Le Parlement est appelé à déclarer si le ministère actuel jouit encore de sa confiance. Ce verdict est d'autant plus nécessaire qu'une voix qui avec raison est chère aux multitudes a manifesté vis-à-vis de la couronne et du pays sa défiance à notre égard. La lecture de ce rapport a été faite par le comte Cavour.

Turin, 2 octobre. Aujourd'hui a eu lieu l'ouverture des Chambres. Le projet de loi suivant a été présenté à la Chambre des députés:

Article unique. Le gouvernement du Roi est autorisé à accepter et à établir par décrets Les nouvelles de Chine annoncent que royaux, l'annexion à l'Etat des provinces de l'Itales alliés ont dû commencer leurs opéra- lie centrale et méridionale dans lesquelles se mations au Peï-Ho. Les forts devaient être at-nifestera librement par le suffrage direct univertaqués vers le 7 ou le 8 août, et l'armée pérait se trouver à la fin du mois à TienTsing, à cent kilomètres de Pékin.

Léon LAVEDAN

sel, la volonté des populations de faire partie es-intégrale de notre monarchie constitutionnelle. La lecture de ce projet de loi a été saluée par les applaudissements de la Chambre. La Chambre s'est ajournée à jeudi.

[ocr errors]

Les nouvelles de Naples en date du 29, reçues à Gênes, apprennent que le général Garibaldi a publié un ordre du jour à Caserte dans lequel il dit : « Les braves soldats piémontais entrent sur le territoire napolitain. Bientôt vous aurez le bonheur de serrer leurs mains victorieuses.

Le ministère napolitain est officiellement constitué. Il est ainsi composé M. Conforti à l'inté– rieur; M. Guirva, aux travaux publics; M. Scura,

Nous avons reçu le texte de l'Allocutior prononcée par le Saint-Père dans le Cor sistoire du 28 septembre. Notre numéro de ce jour, qui contenait ce document, allait la justice; le capitaine Auguissola, à la marine; être mis sous presse, quand une interven-v. Desanctis, à l'instruction publique et le général Cosenz, à la guerre.

tion du ministère de l'intérieur nous a mis dans la nécessité d'en arrêter la publication.

Le secrétaire de la rédaction: M. GARCIN.

Télégraphie privée.

Turin, le 2 octobre.

Le rapport qui précède le projet de loi communiqué ce matin au Corps législatif, après avoir rappelé les heureux résultats obtenus par le cabinet dans ces derniers mois, dit :

[ocr errors]

Turin, 2 octobre.

La nouvelle relative à l'entrée des troupes piémontaises à Naples est inexacte. Il est inexact aus i que le Pape ait quitté Rome.

L'amiral Persano est arrivé hier soir à Turin où la députation sicilienne se trouve également. Par suite des bonnes dispositions de Garioa di envers le Piémont, la situation de Naples est meilleure. M. Bertani est arrivé à Gênes; il est attendu à Turin.

Turin, 2 octobre, 2 h. 45 m. soir. Les dépêches d'Ancône du 1er apprennent que le général de Lamoricière, émerveillé de la bravoure des marins de la flotte sarde, voulut se rendre à l'amiral Persano, qui lui envoya son « Désormais toute l'Italie est libre à l'excep- canot, mit tout son équipage sons les armes et tion de la Vénét.e. Quant à cette dernière pro-fit rendre les honneurs militaires au général, qui vince, nous ne pouvons pas faire la guerre à se montra vivement ému de ces courtoisies. l'Autriche contre la volonté presque unanime L'amiral Persano a offert son appartement au des puissances européennes, une pareille entre- général à bord du vaisseau-amiral. C'est de ce prise amènerait une coalition formidable contre vaisseau que M. de Lamoricière s'embarquera sur I'Italie. Cependant, en constituant une Italie le bateau à vapeur le Comte de Cavour, qui l'emforte, nous servons la cause de la Vénétie; des mènera directement à Turin.

La Gazette officielle de Turin publie le texte de et le Piémont. L'île de Sardaigne doit être le prix, la capitulation d'Ancône. quoi qu'on eu dise, de l'annexion de Naples et de la Sicile.

