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d'O-simo.

matin. A une heure, tout était fini. Nos ennemis vez-moi, s'il vous plaît, à l'hôpital de la ville même ont loué notre attaque et notre défense, et ils ajoutent qu'ils ont payé cher la victoire. Nous leur aurions tué 500 hommes. Rassurez maman, mon cher papa, et recevez tous les deux l'assurance de mes sentiments les plus tendres et les plus respectueux, Votre fils,

THIBAUT DE ROHAN CHABOT.

Osimo, le 20 septembre 1860.

A Monsieur le comte de Rohan Chabot, à La Forest-sur-Sèvre.

Monsieur le comte,

« Tous ceux de mon bataillon qui n'ont pas été tués ou blessés, ont été faits prisonniers. Le général de Pimodan a succombé le lendemain de la bataille, à sept blessures. »

« Osimo, 23 septembre 1860.

M. Paul Saucet, jeune volontaire de 18 ans à peine, qui dès le mois de juin, n'avait pas hésité à quitter sa famille pour courir à la défense du Souverain-Pontife écrit de Jesi, le 20 septembre :

J'ai prêté à une main faible une tête bien faible (1); mais je saurai encore trouver des forces Très-chers parents, il y a deux jours, au pied pour vous dire: Soyez fier de votre fils! Son cou-du sanctuaire de Notre-Dame-de-Lorette, nous rage du champ de bataille se continue ici, et il a avons rencontré une armée piémontaise formant subi hier, sans un murmure et une plainte, l'ex- un effectif de 45 à 50 mille hommes. A la premiètraction de sa balle, qu'il sera bien heureux de re vue, les commandements ont été promptevous offrir. Sa blessure n'est qu'honorable et ment faits, et déjà nous avions traversé une rin'offre pas le moindre danger. Que madame sa vière pour commencer la fusillade sur-l'autre mère se rassure: j'étais déjà l'ami de votre fils, rive... Notre colonne était d'environ 6 à 7,000 et il a toujours été auprès de moi, je resterai hommes; le choc fut terrible. Les régiments itatoujours auprès de lui; du reste, nous sommes liens nous trahirent et les régiments étrangers, bien ici, et nous sommes tous dévoués les uns formés en grande partie de Suisses, furent consaux autres. terués et restèrent l'arme au bras.

Je suis de tout cœur à votre jeune héros, monsieur le comte; permettez-moi de me dire:

Hôpital d'Osimo.

A vous avec respect,
Frédéric DE Saint-SerniN.

Notre noble et incomparable bataillon, aidé pendant quelque temps d'un bataillon de carabiniers suisses, osa seul se montrer en face d'une armée si formidable. Pendant près de cinq heures, nous préférâmes nous faire écharper et écraser que de renoncer à la lutte et à notre cher drapeau... Nous ne cédâmes qu'aux flamines, Toutes ces lettres respirent le même he-au canon et à la mitraille. L'ennemi nous a mis roïsme. On frémit d'indignation, quand on 500 hommes hors de combat. Je ne vous parle pas des pertes des Piémontais, vous devinez poursonge aux injures adressées à tant de couquoi. rage et de dévouement. La Bretagne est Presque tous mes braves et héroïques petits justement fière de la part glorieuse prise compagnons sont morts ou blessés. Les quelpar ses enfants à la bataille de Castelfi-ques autres épargnés par les millions de projecdardo. Voici les lettres de quelques volon-bre. Nous sommes actuellement en route pour tiles, sont captifs du Piémont. J'en suis dù nomtaires nantais, qui sont publiées par l'Es-Alexandrie. pérance du Peuple, de Nantes.

M. de Chalus écrit à Mme P..., sa tante:

« Ma chère tante,

Je m'arrête ici, car ma nature se révoltant pourrait m'inspirer des expressions compromet→

tantes.

poir d'embrasser nos familles au bout d'un cer tain temps. Ne m'écrivez pas, peut-être bientôt je serai au milieu de vous. Paul Saucet.