Marseille, le 2 octobre.

Nous sommes autorisés a déclarer que ce prélat n'est en aucune manière l'auteur de cette brochure ni de tout autre écrit de pareille nature, et qu'il n'en a connu l'existence qu'en lisant l'article de ce journal.

Les nouvelles de Naples du 29 font savoir qu'à la suite de démarches faites par la municipalit de la ville, qui demandait un ministère rassurant pour la cause de l'ordre, Garibaldi a modifié la combinaisen annoncée par le Lampo. En vertu Nous finirons ainsi avec le Constitutionel: c'est d'un décret qui a été publié, les ministres défi-un soin fastidieux que celui de dementir de semnitifs sont WM. Conforti, Giura et Scura, le capi-blables absurdités! taine de vaisseau Anguissola et M. De-anctis.

Des décrets accordent des ré compenses nationales à la mère et aux sœurs d'Agésilas Milano, auteur de l'atten at contre le roi Ferd nand, et à la famille Pisacane.

Un manifeste mazzinien a paru contre l'appel fait par les modérés du roi Victor-Emmauuel. Point de roi d'Italie, dit le manifeste, avant que

l'Italie soit constituée à Rome.

On écrit de Rome, 29 septembre.

On en est toujours ré luit à quelques renseignements, venus de divers côtés, sur le combat de Castelfi lardo. On sait que la majeure partie de On parle d'un ordre du jour de Garibaldi en-la petite armée pontificale s'est admirablement courageant les volontaires, et annonçant la pro- battue et qu'elle a fait éprouver à l'ennemi les chaine jonction avec l'armée de Victor Emmapertes les plus sérieuses. Madrid, 2 octobre.

nuel.

Leurs Majestés continuent à recevoir des ova

tions.

Nous savons qu'un corps de trois mille hommes environ a pu gagner la province d'Ascoli, où il s'est joint aux trois ou quatre mille

El Horizonte a cessé de paraître, il -era publié sous le titre du Leon Espanol et le directeur ex-paysans qui se sont spontanément armés pour plique les causes qui ont amené la fin del Hori

zonte.

(Service télégraphique Haras-Bullier.)

défendre leur territoire et contre les Piémonrais et contre les garibaldiens. Ces sept mille hommes seront peut-être en état de conserver cette province, d'autant plus que les Piémontais ne sauraient les suivre dans les montagnes

Les prêtres du diocèse de Marseille, réu- où les habitants peuvent se retirer. - Le zèle nis pour les exercices de la retraite ecclé-de cette brave population est stimulé par l'arsiastique, viennent tous de signer une adres-chevêque de Permo, le cardinal de Angelis, qui se au Saint-Père pour lui témoigner leur douleur et leur dévouement, et « protester contre les derniers et sacriléges attentats du Piémont. »

P. LAMAZOU.

Les enrôlements pour le service du SaintPère continuent. On attend à Rome de nombreux volontaires espagnols. De nouveaux volontaires français ne cessent pas d'y arriver.

M. GARCIN.

Nous apprenons que le général de Lamoricière est parvenu à soustraire à l'avidité piémontaise une somme de deux millions en or, et tout le trésor de Notre-Dame de Lorette.

M. GARGIN.

s'est rendu au milieu d'eux pour les encourager à défendre comme citoyens leur patrie et comme chrétiens les droits du Saint-Siége. Ce n'est pas la première fois que ce courageux prince de l'Eglise tient une pareille conduite. En 1848, il s'était également rendu à Ascoli sa patrie, et avait encouragé les paysans à s'armer et à demeurer fidèles à leur souverain.

A Rome, nous avons également plus de deux réfugier ici, n'ayant pu demeurer dans les mille gendarmes qui ont été obligés de se bourgades occupées par les Piémontais, ainsi que deux autres colonnes de douze et de quatorze cents hommes qui occupaient la province de Frosinone, de Velletri et diverses autres localités. Cette troupe est bonne et animée du meilleur esprit. La Papauté ne se trouve donc pas entièrement dépourvue de défenseurs, et elle ne considère pas sa cause comme perdue. Aussi elle ne refuse aucun dévouement quis'of

On lit dans le Journal de Rome du 28 fre à elle et accepte tous les hommes généreux qui veulent s'enrôler sous ses drapeaux. septembre :

Le Constitutionnel, dans son numéro du 22 courant, assure que Mgr Berardi a publié à Vienne une brochure où il affirme qu'un nouveau marché a été définitivement conclu entre la France

Le Saint-Siége, croyons-nous, se voyant abandonné des gouvernements, va faire appel aux peuples, en s'adressant à la catholicité tout entière. La voix du vicaire de Jésus-Christ sera

de Goyon soit autorisé à marcher en avant et à faire occuper les principales villes des Etats pontificaux, mais, pour cela, il faut, avant tout, augmenter les troupes qui sont sous ses ordres; car celles qu'il possède aujourd'hui sont à peine suffisantes pour garder Rome et CivitaVecchia.

entendue nous en avons la confiance. Déjà, du- [ impassible, l'arme au bras, devant une pareille rant la semaine, nous avons eu ici plusieurs iniquité. Il faut que le brave et loyal général centaines d'enrôlements, et les deux derniers paquebots nous ont amené une soixantaine de jeunes Français pleins d'ardeur et d'enthousiasme demandant avec instance, qu'on leur permît de prendre la place de leurs frères en la foi glorieusement tombés sur le champ de bataille. La défaite éprouvée, loin de les décourager, ne fait qu'enflammer leur courage. J'ai été assez heureux pour m'entretenir avec quelques uns de ces jeunes hommes généreux dont la France doit être orgueilleusement fière, et je vous avoue que j'ai été vivement ému. «Monsieur, me disait l'un d'eux, nous nous battons pour la cause de Dieu, peu nous importe dès lors le résultat de la lutte. Vainqueurs ou vaincus, nous aurons rempli notre devoir de chrétiens; Dieu saura nous en récompenser. » Une cause n'est jamais perdue quand elle a de pareils défen eurs.

L'armée d'occupation ne s'élève pas à 10,500 hommes en tout. Or, la garde des villes de Civita-Vecchia, Corneto, Frascati et divers. petits postes situés hors de la ville, comme Ponte-Mole, Giustiniana, porte Salara, porte Nomentano, porte Mamolo, absorbent plus de 2,600 hommes. Si on tient compte ensuite des non-valeurs et des malades, on verra que le reste de la garnison n'est guère plus que suffisant pour garder et défendre une ville de 180,000 habitants. Il importe donc, avant tout, Les provinces de Frosinone et de Velletri, de voir augmenter le nombre des troupes, puisqui n'avaient pas encore été occupées par les que, quelque soit la latitude d'action donnée au Piémontais, viennent de l'être par eux, et les général de Goyon, il ne pourrait en user, en soldats pontificaux se sont repliés, sans com- dehors de la défense de Rome et de ses envibat, sur Rome, comme l'ordre leur en avait été rons, avec les forces restreintes dont il dispose. donré. Les troupes sardes ont également en- Hier, le Saint-Père a tenu un consistoire sevahi avant-hier Tivoli et son territoire. Quel-cret. Il a prononcé une allocution que nous ne ques garibaldiens se sont avancés aux environs de Frascati, ce qui a jeté l'émoi au sein de la population, qui s'est empressée de se réfugier à la villa Falconieri, résidence d'été du duc de Gramont. Le général comte de Goyon a cru devoir faire occuper Frascati par un bataillon de soldats sous ses ordres, afin de s'assurer d'un point important, tête d'un chemin de fer, et de maintenir la libre circulation aux environs de Rome. La diplomatie ne verra pas, assurément, d'un mauvais œil, une mesure qui assure, à la plupart de ses représentants, la sécu.ité de leur séjour à la campagne, et les honnêtes gens ne pourront qu'applaudir à la résolution du commandant en chef de la division d'occupation d'avoir fixé au moins cette limite à l'odieuse invasion piémontaise.

Le général de Goyon a également fait réoccuper la petite ville de Corneto, dont s'étaient emparée les garibaldiens. Cette sage précaution assure non-seulement Civita- Vecchia contre toute surprise, mais enlève aux garibaldiens une petite ville fortifiée avec un port de mer dont ils pouvaient user pour faire la piraterie, Vous demandez avec beaucoup de raison que la France intervienne directement pour faire rendre au Saint-Siége les Etats dont il vient d'être dépouillé.