Mes chers parents, nous nous sommes brave« Vous avez appris sans doute le résultat de la ment et noblements conduits. Nous avions pro bataille que nous avons livrée l'autre jour, 18 posé notre vie... Dieu n'a pas voulu tout accep septembre, près de la ville de Lorette. Après ter. En attendant, nous continuons le sacrifice, avoir chargé bravement et emporté à deux re- et si l'on nous crache au visage, nous penserons prises une maison dans laquelle se trouvait em-à notre DIVIN MAITRE... De plus, nous avons l'esbusqué l'ennemi, j'ai reçu un coup de feu qui m'a cassé la cuisse droite et logé deux balles dans les chairs. On m'assure que j'en reviendrai, mais ce sera bien long, heureux donc si j'en suis quitte pour boiter, nous jouerons plus souvent au trictrac ensemble. Excusez mon griffonage et la brièveté de ma lettre, embrassez tous ceux que j'aime et soyez assurée, ma chère tante, de l'affection que vous porte votre neveu,

« P. DE CHALUS. »

Je suis aussi bien que ma position peut le permettre, ainsi ne vous tourmenter pas. Ecri

(1) Celui qui écrivait avec tant de zèle et de dévouement avait reçu une balle à la tête! et s'était distingué dans les plus braves !

Une lettre de M. Lodoïs de Sapineaud, adressée à un de ses parerts, et datée de Rome, le 21, contient ce qui suit :

Nous sommes arrivés quarante de Terni ă Rome, après nous être battus pendant trois jours de suite comme des lions... Nous étions douze

mille contre 60,000 piémontais, c'était une vraie boucherie; sur 400 hommes de notre bataillon la moitié est hors de combat.

On dit que mon cousin Athanase de Charette est blessé; nous l'avions quitté pour aller sur la frontière napolitaine. Depuis 24 jours, je n'ai eu pour lit que la terre; malgré cela, je me porte bien et suis plein de courage... Vive Pie IX !...

D'après une dépêche télégraphique, M. Jest parti pour la France! Qui ne fut alors Lemerle, blessé à l'aisselle, est à l'ambu- saisi d'une indicible émotion? Les généraux lance de Lorette, plein de foi et de courage.

M. de Cadoran, par une dépêche adressée au rédacteur de l'Espérance du Peuple, annonce son arrivée à Marseille, en ajoutant que MM. de la Morinière et de la Billais sont bien.

et les ministres de la France républicaine furent députés pour recevoir le Pontife. De quels prodiges de dévouement n'aurionsrous pas été les témoins, si l'événement se fût confirmé? Aujourd'hui, malgré des attaques et des rancunes qu'on ne connaissait. pas alors, Pie IX trouverait dans les cœurs M. de Maistre, capitaine dans les trou- français la même fidélité et le même amour; pes pontificales, qui avait été fait prison- mais qui peut s'attendre à voir le royal funier par les Piémontais à la suite de la prise gitif demander aide et protection à la de Pérouse et qu'en avait cru mort, est ar-France! rivé à Chambéry.

M. GARCIN.

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Pour des motifs bien différents, l'Autriche n'aura pas le bonheur de posséder le Saint-Père. Personne ne doute du dévouement filial de son empereur et de ses peuples; mais cette puissance est trop impopulaire en Italie, trop suspecte à des puis

L'éventualité du départ du Pape domine tous les incidents de la question ita-sances rivales, pour que le Saint-Père ne lienne.

Quant à nous, qui sommes les défenseurs et non les conseillers du Saint-Père, nous ne lui ferions pas un reproche de continuer à prier sur le tombeau des Apôtres; mais si, pour sauvegarder sa dignité, Pie IX croit devoir s'éloigner de Rome, nous applaudirons à son initiative, nous l'accompagnerons de nos vœux les plus ardents, nous porterons envie au pays qu'honorera de sa présence le vicaire de Jésus-Christ.

tierne point compte de cet état de choses.

La Suisse et la Prusse présenteraient assez de garanties de sécurité et d'indépendance. Le Prince-Régent est animé de louables dispositions; l'an dernier, il voulait, au nom des principes conservateurs, protester avec l'empereur de Russie contre l'annexion des Romagnes : l'histoire dira quelle influence extérieure a fait échouer ce projet. Néanmoins, les gouvernements protestants ne sauraient disputer la plus insigne des faveurs aux gouvernements catholiques.