Il n'est pas possible, en effet, que la France, fille aînée de l'Eglise, demeure très-longtemps

connaissons pas encore, mais que nous savons être d'une haute importance, et devoir produire une immense sensation dans la catholicité.

Durant les trois jours qui viennent de s'écouler, le Souverain-Pontife a fait célébrer; dans la basilique de Saint-Pierre, un triduo en l'honneur de l'archange Saint-Michel. Il s'y est rendu, chaque soir, accompagné de tous les prélats de sa maison et de sa garde noble. La foule des fidèles a été des plus considérables. Les Romains se sont fait un devoir de venir joindre leurs prières à celles de leur Pontife et de leur souverain.

Pour extrait; M. GARCIN.

On nous écrit de Turin:

Il s'est tenu samedi 22 un conseil des minis tres dans lequel on a discuté la question de savoir si l'on ferait marcher contre Gaěte un corps de troupes pour attaquer directement le roi de Naples. On sait que le corps diplomatique s'est exprimé avec la plus grande vivacité contre l'invasion des Etats romains et du royaume de Naples. M. Mamiani a soutenu le droit du Piémont de s'immiscer dans les affai res napolitaines au nom des aspirations italiennes (sic) et de la morale. On assure que M. de Cavour se serait au contraire élevé avec une grande énergie contre cette expédition.

ments d'Italie, au général de Lamoricière et à ses héroïques compagnons, à l'abominable agression du Piémont et aux graves devoirs de la France.

Nous n'avons pas besoin de faire ressortir la haute raison qui règne dans ces pages; il est impossible surtout d'exprimer d'une façon plus ferme le caractère de la mission vraiment libérale, vraiment fran

Que va dire l'Europe?.. Nous nous exposons à passer pour de vrais brigands. Je sais de source certaine que le mot a été prononcé en plein conseil, mais je n'ose affirmer qu'il ait été dit par M. de Cavour. Le Roi a conseillé l'ajournement jusqu'à ce que la question romaine soit éclaircie. On dit que Victor-Emmanuel veut pousser l'audace jusqu'à oser entrer à Rome pour se jeter aux pieds du Saint-Père. C'est en apprenant ce bruit que le Pape se serait déci-çaise que remplissait M. de Lamoricière en dé à quitter Rome. Dans l'entourage de Farini, et peut-être Farini lui-même, on dit que le voyage du Roi ferait partir le Pape. L'attitude de M. de Goyon prouve, au contraire. qu'on fera tout pour que le Saint-Père reste au

Vatican.

formant une armée au Pape, le succès qui avait couronné ses efforts, les honteuses et lâches embûches qui ont détruit son œuvre, et en même temps les obligations d'honneur imposées à la France par la présence de ses soldats dans la capitale d'un royaume dont les provinces étaient victimes de la plus inique des invasions.

Les pourparlers entamés entre le roi galant homme et le sujet rebelle, comme on appelle Garibaldi dans le ministère, ont complétement L'auteur du billetin politique de la Reéchoué, malgré l'offre faite par celui-ci de don-vue des Deux-Mondes, M. Forcade, a déjà ner sa démission. trouvé dans sa conscience la récompense de

Le secrétaire de la rédaction: M. GARcin.

Pallavicini est reparti pour calmer le dic-son noble langage; il a l'honneur d'être l'étateur. Les nouvelles de Naples sont meilleu-cho de tous les honnêtes gens, et les honres. L'affaire de Cajazzo a été sérieuse. La mer, nêtes gens doivent se féliciter d'avoir un à l'embouchure du Volturno, était couverte de aussi éloquent interprète. chemises rouges entraînées par le fleuve. Le Roi est à Gaële, mais il se rend fréquemment à Capoue. Il s'est rendu récemment dans cette dernière ville au sujet de l'incident suivant : Garibaldi s'attendait à entrer dans Capoue par trahison. Un général qui se trouve dans la place avait expédié, par un soldat qu'i. croyait sûr, pas l'assaut d'un parti révolutionnaire que saune lettre à Garibaldi; ce soldat l'aurait portée bit le pouvoir temporel de la Papauté; c'est un au Roi. Le Roi est accouru, a fait décharger de-gouvernement sans comparaison plus puissant vant lui des canons qui se seraient trouvés que celui du Pape qui décrète arbitrairement à bourrés de paille. Le général a été immédiate-lui tout seul, devant les autres Etats du monde, ment fusillé.