L'Espagne brille toujours par son esprit de foi et de dévouement au Souverain-Pontife; mais son gouvernement est-il à l'abri de toute pression étrangère? Une jeune reine serait-elle bien à la hauteur de la mission délicate qu'imposerait la présence d'un tel hôte?

Cette seule hypothèse du départ du Pape a fait tressaillir les peuples catholiques; ceux qu'afflige au plus haut degré le spectacle du brigandage, de la lâcheté et de l'hypocrisie, trouveraient un adoucissement à leur amertume, s'il leur était donné d'accueillir dans leur sein l'homme de douleur. Les révolutions emportent les sceptres, mais la tiare leur survit toujours; la La Bavière n'offre aucun des obstacles violence et l'infortune n'ont jamais pu, aux que nous venons d'énumérer. C'est un pays yeux des sceptiques eux-mêmes, qu'en aug-central, indépendant, dévoué, peu disposé menter le prestige. à subir et à exercer une pression quelconOn se demande avec sollicitude quel que. Nulle part on ne trouve réunis plus asile choisirait le Saint-Père; déjà plu-d'avantages et moins d'inconvénients. sieurs projets sont mis en avant et sérieusement discutés.

Mais plusieurs se demandent s'il ne vaudrait pas encore mieux, qu'au lieu de se reIl y a quelques mois, Pie IX aurait pu tirer chez un de ces peuples, Pie IX se réquitter ses Etats sans quitter l'Italie; avec solût à les visiter tous. S'il quitte Rome, François II, la duchesse de Parme, le grand-c'est pour y rentrer plus tard et dans duc de Toscane, il aurait retrouvé une se-de meilleures conditions; cette · réintéconde patrie dans l'exil. Aucun honneur gration est certaine. Si donc, bravant les n'aurait manqué à sa dignité de Roi, sans fatigues du missionnaire, l'auguste Ponqu'on eût eu jamais à redouter le moindretife allait, par sa présence, remuer les écueil pour son indépendance de Pontife. cœurs des peuples catholiques, quel bienHy a douze ans, on entendit retentir fait pour la religion, quel triomphe pour le cette parole: Pie IX a quitté Rome! Pie IX Saint-Siége! Ces imposantes manifestations

des peuples, à la vue d'un homme sans appui, auraient de plus grands résultats que de brillantes victoires. Elles le ramèneraient au Vatican avec la plénitude de la puissance morale et la consécration de tous ses droits temporels.

Nous signalons ces éventualités, nous ne lés discu ons pas. Quoi qu'il arrive, la main du Christ guidera celui qui le représente sur la terre.

Nous ne nous permettrons de faire à la Patrie que deux observations.

Que la Patrie veuille bien recueillir ses souvenirs; ce n'est pas M. de Falloux qui, le premier, s'est servi de la comparaison où elle voit une insulte à la royauté; cette comparaison est empruntée à un document récent, qui a eu un grand retentissement.

Quant à l'extrait de l'Indépendance belge, que la Patrie traite d'absurde, et où il est question d'une visite faite par M. Sterbini et d'autres réfugiés italiens au prince Napoléon, nous avons peur que la Patrie ne s'avance trop; son indignation risque fort d'être irrespectueuse. Lorsque les détails de cette visite furent répandus, personne n'en

Il y a dans tout ceci un enseignement capital qui doit frapper les esprits sérieux. La gravité extrême de l'éloignement, même provisoire, d'un siége qui est à la fois l'œuvre de Dieu et des hommes, les inconvénients désastreux que pourrait entraîner la présence du Pape dans un pays plutôt fit justice, pas même les plus intéres-és. que dans un autre, ne sont-ils pas un éclatant témoignage en faveur de ce pouvoir temporel qu'ont établi la sagesse de la Providence et la foi des siècles?

Quelle responsabilité n'assument donc pas les princes qui osent le violer et ceux qui ne se servent pas de leur puissance pour lui assurer le respect?

P. LAMAZOU.

Il est du reste probable que la Patrie prépare en ce moment contre le travail de M. de Falloux une réfutation complète. Après les quelques lignes que nous avons fidèlement transcrites, cette réfutation est pour la Patrie un devoir moral et un intérêt politique.

Le secrétaire de la rédaction: M. GARCIN.

La Patrie a signalé, récemment, à l'attention publique, le travail de M. le comte de Falloux sur la Question romaine, travail inséré dans la dernière livraison du Correspondant.

L'épiscopat commence à faire entendre sa voix sur les événements qu'on a laissé se consommer en Italie. Nous donnons aujourd'hui les actes émanés de NN. SS. les évêques d'Angers, de Nantes et de Poitiers. C'est avec bonheur et fierté que nous re

Elle fait à l'honorable écrivain trois re-produisons le langage dans lequel ils fléproches :

Premièrement, M. de Falloux dit :

« La résistance n'est plus dans les rois qui se

⚫jalousent et se dépouillent les uns les autres

comme des brigands au coin des bois. » Voilà pour le respect envers la royauté. Secondement, M. de Falloux dit :

La condescendance s'est glissée chez quela ques-uns des vénérables gardiens de la cons« cience publique. Eux aussi, les ministres de la « vérité, ils se sont laissé surprendre par la ruse « et par le mensonge; leurs félicitations auront • accompagné jusqu'à sa dernière étape la poa-litique qui devait infailliblement aboutir à la a destruction du Saint-Siége. »

Voilà pour le respect envers l'Episcopat.
Troisièmement, M. de Falloux dit :

Une sorte de frisson sinistre courut dans les « veines de la France, lorsqu'en s'éveillant un « matin elle lut dans la chronique des journaux « l'extrait suivant de l'Indépendance belge. »

Suit un de ces bruits absurdes qui naissent, on sait comment, à l'étranger, et qui peuvent bien

amuser une heure les malveillants et les oisifs, mais dont les esprits sérieux font prompte jusLimayrac.

tice.

trissent de monstrueuses iniquités.

On lira avec avidité ces documents qui, mieux encore que nos démentis, réduiront à leur juste valeur les commentaires pré

maturés de la l'atrie.

«Nous venons, dit Mgr d'Angers à son « clergé, nous venons, obéissant à notre « conscience et répondant à la vôtre, pro« tester en ce moment contre la violation de tous les droits méconnus, contre les << attaques injustes auxquelles le Saint-Siége est en butte. »

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« Nous Français, dit-il ailleurs, nous ne soupçonnions pas qu'un Etat allié pût oublier la promesse solennelle qui nous « avait été faite par la bouche de celui à « qui la France avait donné la mission de « mettre un terme à l'anarchie et de com« primer les révolutions. >>

ler le magnifique et énergique langage de Qu'il nous soit permis surtout de signaMgr Jaquemet, évêque de Nantes. Le noble

prélat éclaire d'une main ferme et sûre, encore, à la face du monde, sa participaqualifie de leur vrai nom les actes d'odieu- tion aux attentats qui se préparaient contre se brutalité du Piémont. Il proclame les Etats paisibles de ses voisins, attentats ce que nous pensons tous, ce que nous di- dont il devait recueillir ouvertement le bésons tous avec bonheur après lui, que les néfice le lendemain du succès ce prince héros qui viennent de tomber pour la cause vient de jeter ses armées sur les possesde la Papauté sont de glorieux martyrs, sions faibles et inoffensives de l'Eglise roet que tous ceux qui ont lutté avec maine, sans déclaration de guerre, con tre eux sous le commandement de l'immor-tout droit des gens, contre tout principe tel Lamoricière ont été sur la terre pon- d'honneur, et comme l'auraient fait les bartificale les représentants de la foi et de bares dans les plus mauvais jours de l'hisl'honneur de la France catholique. Enfin, toire du monde. Le Souverain-Pontife, audevant les triomphes de l'immoralité poli-quel les puissances européennes ne semtique, il invite son clergé à enseigner avec blent avoir reproché l'imperfection de son autorité, du haut de la chaire apostolique, organisation militaire que pour y trouver les principes éternels de la vérité et de la un prétexte d'accusation, qui se croyait justice, les principes constitutifs du sens bien mieux protégé par le respect du monmoral des peuples. de catholique et par la foi jurée des souveOui, avec Mgr Jaquemet, tous les hom-rains que par de nombreux bataillons, avait mes de conscience et d'honneur s'écrie-enfin cédé à des instances plus ou moins

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« Le succès ne justifie rien.