Le peuple, à Messine, n'est retenu que par la terreur du dictateur. Les garibaldiens désertent, par douzaines, et on les fusille dès qu'on les rattrappe. On en a fusillé douze à la fois la semaine dernière. D'autres s'en vont à Gênes en congé, assez mécontents.

On parlait beaucoup à Turin d'une lettre de Victor-Emmanuel à la princesse Clotilde, dans laquelle il lui disait de ne pas s'inquiéter, que le Pape n'avait rien à craindre. Il parlerait dans cette lettre de Garibaldi, sujet rebelle, contre qui des mesures vont être prises.

Pour extrait: M. GARCIN.

Ce ne sont pas les volontaires garibaldiens, la lutte eût été moins inégale, - c'est l'armée du Piémont, une armée régulière et six fois plus nombreuse que la sienne, que le général Lamoricière a eu à combattre. Ce n'est

la suppression de ce pouvoir, et qui accomplit cette suppression par la force irrésistible de ses armes, sous les yeux de notre garnison de Rone. Nous le disons avec une sincère douet il ne faut pas que les Italiens feignent de l'i leur, mais c'est un fait aujourd'hui irréparable, gnorer : l'audace rusée du Piémont, non moins que les aveugles rodomontades de Garibaldi, a porté aux sentiments de la France une cruelle blessure.

Pense-t-on par hasard à Turin que chez les Français, dont les sympathies et l'appui moral ont du prix, on ait vu sans un serrement de cœur les dures extrémités où la surprise de l'agression piémontaise a poussé le général Lamoricière et les Français qui s'étaient enrôlés sous la bannière pontificale,— qu'on ait lu sans une méprisante, indignation Nous nous empressons de mettre sous les les outrages qu'un chef piémontais envoyait à yeux de nos lecteurs quelques pages du bler? Dans cette armée française, qui a payé cette poignée de braves gens qu'il allait accabulletin politique de la Revue des Deux-l'année dernière l'agrandissement du Piémont Mondes, consacrécs anx derniers événe-du sang de soixante mille de ses soldats, cette

[ocr errors]

:

conduite, ces procédés, ce langage ont, nous se fût trouvée affranchie des responsabilités en savons quelque chose, fait passer un frisson et des difficultés que l'occupation de Rome lui de colère contenue. Avec les conditions qui impose. D'ailleurs la création d'une armée roétaient faites à la défense du Pape, il n'y a dans maine eût été déjà la plus grande des réformes le combat de Castelfidardo et dans la reddition dans les Etats pontificaux elle eût rendu les d'Ancône rien qui puisse entamer la réputation autres compatibles et avec la dignité du Saintmilitaire du général Lamoricière et des Fran- Siége recouvrant son initiative indépendante, çais qui le secondaient. Le général n'avait ja- et avec la conservation de l'ordre dans les pos mais dû s'attendre à être attaqué par l'armée sessions de l'Eglise. Ce qui prouve qu'un tel du Piémont. On a la mémoire si courte et l'on projet ne reposait point sur des données aussi réfléchit si peu en ce temps-ci, qu'il n'est peut-illusoires que certaines personnes le prétenêtre pas inutile de rappeler l'objet et le carac-dent, c'est la colère qu'il a excitée chez les tère de la mission que le général Lamoricière partisans de l'unité immédiate de l'Italie, c'est avait acceptée. Un des reproches les plus gra-la hâte que le Piémont a mise à le traverser et ves que l'on fit au gouvernement pontifical à l'anéantir par la force. On n'a pas voulu laisétait de ne pouvoir se soutenir par ses propres ser au général Lamoricière le temps de faire forces, d'emprunter pour sa défense les trou- l'éducation militaire de ses recrues. pes de puissances étrangères, et de mettre Le général, qui avait même des forces inainsi la main de l'étranger, la main de l'Autri-suffisantes pour garder tous les points du terriche et de la France, dans les affaires de l'I-toire menacés par des expéditions de corps talie.

francs, a été attaqué à l'improviste par une armée régulière de cinquante mille hommes. Au moment où cette attaque s'est produite, nous avions cru que le gouvernement romain déclinerait la lutte. Le Pape est le seul souverain qui puisse céder sans déshonneur à la violence extérieure.