La félonie et la trahison sont de mau

a vais appuis d'un trône;

bienveillantes. Il avait fait appel à un cœur généreux, à un des noms les plus illustres parmi les grands capitaines contemporains, et sous cette vaillante épée, à l'aide d'une énergie et d'une activité sans exemple, s'était bientôt formée une petite, mais coura

« Les rois et les puissants ont au ciel un « juge sévère, qu'on n'apaise pas, en appe-geuse armée. Notre France y avait donné «lant la violence contre les faibles du nom « de raison d'Etat ;

« Dieu est patient parce qu'il est éter« nel;

són contingent et nous ne nommerons désormais qu'avec honneur et reconnaissance ceux de nos Bretons, ceux de nos Nantais qui ont couru prendre place dans les rangs « Et enfin l'Eglise catholique est im-de cette généreuse milice, qu'ils appartien« mortelle, et elle poursuivra sa marche, ànent aux nobles races, ou que leur foi les « travers les persécutions ou les triomphes, ait suscités du sein de conditions plus mo« au milieu des empires détruits et des dy-destes. Cette armée suffisait, au milieu de

« nasties oubliées. »

A. SISSON.

Circulaire de Mgr l'évêque de Nantes.
Nantes, le 28 septembre 1860.

ces populations heureuses et paisibles, à repousser les perturbateurs venus du dehors, ou même à rejeter loin des frontières les bandes révolutionnaires qui se préparaient à les envahir du côté du Midi. C'est dans cette situation que le prince que je citais tout à l'heure, et que l'histoire jugera, a jeté à l'improviste dans ces contrées une armée de 60,000 hommes, sans déclaration de guerre, dans l'espérance de surprendre, de massacrer d'une seule fois la petite armée romaine. Et l'on a vu cette poignée de braves, dans la proportion d'un contre dix, balancer la victoire, faire des prodiges de valeur, et se couvrir d'une gloire immortelle en succombant sous le nombre.

Monsieur le curé, De grandes iniquités se poursuivent et se consciment peut-être à l'heure présente en Italie. Un prince qui porte encore la croix dans ses armes, dont toutes les traditions de famille sont catholiques, dont les ancêtres, objet de la constante bienveillance du SaintSiége, ont versé autrefofs leur sang sur toutes les plages pour la défense de la Foi chrétienne; ce prince, dominé depuis plus de dix ans par de perfides conseils, cher- Je convie aujourd'hui MM. les curés de chant de longue main les occasions de nuire la ville épiscopale, et par eux les fidèles de à la religion dans ses Etats, afin de prépa- leur paroisse, à rendre avec moi les honrer les esprits à une rupture ouverte avec neurs funèbres à ces héros de la foi cathole plus doux des Pontifes: niant la veille 'lique, et j'invite le diocèse tout entier à s'u

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nir aux prières que nous leur devons à tant blions pas un de nos plus impérieux dede titres, puisque nous n'avons pas été as-voirs, celui de ne pas laisser s'égarer le sez heureux pour partager leurs périls, et sens meral des peuples commis à notre pour bénir ces fils bien-aimés au moment suprême.

Nous nommerons au premier rang cet admirable et héroïque général de Pimodan, qui vient d'ajouter un nouveau lustre à cette famille qui nous est déjà si chère, et qui dans notre cité et nos campagnes inscrit chaque jour quelque acte de dévouement dans les annales de la charité. A sa suite, nous prierons pour tous les autres, sans distinction d'origine. Tous les défenseurs du bon droit et de la plus sainte des causes, tous les martyrs de la foi sont nos frères. Les âmes des catholiques les reconnaissent pour être de notre grande famille. Déjà purifiés par l'effusion du sang, nous prierons pour que Dieu les purifie des dernières taches s'il en restait encore; mais nous prierons plein d'espérance de leur bonheur éternel; et dans le secret de nos âmes nous chanterons, au milieu des cérémonies funéraires : « Seigneur, cette nouvelle cohorte de martyrs vous loue déjà dans votre gloire.» Te martyrum candidatus laudat exercitus.

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garde spirituelle. Quoi qu'il arrive, main-
tenons les grands principes, les principes
éternels de la vérité et de la justice: ainsi
répétez à vos fidèles ces maximes qu'aucun
pouvoir humain ne saurait détruire :
La force ne constitue pas le droit ;
Le succès ne justifie rien.
La félonie et la trahison sont de mau-
vais appuis d'un trône;

Les rois et les puissants ont au ciel un juge sévère, qu'on n'apaise pas, en appelant la violence contre les faibles du nom de raison d'Etat ;

Dieu est patient parce qu'il est éternel; Et enfin l'Eglise catholique est immortelle, et elle poursivra sa marche, à travers les persécutions ou les triomphes, au milieu des empires détruits et des dynasties oubliées.

Après vous avoir demandé des prières pour les guerriers morts et pour ceux qui combattent encore, je n'aurais pas satisfait à un vou pressaut que le chef de l'Eglise ne cesse pas de nous rappeler même au milieu de son agonie cruelle, si je ne réclaEn priant pour les morts, nous prierons mais aussi des prières pour ses persécuaussi pour les vivants; nous prierons pour la teurs : il les trouve plus à plaindre que luipetite phalange des Machabées. Soit même car enfin la vie est courte, l'éternité qu'elle triomphe, soit qu'elle succombe sous est longue, et il est horrible de tomber, les multitudes armées qu'on réunit inces-après de telles iniquités, entre les mains samment du Nord et du Midi, pour l'acca-du Dieu vivant. Nous prierons donc, Monbler, contre toutes les lois de l'honneur, elle sieur le curé, pour les persécuteurs de l'Eaura plus fait sous l'inspiration du Pontife glise et pour les complices des persécuteurs. magnanime dont elle soutient les droits, elle Nous demanderons à Dieu qu'il brise ce triaura plus fait pour la justice et pour le salut ple bandeau qui est sur leurs yeux; et emde l'ordre social en Europe, que les puissan-pruntant la prière même du Fils de Dieu ces de la terre qui regardent impassibles et sur la Croix, nous dirons : Mon Père, parl'arme au bras cette lutte héroïque où le donnez-leur : ils ne savent ce qu'ils font ; plus pur sang français coule à grands flots. car ils méconnaissent à la fois leur honneur, Dans cette prière commune, nos coeurs de leurs devoirs, leurs intérêts les plus sacrés, compatriotes et de catholiques auront des et les intérêts des peuples qu'ils ont la vœux plus intimes et plus ardents pour le gé- charge de gouverner. Pater dimitte illis, néral en chef de l'armée pontificale qui, dans non enim sciunt quid faciunt. cette lutte humainement désespérée, nous apparaît plus grand qu'à Constantine et

Angers, le 25 septembre 1860.

dans les glorieuses batailles d'Afrique, plus Lettre pastorale de Mgr l'évêque d'Angers. grand que lorsqu'il recevait la soumission d'Abd-el-Kader, alors notre ennemi, aujourd'hui le généreux défenseur des chrétiens; plus grand aussi qu'aux barricades de Pa

Nos très-chers Frères.

Il y a quelques semaines à peine nous

ris, quand elles tombaient sous son intré-vous adressions de chaleureuses paroles en pidité et son courage.

faveur de malheureux chrétiens de la Sy

Je ne sais, Monsieur le curé, quels évé-rie. Tout à coup, de l'Orient, un cri s'était nements nous sont réservés; mais n'ou-fait entendre: cri de rugissement de la part

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