C'était une situation fausse pour la Papauté, dont au fond elle compromettait l'indépendance politique, fausse surtout pour les puissances qui prêtaient leurs troupes au Pape, et aux quelles leur intervention dans les Etats romains suscitait d'inextricables embarras. Il n'y a donc que justice à dire que l'expérience que le géné- Il semble que le gouvernement pontifical se ral Lamoricière s'était chargé de tenter n'avait soit attendu à être secouru. Cette illusion, que d'autre objet que de faire cesser, pour la France partageait évidemment le général Lamoricière, aussi bien que pour le Pape et pour l'Italie elle-explique ce qui s'est passé. L'année dernière, même, les difficultés de cette fausse situation. lorsque les Autrichiens prirent le parti de couLa force qu'il s'agissait d'organiser dans les per court aux longues négociations qui ont Etats pontificaux ne pouvait, en aucun cas, préludé à la dernière guerre et d'envoyer un être agressive: elle devait simplement suffire à ultimatum à Turin, ils donnèrent trois jours au la protection de l'ordre intérieur et opposer Piémont pour se décider, et le ministère antout au plus une barrière à quelque irruption glais, faisant un effort suprême en faveur de la désordonnée de corps francs, car il est bien paix, obtint d'eux une prolongation de répit. évident que le Pape ne saurait faire la guerre Le malheureux Pape et son brave général n'ont à des puissances militaires, à des gouverne- pas même eu le bénéfice d'un avertissement ments réguliers, et personne ne supposait qu'à préalable et d'un délai de quelque vingt-quatre l'époque où nous vivons, il existât, même en heures. Le Piémont n'a pas même eu pour la Italie, une puissance qui pût être tentée par la France la déférence que l'Autriche montra engloire de faire la guerre au Pape. vers l'Angleterre. L'invasion n'a pas même attendu la réponse du gouvernement pontifical à l'intimation du cabinet de Turin.

[ocr errors]

Voilà la tentative qui fut essayée au commencement de cette année. Que l'on en conteste ou l'opportunité ou la valeur pratique, que l'on Le général Lamoricière a dû dép'oyer une dise que la cour de Rome avait trop tardé, prodigieuse activité pour jeter quelques trouqu'elle ne pouvait parvenir, dans un temps si pes dans Ancône et réunir les quelques milliers troublé, à réunir des éléments suffisants pour de recrues qu'il a lancés avec une impétuosité sa défense indépen tante : l'événement donne désespérée contre les fortes positions piémonbeau jeu aux sceptiques, et rend la controverse taises de Castelfidardo. Avec des soldats coninutile. Ce que l'on ne contestera point, c'est sommés, cette attaque eût réussi peut-être, que l'entreprise était honnête, et que des ca- mais n'aurait abouti qu'à prolonger. de queltholiques français et libéraux ont pu s'y asso-ques jours la résistance d'Ancône. Comme il cier sans méconnaître les devoirs du patriotis- était aisé de le prévoir, l'insuffisance des solme, et même avec l'espoir qu'ils allaient four-dats a trahi l'énergique résolution du vaillant nir à la Papauté politique les moyens d'accom- homme de guerre. Une diversion qu'il avait plir les réformes qui lui étaient de toutes parts ordonnée à la garnison d'Ancône ne s'est pas demandées. effectuée; ses bataillons italiens ne l'ont pas

En effet, si l'entreprise eût réussi, si une pe- secondé. tite armée pontificale eût pu se former, la Il a pu percer, avec un millier d'hommes, France eût rappelé sa garnison de Rome, et l'armée victorieuse; mais le plus grand nom

« PreviousContinue »